Medfeminiswiya https://medfeminiswiya.net/ Réseau méditerranéen pour l'information feministe Mon, 18 Mar 2024 17:48:56 +0000 fr-FR hourly 1 https://medfeminiswiya.net/wp-content/uploads/2021/04/cropped-Medfeminiswiya-favicon-colored-new-32x32.png Medfeminiswiya https://medfeminiswiya.net/ 32 32 Maroc: Aux lendemains du séisme https://medfeminiswiya.net/2024/03/18/maroc-aux-lendemains-du-seisme/ https://medfeminiswiya.net/2024/03/18/maroc-aux-lendemains-du-seisme/#respond Mon, 18 Mar 2024 08:14:02 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26718 En septembre dernier, le Maroc a été frappé par un des séismes les plus violents de son histoire. Après l’émoi et la vague de solidarité, vient l’épreuve de l’hiver, le défi de se relever et de reconstruire après avoir tout perdu.

L’article Maroc: Aux lendemains du séisme est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>

Le séisme du 8 septembre 2023 a laissé du jour au lendemain, des milliers de personnes sans abri, des enfants orphelins et des femmes livrées à elles même. Dans les régions d’Al Haouz, Chichaoua, Taroudant et Azilal, situées entre Marrakech et Agadir, le bilan est estimé à 2.947 morts et 5.679 blessés. Une enveloppe globale de plus de 1 milliard de dirhams a été allouée à la reconstruction et la mise à niveau des logements effondrés totalement ou partiellement lors du séisme.

Malgré ces efforts, ce drame  résonne aujourd’hui encore comme un réveil brutal, rappelant les inégalités profondes d’un monde rural oublié.

A travers le pays, la mobilisation a été générale. Des réponses humanitaires ont émané de toutes les villes où se sont activées société civile, associations et ONG, etc. Des fonds spéciaux dédiés à la gestion des effets du tremblement de terre ont été mis en place par l’état, ainsi que des aides d’urgence mensuels aux ménages qui avaient tout perdu. Des programmes de reconstruction de logements ont été lancés, mobilisant plusieurs équipes techniques sur le terrain (architectes, topographes etc.) déployées dans les communes les plus touchées. 42.047 autorisation de reconstruction ont été ainsi accordées, et 8.694 maisons endommagées sont actuellement en reconstruction ou en restructuration.

« Les villages sinistrés se sont vite transformés en entrepôts » décrit Nour-Salka Belkebir, une jeune étudiante, membre de l’association Aider sans limite à Rabat. Alimentation, habits, tentes... l’abondance des dons a duré tout au long des premiers mois, avec l’appui de la fondation Mohammed V qui a géré la distribution sur place. « Nous avons fait un grand travail de tris, en coordonnant avec les associations locales pour mieux répondre aux besoins des populations et n’envoyer que ce qui est nécessaire » explique-t-elle.

Cependant, les conditions sur place ont tourné au calvaire à l’arrivée de l’hiver, en novembre. Les tentes, ayant jusque-là fait office d’abris, ne protégeaient ni du vent, ni de la pluie, encore moins du froid. « Les habitants des villages ont dormi dans les maisons qui avaient quelque peu résisté au séisme. Ils ont bricolé aussi pour rendre les tentes étanches avec les moyens du bord ». Aujourd’hui, des maisons mobiles temporaires stables et solides ont été installées dans la plupart des villages. Certains programmes de reconstruction commencent aussi à voir le jour (comme à Ouirgane où 200 maisons en terre ont été construites). En outre, 51.300 familles auraient bénéficié d'une première aide financière de 20.000 dhirams par foyer.

Toutefois, au fil des mois, les dons ont fini par s’amenuiser et le drame de ces régions est vite retombé dans l’oubli. « Aujourd’hui, les femmes et les enfants sont au cœur des besoins signalés par les associations locales » souligne Nour.

© L’Orient-Le jour

Pourquoi les femmes sont-elles plus vulnérables face à la tragédie ?

« Il nous a fallu du temps pour penser aux femmes et à leurs besoins spécifiques » avoue la jeune bénévole Nour.

Les premiers convois répondaient aux besoins basiques : s’abriter, s’alimenter et s’habiller, indépendamment du facteur genre. Cette neutralité reste pourtant en défaveur des femmes. Ainsi, Nour raconte que les premiers dons privilégiaient des vêtements masculins, les organisateurs considérant que ceux-ci pouvaient être portés par les femmes, tandis que l’inverse ne serait pas envisageable.  « Il y a aussi les produits d’hygiène et les protections menstruels, qui sont indispensables, auxquels les donateurs ne pensent pas du tout », ajoute-t-elle.

Dans les situations de crise, la grande difficulté rencontrée par les femmes est d’assurer leur besoin d’intimité. Sans abri, il est difficile de trouver un espace personnel et sécurisé, pour se changer par exemple, durant la période de menstruation. D’autant plus que dans ces régions conservatrices, les femmes ont une grande pudeur et ne sont pas habituées à la mixité. « Nous avons installé des tentes pour hommes, et d’autres pour femmes. C’est important d’assurer à ces dernières un espace à soi », affirme Nour.

