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Attachez le mot « obligatoire » au vocable « voile » pour que l’on puisse enfin en parler

Les atrocités facilitent la visibilité et la solidarité. En d'autres termes, les pratiques du régime iranien, en particulier ses crimes contre les femmes et son peuple en général, sont facilement condamnables car elles sont très violentes et cruelles. Quant au voile en tant que tel, on ose rarement le critiquer...

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5 octobre 2022
dans Choix de la rédaction, Opinions
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Cette publication est également disponible en : English (Anglais) العربية (Arabe)

Écrit par Ghina Al-Andari, écrivaine féministe libanaise

Face au meurtre de Mahsa Amini, dont le nom kurde est Jina signifiant « vie », et face à l'exécution de dizaines de Mahsa et de « Gina » après elle, certains d'entre nous ont pensé que les défenseur-e-s du voile se retiendraient cette fois-ci de justifier son port et de dire que « le problème est dans les pratiques coercitives et violentes mais pas dans le voile ». Mais, certaines d'entre nous se sont trompées, car il s'avère, encore une fois, qu'il y a toujours du temps pour les justifications, les réponses et le bel emballage, même de la part de certaines féministes qui promeuvent l'idée que le voile est une chose naturelle pour celle qui le choisit, mais pas pour celle à qui il est imposé.

On comprend de cette logique qu’on ne voit rien de mal au port du voile tant qu’il n’est pas forcé, mais tant qu'il est obligatoire et coercitif en Iran ; puisqu’on y est, rattachons donc le mot « obligatoire », « forcé » ou « imposé » au mot « hijab » afin que nous puissions compléter la discussion et continuer la lutte sous des titres cohérents.

L’excitation pour le choix et ses dérivés

Tout d'abord, il faut noter la tendance de la plupart des féministes appartenant au «féminisme du choix» à acclamer presque tout et n'importe quoi, tant que ce sont les femmes qui choisissent. Nul besoin de comprendre en quoi toute cette excitation sert les enjeux des femmes et le chemin pour affronter l'oppression qu'elles vivent, car cette excitation est en passe de devenir une fin en soi, à la manière de la doctrine littéraire parnassienne « la littérature pour la littérature » et « l'art pour l'art », qui trouve là son pendant féministe, « l'excitation pour l’excitation ». Cet auxiliaire semble être devenu une solution magique dans laquelle ses partisans, femmes et hommes, trouvent parade à tout. En d'autres termes, il sauve la face de tout le monde, de sorte que personne ne soit obligé de s'engager dans une discussion complexe, sensible ou clivante, et que chaque problème épineux ou nuisible pour les femmes soit aplani pour devenir plus acceptable, voire favorisant l’autonomie si la femme « choisit » et est inacceptable et horrible quand il lui est imposé. Ainsi, en plaçant le mot « choix » et ses dérivés à côté de tout autre mot dont la discrimination et la violence structurelle devraient être démantelées, toute discussion complexe est réduite au silence dans l'espoir de vivre heureux pour toujours.

L'équation du choix et de l’obligation peut convenir à de nombreuses femmes, avec à leur tête des femmes -  que nous appelons féministes - qui ont choisi de s'identifier au système religieux patriarcal, bien que cette identification à un système qui cherche à nous opprimer signifie, d'une manière ou d'une autre, notre participation à sa persistance. Mais ce n'est pas grave, au moins cela signifie également que la femme est en harmonie - ou a choisi l'harmonie - avec ses valeurs et son système idéologique. Là réside la contradiction : celle de la femme qui porte la bannière de la lutte contre le système patriarcal, mais se contente des symboles de ce système patriarcal qu’elle intègre à sa propre perception des femmes.

La question qui se pose alors est simple : si nous acceptons de soutenir quelque chose et son contraire, avant même d’aborder la complexité du voile et de ses origines, l'école de l’excitation ne devrait-elle pas être gênée que le voile, à l’instar d’autres obligations, soit le lot des femmes exclusivement ?

Si ces féministes veulent que les personnes s’autonomisent pour être en capacité de choisir, selon un tel principe, le voile ne devrait-il pas être une option offerte également aux hommes? Rien qu'à l’imaginer, ce scénario paraît drôle et irréaliste, car dès qu'on inverse les rôles ou qu’on applique la même règle aux hommes, on s'aperçoit que cette dernière repose clairement sur la discrimination envers les femmes.