Par ailleurs, l’arrivée en masse des aides et des bénévoles citadins dès les premiers jours après le séisme est aussi louable qu’intrusive. Les conditions post-tragédie favorisent aussi l’augmentation des risques de violences sexistes. Ainsi, sur les réseaux sociaux, de nombreux messages relayés incitaient les Marocains à épouser des jeunes filles mineures issues des villages sinistrés pour les « sauver », ou de les embaucher comme « bonne ».

La vulnérabilité est donc une porte ouverte aux prédateurs et aux opportunistes. Depuis, plusieurs féministes marocaines ont lancé des appels à vigilance dans les douars, en disposant des formatrices sur place pour sensibiliser les jeunes filles et les enfants à ce sujet.

Centre d’écoute en faveur des femmes, mis en place sur terrain © Association EL Khir

Associations, coopératives : Les femmes s’entraident pour se relever

D’un village à un autre, les conditions des femmes diffèrent. Si dans certaines régions les femmes sont actives, dans d’autres, elles sont moins mises en avant. Taddart est un des villages les plus pauvres et les plus enclavés de la province de Chichaoua, également frappée par le séisme.

« Une femme ici ne vaut rien », déclare une dame de Taddart, avec une simplicité déchirante. Ses mots ont résonné comme un appel à l’action » confie Souad Dibi, présidente fondatrice et actuellement directrice de l’association El Khir. Basée à Essaouira, l’association El Khir œuvre pour la promotion des droits des femmes et leur autonomisation. Depuis le séisme, l’association oriente ses actions vers les femmes issues des régions touchées par le séisme.

« Nous avons mis en place un centre d’écoute mobile pour offrir un soutien psychologique et un suivi post-traumatique » explique Souad. En plus du soutien psychologique, l’association El Khir a pris en charge plusieurs femmes en difficulté juridique. Enfin, dans l’optique d’aider les femmes à générer une entrée d’argent et à améliorer leur condition, plusieurs sessions d’apprentissage ont été proposées aux femmes du village, pour les former à la broderie et aux métiers artisanaux, et ce en vue de créer une coopérative.

« Nous avons installé des métiers à tisser dans le village [...]. Bien qu’étant une tragédie, le séisme a allumé malgré tout une flamme d’espoir pour un changement significatif. » souligne Souad Dibi.

Dans d’autres régions, les femmes se sont organisées elles-mêmes en créant un projet collectif. C’est le cas du Douar Ait Ouabdi, dans la province de Taroudant, où elles ont créé ensemble un club dédié à la production et à la commercialisation de l’huile d’Argan. Réunies sous une tente, elles se sont remises au travail pour se relever, guérir ensemble et aspirer à de nouveaux lendemains.

Tapis réalisé par les femmes de Taddart pour l’artiste Emilie Camacho © Association EL Khir

L’article Maroc: Aux lendemains du séisme est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/03/18/maroc-aux-lendemains-du-seisme/feed/ 0
Marseille. Zone d’Occupation Féministe (ZOF) : « Ne me libère pas, je m’en charge » https://medfeminiswiya.net/2024/03/15/marseille-zone-doccupation-feministe-zof-ne-me-libere-pas-je-men-charge/ https://medfeminiswiya.net/2024/03/15/marseille-zone-doccupation-feministe-zof-ne-me-libere-pas-je-men-charge/#respond Fri, 15 Mar 2024 08:55:27 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26682 Pour la deuxième année consécutive, une Zone d’Occupation Féministe (ZOF) a été organisée le 8 mars à Marseille sous l’ombrière du Vieux-Port. Collectifs et associations ont répondu à l’appel en cette journée internationale du droit des femmes. Retour sur ce moment d'exaltation des luttes.

L’article Marseille. Zone d’Occupation Féministe (ZOF) : « Ne me libère pas, je m’en charge » est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
Par Inès Atek

Ce vendredi 8 mars a été un jour sous le signe des intempéries. A Marseille, la moindre goutte d’eau semble ralentir le rythme de la ville. Pourtant, malgré les bourrasques d’un vent violent et sous une pluie battante, les collectifs et associations de la deuxième ZOF de la cité phocéenne ont tenu leur engagement. Le plateau radio animant les débats et offrant les perspectives féministes de différentes organisations, collectifs et associations a finalement été déplacé à la Dar (centre social autogéré situé rue d’Aubagne), pour des raisons de sûreté technique.

Ces prises de paroles diffusées sur les ondes de Radio Galère et sur le stream de Radio Rageuse sont celles d’acteur.ices locales. Elles offrent un retour sur les actions menées à Marseille tout en s’ancrant dans un contexte allant du national à l’international. Qu’iels se définissent comme queer, afroféministes, anti-fascistes, anti-racistes, transféministes et/ou décoloniales, le mot d’ordre partagé demeure le même : “ détruire le système patriarcal et toutes les oppressions qui lui sont liés” comme le soulignait une des militantes du collectif Marseille 8 Mars (M8M). La ZOF maintenue s’est tenue de 14h à 18h jusqu’au départ de la manifestation.

Pour une convergence des luttes

Les oppressions et les discriminations sont aussi diverses que la pluralité des réalités féminines. L’échantillon des collectifs et associations présentes sous l’ombrière du Vieux-Port a sans doute permis de mettre en lumière dans l’espace public la multiplicité des luttes de femmes. En tout, une dizaine de stands sont accolés les uns aux autres et répondent chacun à un besoin de visibilité des combats qui y sont représentés.

Ainsi, Nous Toutes, Coeur de Cagole, Règles Élémentaires, Transat, le Syndicat des Avocats de France, Adelphi’Cité, l’ARCAF (Association d’Autodéfense et de Ressources pour le Choix et l’Autonomie des Femmes), Riposte Antifasciste Marseille, Marseille 8 Mars (M8M) ou encore Urgence Palestine Marseille (UPM) offrent la possibilité aux passant.es courageux.ses de s’informer, d’obtenir des conseils et de participer à des ateliers, collectes de dons et de protection périodique.

Si le temps maussade apporte une touche dramatique à la scène, les participant.es se mêlent les un.e.s aux autres avec effervescence. L’importance de répondre à l’appel de cette grève féministe est étroitement liée à la nécessité de sortir de l’invisibilité et, surtout, de créer des réseaux de luttes intersectionnelles. La capacité d’agir ou agency sont des concepts centraux pour lesquels la libération doit se faire en partant de l’intérieur des luttes sans figures patriarcales. On peut retrouver cette idée sous la forme d’un slogan sur une pancarte : « Ne me libère pas, je m’en charge ».

Une des représentantes de l’association Adelphi’Cité (œuvrant pour la défense des droits fondamentaux et intervenant en particulier dans des secteurs paupérisés) affirme à propos de leur combat : « C’est une lutte qui est très dure et qui a commencé il y a longtemps. Si on ne la fait pas ensemble, on risque de ne pas y arriver. Il faut faire converger nos batailles. Toujours. »

Cette attente est partagée par une autre personne animant l’atelier d’écriture de lettres aux prisonnières politiques palestiniennes. Fatiguée par la pluie et par la musique diffusée sur un système son de fortune, elle s’écarte du stand UPM afin de pouvoir communiquer sans avoir à élever la voix. Elle note l’absence de la question des femmes palestiniennes avant le 7 octobre alors que leur lutte remonte à la colonisation britannique. Permettre à l’histoire de ces femmes de s’inscrire profondément dans les luttes féministes renvoie à une forme de reconnaissance, à l’arrêt de la négation de leurs conditions.

Ainsi, la militante pointe l’entremêlement du féminisme et de la cause palestinienne : « Les deux choses sont liées parce que d’un côté tout le travail que font les femmes palestiniennes, en prison comme en dehors, repose sur la relation entre la libération de la terre et la libération des femmes. C’est d’ailleurs un de leurs slogans : “Il n’y aura pas de libération de la terre sans la libération des femmes”. [...] Et puisque la lutte anti-coloniale palestinienne est un combat contre toutes les formes de domination, alors la cause féministe lui est inhérente. [...] Les liens doivent se faire, il faut qu’il y ait des transmissions entre les luttes, qui se font parfois échos. »

Des ateliers pancartes, conseils juridiques gratuits et chorale féministe : une dynamique commune

La complexité des féminismes s’est déclinée en plusieurs ateliers qui se sont déroulés à l’abri de la pluie. Panels de cartons posés sur le sol encore humide, les militant.es et participant.es s’affairaient à trouver des slogans percutants pour la manifestation de 18 heures. Une chorale s’est formée, initiée par Les Rascasses, un groupe autogéré féministe au répertoire révolutionnaire, anti-capitaliste et anti-patriarcal. Iels sont une dizaine de personnes, munies d’un recueil de chansons à prix libre, à entonner un hymne aux poils ou encore un refrain railleur d’Anne Sylvestre.

Juste en face, plusieurs tables sont installées par les avocates de la commission féministe rattachée au Syndicat des Avocats de France. Spécialisées en droit de la famille, droit pénal, droit du travail et droit des étrangers, en ce 8 mars, elles se sont fixées pour mission de dispenser des conseils juridiques gratuits pour les femmes et personnes LGBTQIA+. Elles y présentent également un livret élaboré avec soin, visant à informer sur les droits des personnes victimes de violences sexistes et sexuelles tout comme sur les discriminations au travail. Leur volonté est de mieux informer les personnes qui, le plus souvent, n’ont pas accès à ce type de conseils, parfois très onéreux.

Juste avant le départ de manifestation.