Cependant, il semble que le mot discrimination ne soit plus aussi prisé aujourd'hui qu'il ne l'était par le passé. Ainsi, dans un système patriarcal, si les femmes ne peuvent pas imaginer les hommes à la place qu’elles occupent, comment pourraient-elles avoir le pouvoir d'imposer aux hommes une condition similaire à la leur ? Pour être claire, je ne pense pas que tout ce qui s'applique à nous femmes doivent s'appliquer automatiquement aux hommes, sauf lorsqu’il s’agit des droits en général, à commencer par celui d'abandonner les symboles oppressifs qui traitent le corps et les sentiments des femmes uniquement comme des objets destinés à être cachés.

Reconnaître la peur est une vertu

Les atrocités facilitent la visibilité et la solidarité. En d'autres termes, les pratiques du régime iranien, ses crimes contre les femmes en particulier et son peuple de manière générale, sont facilement condamnables car elles sont très violentes et cruelles. Quant au voile en tant que tel, on ose rarement le critiquer car cela conduirait à ouvrir une discussion plus large qui remettrait en cause soit la « philosophie sacrée  du choix », soit la religion sacrée, soit Dieu lui-même…

C'est un débat dans lequel personne ne veut s'engager. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'une discussion qui ne se conclura très probablement pas avec les termes stéréotypés et plats tolérant des pratiques qui cherchent à enchaîner les femmes et les soumettre à des perceptions qui font d’elles des êtres imparfaits et obscènes. Et parce qu'il s'agit d'une discussion, il est très probable qu'il faille plonger dans l'origine de l'idée du voile. D'où vient-elle ? Que représente-t-elle ? Pourquoi s'applique-t-elle encore aux femmes ? Quels outils ont été utilisés pour l’imposer ? Pourquoi les femmes ou leurs cheveux lâchés constituent-ils une menace pour le patriarcat ? Pourquoi le voile offre-t-il une sorte de tranquillité d'esprit à certaines femmes ? D'autres questions affluent...

De ce fait, il vaudrait mieux admettre que nous avons peur de nous engager dans une telle discussion. Nous sommes même inquiet.e.s des conséquences que pourrait avoir un véritable engagement contre le système religieux patriarcal. Jina (Mahsa) a été tuée pour la simple raison - pas nécessairement intentionnelle – qu’elle défiait ce système. Alors, comment aller frapper aux portes des institutions religieuses, de leurs cheikhs et guides et troubler leur tranquillité en nous opposant à eux, rejetant leur autorité et ce qu’ils sacralisent ? Nul doute qu’une telle démarche nous ferait sortir de la zone de confort d’un type de lutte basé sur la dénonciation facile et populiste contournant ce qui nous cause soucis et maux de tête. Toutefois, au minimum un aveu nous éviterait d'éluder ce qui est évident et nous soulagerait des formules hybrides assorties de stéréotypes clinquants sous des étiquettes féministes continuant à opprimer les femmes.

C'est peut-être le début d'une forme d'affrontement plus vraie et plus âpre qui ne fournira plus au régime les multiples arguments qu'il utilise contre nous. Mieux encore, cela ne fera pas de nous les partenaires du régime demandant aux femmes de simplement se détendre vis-à-vis de certaines formes d'oppression, au lieu de continuer à démanteler et à corriger le système.

Est-il nécessaire d’accompagner chaque mot que nous prononçons d’une note explicative ? Dire par exemple qu'on ne veut pas offenser les femmes voilées ni leur enlever leur droit de s’exprimer sur le voile... ?

Les féministes contre les femmes voilées ? Le sophisme de l'homme de paille...

Ainsi voyons-nous comment toute discussion sur le voile et dénonciation de ce dernier comme  pratique discriminatoire et oppressive se heurtent automatiquement à des réponses que nous n'avons pas à lire deux fois pour réaliser qu’il s’agit du sophisme de l'homme de paille et que nous sommes coincés dans sa boucle. Ce sophisme se produit lorsque la partie adverse se retrouve coincée dans la discussion d'un argument que l’autre partie n'a jamais mentionné. La discussion passe alors du point A, auquel il n’a jamais été fait allusion, au point B.

Dès que certaines féministes expriment leur rejet du voile comme outil d'oppression et symbole discriminatoire patriarcal, les féministes « du choix » leur reprochent de propager la haine, l'exclusion et la discrimination à l'encontre des femmes voilées, de les stigmatiser comme des victimes, se positionnant ainsi comme leurs sauveurs.