La complexité d’un combat judiciaire peut pousser à abandonner très vite la volonté que justice soit rendue. L’une d’elles souligne : « Les personnes peuvent se confronter à des institutions qui ne sont pas suffisamment formées pour accueillir la parole des victimes de violences. Il est nécessaire parfois d’avoir des conseils et du soutien de la part d’associations qui peuvent expliquer comment ça se passe. » En effet, la justice n’est pas fluctuante, c’est un corps ancré dans un système régi par des normes dominantes. Elle est le reflet de représentations sociales politisées, en ce sens l’une des avocates suggère : « Il faut ramener dans le débat judiciaire des éléments sociologiques. »

Ce qui émane de la plupart de ces stands et ateliers est la nécessité d’apporter des outils, allant de stages d’autodéfense physique et psychologique dispensés par l’ARCAF en passant par la présentation du violentomètre. Ce dernier a pour vocation d’établir le degré de toxicité ou de santé d’une relation amoureuse, en établissant des critères sous la forme d’une règle à mesurer les violences.

Si la pluie et le vent avaient fini par éreinter les participant.es et annonçait un cadre météorologique maussade pour le départ de la manifestation, une accalmie est apparue aux alentours de 18 heures. De bons augures pour la marche et la foule qui s’est finalement étendue à l’entièreté de l’ombrière.

L’article Marseille. Zone d’Occupation Féministe (ZOF) : « Ne me libère pas, je m’en charge » est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/03/15/marseille-zone-doccupation-feministe-zof-ne-me-libere-pas-je-men-charge/feed/ 0
Le 8 mars : avant, pendant et après...Pour un combat féministe pérenne https://medfeminiswiya.net/2024/03/12/le-8-mars-avant-pendant-et-apres-pour-un-combat-feministe-perenne/ https://medfeminiswiya.net/2024/03/12/le-8-mars-avant-pendant-et-apres-pour-un-combat-feministe-perenne/#respond Tue, 12 Mar 2024 08:36:14 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26642 Il est clair que la prise de conscience féministe et le combat des jeunes femmes contre le patriarcat ne se limitent pas au 8 mars. C’est pourquoi cette date se vit, se pense, se mûrit, et se prépare bien en amont pour se poursuivre après. C’est ce que viennent de nous prouver les étudiantes inscrites à la faculté de physique de la « Sapienza » à Rome, la principale université italienne et la plus grande d’Europe.

L’article Le 8 mars : avant, pendant et après...Pour un combat féministe pérenne est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>

Pendant plusieurs mois, elles ont enregistré les remarques et les attitudes misogynes de leurs pairs -inscrits comme elles en physique-, mais surtout celles de leurs professeurs. Ainsi à l’occasion du 8 mars, elles ont reporté minutieusement sur des panneaux les propos sexistes qu’elles ont dû encaisser durant des mois, et les ont accrochés dans l’enceinte de leur département.

« Je continue à ne pas comprendre la raison pour laquelle, vous les filles, vous continuez à vous inscrire en physique » ; « Je te pose une question faite exprès pour une fille » ; « Je pensais qu’étant des filles vous garderiez ce laboratoire plus propre » ; « Vu tes travaux (leur qualité, ndrl), je m’attendais à ce que tu sois un garçon » ; « Une question facile pour vous mademoiselle » ; « Va faire la secrétaire », ... Voici quelques exemples sortis tout droit de l’obscurantisme qui plane sur la communauté scientifique de la Sapienza.

La stupidité pétrie de stéréotypes de genre qu’exprime ce florilège de citations semble, en effet, dater de l’époque pré-Me too, et plus précisément de la même année que la fondation de cette prestigieuse université : 1303.

Toutefois, au contraire de se sentir mal à l’aise ou gênés par la diffusion de leur « bons mots », certains des professeurs qui les ont proférées ont été vus en train de rire devant ces inscriptions : « ça c’est toi qui l’as dit, non ? » demandait un enseignant à un de ces confrères, en affichant un large sourire ironique sur sa niaiserie.

Traduction : « Je continue à ne pas comprendre la raison pour laquelle, vous, les filles, vous continuez à vous inscrire en physique » (propos tenus par un professeur). Panneau exposé à la Sapienza le 8 mars.

Le problème, c’est que ces lieux communs sexistes sont accompagnés dans les faits quotidiens par des « attitudes et des regards inappropriés » de la part de certains professeurs. Ainsi, au cours des dernières semaines, des centaines de témoignages d’étudiantes ont émergé pour dire à quel point elles se sentent peu en sécurité au sein de leur université.

Malheureusement, ce triste tableau reflète la réalité des facultés de STIM (Sciences , Technologie, Ingénierie et Mathématiques) dans les pays occidentaux où la présence féminine est encore nettement sous-représentée. Les membres du corps enseignant masculin, qui discriminent et insultent tout au long de leur parcours universitaire leurs étudiantes à la faculté de physique de la Sapienza au lieu de les soutenir dans leur apprentissage, pensent sans doute que les femmes sont, de manière innée, inaptes aux matières scientifiques.

Cette vision moyenâgeuse, bornée et préconçue est démentie au niveau planétaire pas des données précises. Ainsi dans de nombreux pays tels que l’Ouzbékistan, l’Azerbaïdjan, ou encore l’Arabie Saoudite, la Malaisie ou Oman, les femmes sont investies presqu’à égalité que les hommes dans les disciplines scientifiques (1). Plusieurs études ont d’ailleurs démontré qu’il n’y a aucune différence au niveau des compétences logico-computationnelles entre filles et garçons jusqu’à l’âge de 12/13 ans.

Traduction : « Vu tes travaux je m’attendais à ce que tu sois un garçon » (propos tenus par un professeur). Panneau exposé à la Sapienza le 8 mars.

C’est après que les choses se gâtent : « Les filles commencent à perdre confiance en elles parce qu’elles vivent dans des contextes où elles reçoivent, souvent inconsciemment, de la part de leurs parents et de leurs enseignants, des commentaires d’approbation ou de rejet concernant leur compétences », note Camilla Gaiaschi, chercheuse au centre de recherches GENDERS de l’Université de Milan (2). Il en va de même avec les attentes liées au genre qui influencent nos préférences et nos comportements face aux apprentissages.

« On ne nait pas femmes... », nous a appris Simone de Beauvoir. On ne nait pas scientifiques non plus, on peut le devenir quel que soit notre genre et quoi qu’en pensent ces gentils messieurs de la Sapienza.

(1) Lire sur cette question l’article de Federica Araco paru dans Medfeminiswa : « Les femmes et la science : une histoire d’exclusion et de sous-représentation ».
(2) Federica Araco, idem.

L’article Le 8 mars : avant, pendant et après...Pour un combat féministe pérenne est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/03/12/le-8-mars-avant-pendant-et-apres-pour-un-combat-feministe-perenne/feed/ 0
Amel Zen « Il est temps de dire les choses sans détours » https://medfeminiswiya.net/2024/03/11/amel-zen-il-est-temps-de-dire-les-choses-sans-detours/ https://medfeminiswiya.net/2024/03/11/amel-zen-il-est-temps-de-dire-les-choses-sans-detours/#respond Mon, 11 Mar 2024 09:35:33 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26605 La chanteuse algérienne creuse son sillon avec cette nouvelle création « Ya mra » dédiée non seulement au combat des femmes de son pays mais à celui de toutes les femmes. Artiste talentueuse et engagée, elle restera l’une des plus belles voix du Hirak en 2019, le mouvement populaire et pacifique en Algérie.

L’article Amel Zen « Il est temps de dire les choses sans détours » est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>

Dans son style qui mêle la pop et le rock progressif aux musiques traditionnelles algériennes et maghrébines, Amel Zen cloue au pilori de l’Histoire la condition des citoyennes de seconde zone, des Algériennes, et chante l’espoir de la liberté et des libertés.

Pourquoi une jeune chanteuse populaire comme toi choisit-elle de s'engager sur les questions féministes, sur les droits humains et la problématique identitaire ?

Je pense que mon engagement envers ces thématiques s'est manifesté de manière instinctive et intuitive, tel un réflexe de survie motivé par un profond souci de justice et une nécessité de protéger l'intégrité humaine avant toute chose. La question de la justice occupe une place centrale en ce qui concerne ces problématiques. Défendre les droits des femmes, leur liberté, ou encore leur identité revient à revendiquer sa propre existence. Être conscient que ces droits sont fondamentaux est essentiel pour pouvoir vivre et coexister dans un système juste et sain, permettant à chacun de s'épanouir et de contribuer à son tour à l'édifice de l'humanité.

Comment tu as célébré le 8 mars cette année ? 

Je célèbre le 8 mars en me remémorant le combat de mes aînées et de celles qui ont sacrifié leur vie pour faire progresser la situation et le statut des femmes chez moi et dans le monde. Je rends hommage à ces femmes et à leurs luttes, et à mon tour, je continue de défendre la cause des femmes à travers mes œuvres, comme le titre "Ya Mra" (la femme) que j'ai sorti pour ce 8 mars 2024. En cette journée, j'essaie également de rappeler que ce n'est pas une fête de la femme, mais la Journée internationale des droits des femmes... Malheureusement, nous en sommes encore là, avec le fameux Aid El Mara !

Justement cette dernière création "la femme" ne laisse aucun doute sur ton engagement féministe. Quel retour attends-tu de ton public algérien ?

Je ne pense pas nécessairement aux réactions dans mon processus de création : je ressens, je crée et j'agis selon mes propres visions et convictions. Ensuite, je laisse le public interpréter mon travail à sa manière. Cependant, il est évident que j'aborde ici un sujet très délicat et tabou. Soulever les questions liées à la féminité et à la lutte contre le patriarcat de manière aussi directe, comme je le fais dans cette œuvre, n'est pas habituel et peut perturber beaucoup de gens.

Quoi qu'il en soit, je pense qu'il est grand temps de dire les choses sans détours ni métaphores, et pourquoi pas à travers la musique. Il est même urgent de dénoncer les féminicides, les viols et toutes les formes de violence physique ou psychologique subies par les femmes au quotidien dans notre société. Et rappeler aussi que les normes sociales, certaines traditions rétrogrades et l'instrumentalisation de la religion en sont parfois la cause principale.