En vérité, ces accusations n'ont rien à voir avec le rejet du voile comme instrument du système patriarcal pour opprimer les femmes, ni de près ni de loin. Il est évident pour nous que refuser l'oppression signifie défendre les opprimés. Ce principe, auquel nous croyons, signifie que toute lutte sociale ou politique, qui s’oppose à la domination de tout régime répressif, le fait en soutien au groupe opprimé, en reconnaissance du mal subi, des idées et des pratiques discriminatoires ancrées dans le présent et dans l'avenir.

L'accusation portée contre les féministes qui rejettent le voile d’être contre les femmes voilées est un cas de figure particulier en soi. Par exemple, les communistes, les gauchistes et les syndicalistes ne sont pas accusés de haïr les travailleurs pour leur rejet du système capitaliste qui exploite les travailleurs, même s'il y a des travailleurs qui acceptent leurs conditions de travail et peuvent justifier leur réalité de mille et une manières.

A l’identique, les défenseurs des droits des femmes qui rejettent la violence domestique ne sont pas accusés de détester les femmes maltraitées, bien que de nombreuses femmes choisissent de continuer à vivre dans des relations violentes, souvent convaincues que c'est leur sort et la meilleure option pour elles.

Quant à la stigmatisation des femmes voilées comme victimes... Faut-il mettre une note explicative avant chaque mot que l'on prononce ? Que nous ne voulons pas offenser les femmes voilées ou leur enlever leur droit de s’exprimer sur le voile ?

Parmi les femmes voilées, il y a forcément des femmes autonomes, ambitieuses et pionnières dans leurs domaines, auxquelles leur voile ne pose pas de problème dans la poursuite de leurs rêves. Mais cette ambition ou ce leadership n'est pas à attribuer au voile des femmes, mais à la femme elle-même. Et cela ne change en rien la fonction  du voile, établie et consacrée à partir d’une vision qui considère la femme une obscénité à cacher et ses cheveux un fléau. C'est ce que le voile symbolise dans notre histoire moderne.

Si nous vivions dans un système alternatif dans lequel les femmes n’étaient pas dépeintes comme des obscénités, ni traitées comme inférieures aux hommes, alors peut-être pourrions-nous parler de l’appropriation réelle par les femmes de leur corps et de leur capacité à choisir librement.

A partir de là, si les femmes décidaient d'elles-mêmes de se couvrir les cheveux comme une sorte d’apparat ou de mode, et si les hommes suivaient cette façon de faire, nous pourrions dire qu’il s’agit bien du choix des femmes, et que leur corps est leur propriété en paroles et en actes... Plus simplement, si le voile n'était pas le produit d'un contexte patriarcal, ce que font les femmes de leurs cheveux nous laisserait indifférents.

Quant à l'accusation de stigmatiser les féministes voilées comme des victimes, pourquoi toute cette peur du mot victime ? Honnêtement, n’avons-nous pas été victimes d'un système qui nous hait et cherche de diverses manières à nous réprimer et à nous effacer ?

Quelle est la raison première de notre existence en tant que féministes ? N’avons-nous pas été témoins dans notre chair de la manière dont ce système fait de nous des victimes au quotidien ?

Echapper à cette définition claire de la place des femmes dans les systèmes patriarcaux ne sert pas les femmes, mais peut en revanche servir le système. Parce que si nous n'y sommes pas victimes de répression - et cela ne signifie pas que nous sommes impuissantes - il n'y a pas de problème, et donc, il n'y a pas besoin de changer la réalité des femmes ou de chercher à créer une nouvelle réalité.

Enfin, dans le récit de « l'homme de paille » qui accuse certaines militantes d’assumer une posture de supériorité, voire de haine vis-à-vis des femmes voilées, on voit comment ces arguments ne sont pas voués à une analyse tenant compte de l’obligation imposée exclusivement aux femmes de se voiler - facette du régime répressif qui les harcèle -, mais soulève au contraire des problèmes totalement étrangers à une vraie critique du voile. Cela contribue, dans un premier temps, à détourner l'attention et à oblitérer toute tentative sérieuse d'aborder la question du voile ; et, dans un second temps, cela offre sur un plateau d'argent un cadeau au système religieux patriarcal enveloppé dans un emballage féministe. Au lieu d'affronter le clergé à voix haute, des batailles virtuelles et des confrontations contre d'autres femmes sont gagnées.  Au final, certaines féministes sont diabolisées et attaquer à l’instar des patriarches qui les combattent.

Si le voile n'était pas le produit d'un contexte patriarcal, nous ne nous serions pas intéressées en premier lieu à ce que font les femmes de leurs cheveux.