Quel avenir tu voudrais construire en tant que femme algérienne et d'artiste ?

J'aimerais pouvoir m'épanouir en tant que femme et artiste tout en portant haut et fort mon engagement pour plus de justice et d'humanité, que ce soit dans mon pays ou dans le monde entier.

*Aid el mar’a ou fête de la femme est le slogan officiel en Algérie pour le 8 mars (ndrl)

L’article Amel Zen « Il est temps de dire les choses sans détours » est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/03/11/amel-zen-il-est-temps-de-dire-les-choses-sans-detours/feed/ 0
Anatomie d’une chute, anatomie d’un succès https://medfeminiswiya.net/2024/03/08/anatomie-dune-chute-anatomie-dun-succes/ https://medfeminiswiya.net/2024/03/08/anatomie-dune-chute-anatomie-dun-succes/#respond Fri, 08 Mar 2024 07:45:09 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26578 Il ne manque plus que l’Oscar au film multiprimé de la réalisatrice Justine Triet "Anatomie d'une chute". Pourquoi un tel succès ? En quoi la manière de filmer la singularité d’un parcours féminin est-elle fondée sur une esthétique innovante ?

L’article Anatomie d’une chute, anatomie d’un succès est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>

Multiprimé, le film de la réalisatrice Justine Triet "Anatomie d'une chute" a obtenu aux Césars six récompenses : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario original, meilleure actrice pour Sandra Hüller, meilleur acteur dans un second rôle pour Swann Arlaud et meilleur montage pour Laurent Sénéchal.  

Après avoir reçu la Palme d’Or à Cannes en 2023 - la troisième de l’histoire du festival après Jane Campion et Julia Ducournau -, « Anatomie d'une chute » a également décroché aux Golden Globes le prix du meilleur film en langue étrangère ainsi que celui du meilleur scénario. On aurait envie de s’exclamer « n’en jeter plus la cour est pleine », mais la date des Oscars arrive à grand pas. Qui sait si le 10 mars ne viendra pas ajouter une énième victoire à ce film apprécié autant du public que de la critique. 

Mais de quoi est fait un tel succès ? En quoi « Anatomie d’une chute » met en scène une histoire de femme qui parle à tant de personnes ? Et pourquoi la manière de filmer la singularité de ce parcours féminin est-elle fondée sur une esthétique innovante : un jeu de regards et de voix soumis à la dialectique d’interactions antagonistes qui amène, tour à tour, les spectatrices et les spectateurs à douter, s’interroger, s’identifier et finir par se réjouir du dénouement final.

Le synopsis se résume en quelques lignes : « Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple. »

Sandra (interprétée par Sandra Huller, césar de la meilleure actrice) est écrivaine. A l’inverse de Samuel, elle s’accomplit dans l’écriture et peut se vanter d’une certaine célébrité, malgré l’isolement à laquelle l’a contrainte son compagnon. Figure ambivalente à la beauté sylphide, à la fois distante et aimante, Sandra est surtout déterminée à vivre sa vie de femme, de mère et de créatrice. Elle est également, et depuis toujours, ambitieuse et résiliente.

Le jeu des regards

Dans « Anatomie d’une chute », il n’y a pas de certitude, aucune représentation préconçue n’encadre l’existence des membres de cette famille dont la vie va soudain basculer, balayée par la perte et le deuil. Ce sont plutôt des sensibilités et des points de vue mouvants qui diffèrent, s’opposent, finissent parfois par converger qui font le film... Car au fil de l’histoire, les regards et les voix composites des personnages se heurtent en nous démontrant que les relations sont d’une grande complexité et que la perception que l’on en a est, somme toute assez, relative. D’autant qu’une partie du drame qui se produit sous nos yeux est absorbée par le hors champ. De fait, nous sommes invité.e.s à rechercher la vérité, à l’instar de Daniel et de son chien-guide, Snoop, (référence évidente au rapper américain Snoop Dogg). Ce border collie, appelé Messi dans la vraie vie, est un personnage à part entière dans le film.

L’enfant, joué par Milo Machado Graner, et Snoop seront déterminants dans l’émergence de la vérité, elle aussi relative : « L'enfant n'a pas vu, il ne sait pas ce qu’il s'est produit et va devoir reconstruire un peu l'histoire, comme nous, précise la réalisatrice. En même temps, il y avait l'idée aussi que l'animal, son chien, a vu des choses que l'enfant n'a pas vu. Par contre, l'animal ne peut pas parler. » Ces deux êtres authentiques, sensibles, et apparemment fragiles, cassent totalement l’héritage du « male gaze » au cinéma. C’est en effet leur cheminement et leurs points de vue qui rendent le dénouement du film possible.

Anatomie d’une chute renvoie au film culte du réalisateur Otto Preminger Anatomie d’un meurtre, dont Justine Triet dit s’être inspirée plus pour sa dimension crue du détail que pour l’histoire : "Aujourd'hui, le robinet à fictions est tellement intense que je pense que les histoires et les personnages comptent, mais surtout le regard de celui ou celle qui pense. La façon de regarder est tellement plus importante ... »

Outre les regards, la musique participe elle aussi de la dramatisation du film. C’est P.I.M.P. de Fifty qui ouvre la première scène du film et le bal des tensions quand Samuel lance, du troisième étage de la maison, la musique à fond. On ne le voit pas mais on l’entend et ce vacarme interrompt l’interview que Sandra est en train de donner à la jeune doctorante venue lui rendre visite. Mais la musique rythme aussi la vie de l’enfant quand il joue au piano « Variation autour d’un prélude » pour s’aider tout au long du film à reconstruire les faits.

Faire entendre sa voix : le langage pour élaborer

Bien que l’on puisse se sentir en phase avec Sandra, ses petits mensonges, omissions, incohérences vont nous faire douter d’elle durant le procès. Car, nous non plus ne sommes pas à l’abri du modèle intériorisé de la bonne épouse et de la bonne mère, et, avouons-le, il s’en faut de peu pour ne pas se faire prendre par le regard moraliste, judicateur que porte l’avocat de la partie civile sur Sandra. Celui-ci va lui reprocher tour à tour d’être égoïste, violente, froide, calculatrice, manipulatrice, bisexuelle, et bien sûr d’avoir trompé Samuel.

Mais ce serait sans compter sur la voix de la protagoniste qui saura se défendre. Cette voix qui est un instrument d’analyse et d’élaboration dont jouissent les héroïnes de Justine Triet pour plier et dépasser leur destin et prendre en main leur existence : « Le langage est au centre de mes films, de plus en plus avec l'idée qu'il y a le langage de la pulsion, mais aussi le langage qui va nous aider à organiser cette pulsion, essayer de la comprendre et de la déchiffrer. Souvent dans mes films, les scènes sont vécues, mais sont aussi expliquées, revisitées. »

D’ailleurs, Sandra se frotte au langage quotidiennement : elle écrit, c’est elle qui a choisi l’anglais pour qu’aucune langue maternelle ne prime sur l’autre, ni celle de Samuel : le français, ni la sienne : l’allemand. C’est encore grâce au langage qu’elle va pouvoir se défendre, prouver à sa manière qu’un couple est, par sa nature même ,compliqué, retors, en proie à des contradictions violentes qui peuvent se décupler au sein d’un foyer clôt, le chalet où Samuel a voulu vivre isolé avec sa famille. 

La relation des femmes au langage est souvent différente de celle des hommes qui n’aiment pas mettre en mots leurs maux existentiels, qui préfèrent la prise de décision à l’introspection, et évitent de parler de leurs sentiments et de leur vécu. Samuel tente en vain de s’émanciper de cette injonction, mais sa parole s’enferme et s’éparpille dans le ressentiment. Il culpabilise, se reproche l’accident qui a fait perdre la vue à son fils, et ne supporte pas la réussite de sa femme.

Au bout du compte, c’est sans doute les mots prononcés par l’enfant au juge qui sont les plus puissants, les plus beaux et les plus vrais. Ce sont eux qui vont permettre l’issue du procès. Snoop, que l’on entend - hors champ - laper devant la télé qui retransmet le verdict, n’est jamais très loin de lui.

 

*Anatomie d'une chute : réalisation Justine Triet, co-écrit avec Arthur Harari. Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Antoine Reinartz, Milo Machado Graner, Samuel Theis, Jehnny Beth, Saadia Bentaïeb et Camille Rutherford.
(1) On parle de male gaze, regard masculin, lorsque les personnages féminins sont sexualisés et que leur corps captent la caméra, révélant de la sorte un pouvoir asymétrique entre l’homme qui regarde et la femme qui est regardée.

L’article Anatomie d’une chute, anatomie d’un succès est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/03/08/anatomie-dune-chute-anatomie-dun-succes/feed/ 0
8 Mars : Agenda du pourtour méditerranéen https://medfeminiswiya.net/2024/03/06/8-mars-agenda-du-pourtour-mediterraneen/ https://medfeminiswiya.net/2024/03/06/8-mars-agenda-du-pourtour-mediterraneen/#comments Wed, 06 Mar 2024 09:15:41 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26474 Elles manifestent contre le patriarcat, font la grève féministe, se rencontrent, débattent, s’expriment à travers les arts, rendent hommage aux femmes palestiniennes…Dans de nombreux pays de la Méditerranée les femmes se mobilisent en vue du 8 Mars 2024, à l’occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes. Voici une sélection des activités, marches et mobilisations. Allez-y ! Participez-y ! Et surtout soyez nombreuses à rejoindre ce mouvement profond qu’est la lutte des femmes pour plus de droits et de libertés !

L’article 8 Mars : Agenda du pourtour méditerranéen est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>

🇩🇿 Alger

Pour ce 8 mars un sit-in féministe en solidarité avec les femmes palestiniennes est prévu à Alger à 10.00. Le lieu sera indiqué à la dernière minute pour des raisons sécuritaires. Rappelons que toutes formes de manifestations publiques sont interdites en Algérie.