Conférences prenant en compte les sentiments et le contrôle des mots

D'autre part, l'agitation se voit dans les cercles féministes libanais et dans d'autres cercles lorsque la question du voile ou d'autres sujets controversés sont abordés, ce malaise se transforme rapidement en outil de censure. La racine de ce malaise peut provenir d’une bonne intention, motivée par le souci que les femmes voilées ne se sentent pas agressées.  À ces raisons s'ajoute également le souci de l'inclusivité, qui signifie des espaces inclusifs dont les femmes voilées ne se sentiront pas exclues, en particulier les espaces féministes. A ce malaise s'ajoute également le zèle vis-à-vis du droit de choisir, qui est généralement pris sous sa forme abstraite c’est à dire loin de toute analyse réaliste de ce que le choix signifie réellement sur le terrain. Il faut à ce stade souligner qu'aborder la question du voile nécessite de placer les femmes voilées au centre de la discussion, ce qui est en soi un acte qui contredit l'exclusion. Mais, là aussi, il faut distinguer, ce qui est inclusif et ce qui est complaisant.  Nos espaces et mouvements peuvent être inclusifs de toutes les femmes, quelles que soient leurs affiliations et leurs croyances, mais ils cessent d'être un mouvement féministe clair lorsqu'il devient édulcoré, polissé et complaisant et se transforme en un salon de la compromission. Ni parler du voile, ni parler des publicités de marchandisation des corps des femmes ne sont tabous. Aucun mouvement féministe ou politique qui cherche à embellir une réalité problématique n'a de sens, et les féministes n'ont aucun devoir d'être gentilles (demander de la gentillesse aux femmes n'est-il pas une autre tactique masculine ?). Affronter tout régime répressif nécessite, fondamentalement, un maître mot : la clarté. 

À tout le moins, le mouvement féministe devrait être un lieu où les femmes puissent réfléchir à leur réalité et non un lieu où toute discussion controversée est abolie ; où des restrictions sont imposées aux mots autorisés ; où le débat se limite aux questions ne menaçant pas la « paix civile » féministe. Des questions doivent être posées qui ne seront pas forcément agréables ou souhaitables, allant jusqu’à perturber la sécurité psychologique et intellectuelle que l'on retrouve habituellement dans les comportements masculins.

Le mouvement féministe devrait remettre en question notre acceptation de certaines pratiques et nous imposer, d’une part, une confrontation inconfortable et désagréable avec nous-mêmes, et, d’autre part, avec les parrains de ces pratiques parmi les hommes, à commencer par les clercs et les institutions.

En conclusion, il convient de noter que nous n'avons pas besoin de conférences sur nos états d’âme pour pouvoir parler du voile en tant que question féministe. De nombreuses féministes, plus tatillonnes sur l'usage des mots et sur les sentiments qui les habitent, passeront peut-être à côté de ce débat - et il n'y a pas de mal à cela.

Les féministes contre le voile sous toutes ses formes, non seulement contre celui qui est imposé, sont aussi des femmes voilées ou d'anciennes voilées qui se sont battues durement et ont reçu leur part de haine masculine. Les féministes que l'on voit critiquer celles qui s'interrogent sur le voile tiennent souvent leur discours de féministes « blanches » à partir de leur réalité quotidienne, pas de la nôtre.

Ce que je vais dire pourra surprendre certaines personnes : les femmes ont vraiment la capacité de penser, d'analyser et de construire des situations par elles-mêmes sans que personne ne les leur dicte. Cette accusation hâtive de considérer toute question féministe qui ne passe pas le test global du discours des féministes blanches, peut en fait nous renvoyer à ce que nous avons entendu à d’innombrables occasions, à propos de « la menace de l'Occident sur nos valeurs, notre société et nos traditions ».

Qu’est-ce que cela change si les féministes blanches visées ont une opinion sur le voile ? J’ai conscience de l'histoire du colonialisme et des différences entre les femmes - mais les femmes et les féministes ont-elles besoin de s’affilier pour exprimer leurs opinions sur l'oppression subie par d’autres femmes ?

Je constate que nous n’avons pas demandé la permission aux Américaines pour exprimer notre opinion sur la décision de plusieurs États d'interdire l'avortement.  Nous ne nous voyons pas prendre non plus des précautions pour nous exprimer sur la situation des femmes iraniennes et afghanes. Nous attribuons cela à notre nette conscience de l'oppression lorsque nous la voyons. Clairement, nous commençons à en parler honnêtement et franchement, c'est-à-dire sans nous leurrer sur cette histoire de choix comme une bonne chose pour les femmes qui le choisissent.

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