🇲🇦 Casablanca

Au Maroc, le mouvement Hiya organise un sit-in le 8 mars à 17h30, sur la place Mohamed V à Casablanca. Celui-ci revendique une réforme de la Moudawana (droit de la famille) qui protège l'intérêt supérieur de l'enfant, en faveur d'une meilleure égalité des droits entre les hommes et les femmes. Ce sit-in sera suivi, de manière indépendante, d'une veillée en l'honneur des femmes palestiniennes. Le mouvement Hiya a été initié par les associations Kif Mama Kif Baba, ADFM et Médias & cultures, ainsi que par plusieurs cyber-militantes citoyen.ne.s engagé.e.s. 

🇭🇷 Croatie

Zagreb : Tout le monde est invité à 18h00, Place des Victimes du fascisme. Il y a huit ans, des femmes se sont rassemblées pour former l'initiative « Assumer la responsabilité des meurtres de femmes », organisant la première marche nocturne dans la capitale croate. Environ 700 personnes participèrent à la marche. Peu après, le collectif fAKTIV a été créé et assume depuis le rôle d'organisateur. Ces marches nocturnes sont devenues une tradition et se sont étendues à d'autres villes de Croatie, rassemblant chaque année plus de 7 000 personnes marchant pour les femmes.

Plus d'informations ici.

Split : Les habitants de Split sont invités à se rendre à Trg Gaje Bulata, à 18h00, pour marcher pour la paix, l'égalité et la liberté contre l'injustice sociale et la violation brutale des droits humains des femmes. La marche est organisée par l'ONG Domine, dont le slogan est « Les femmes de Split pour les femmes du monde ».

Plus d'informations ici.

Rijeka : La marche nocturne aura lieu à Konto et commencera à 18h00. Les femmes se rassembleront sous le slogan « Soyez libres ».

Plus d'informations ici.

Osijek : La marche nocturne de cette année débutera sur la place Ante Starčević à 18h30. Les femmes marcheront sous le slogan « Une femme avec une voix ».

Plus d'informations ici.

🇸🇾 Damas

« Pour notre journée, nous chantons », un concert organisé par l'association Taa Mabsouta en coopération avec l'association humanitaire SHEILD, au Centre arabe de formation à la radio et à la télévision à Damas, à 18 heures. Ce concert rend hommage aux femmes qui luttent constamment contre la tyrannie de la société, de la loi et de la vie. Ce 8 mars, chantons toutes ensemble contre l'injustice, pour les femmes du monde.

🇹🇷 Istanbul

Le 8 mars, des milliers de femmes se rassembleront pour des marches féministes nocturnes en Turquie. Ces marches ont débuté en 2003, avec la participation d'une centaine de femmes à l'époque. Depuis, la marche féministe nocturne d'Istanbul est devenue l'une des manifestations annuelles les plus fréquentées et les plus animées, malgré les pressions, les interdictions et les violences policières qui se sont vérifiées ces dernières années. Après les manifestations du parc Gezi en 2013, l’opposition sociale a été réprimée et les marches féministes nocturnes sont également prises pour cible par les autorités. Les organisateurs affirment que la police est intervenue pour la première fois en 2014, lors de la première manifestation après la Résistance Gezi, qui n'avait pas été autorisée à atteindre sa destination finale, la place Taksim. Depuis lors, le bureau du gouverneur d'Istanbul a systématiquement interdit la marche à la dernière minute, et les femmes qui ont bravé l'interdiction ont été victimes de violence de la part de la police et certaines d’entre elles ont été mises en détention. Cette année, la marche féministe nocturne d'Istanbul devrait néanmoins débuter à 19h30, heure locale, place Taksim.

🇫🇷 Lyon

Mercredi 6 Mars à 18h, Maranne Thivend, enseignante-chercheure à l’Université Lumière Lyon donne une conférence à l’Université Lumière Lyon 2 sur « Des femmes engagées à Lyon » dans le cadre du programme « Détour par l’histoire du féminisme aux confins du 19ème siècle et 20ème siècle ». D’autre part Lyon met en lumière du 4 au 10 mars l’histoire du féminisme, les mouvements militants passés et actuels, et les initiatives féministes , du Musée Gadagne à l'Hôtel de Ville.

🇫🇷 Marseille

Le 8 mars, la ville de Marseille fera écho à l’appel national d’une grève féministe. Entre les cortèges et la mobilisation de nombreux collectifs, une Zone d’Occupation Féministe (ZOF) se tiendra sur le Vieux-Port de 14h à 17h. Un territoire éphémère qui a pour vocation d’occuper l’espace public et de rendre ainsi visible les luttes féministes intersectionnelles. La ZOF sera ainsi animée par de nombreux collectifs et associations solidaires, militant.es. structurant son activité autour de débats, d’échanges politiques et à travers divers stands.

🇫🇷 Paris

Solidarité Femmes sera mobilisée contre les violences sexistes et sexuelles aux côtés des associations et collectifs féministes à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. La Fédération nationale Solidarité Femmes est signataire de l’appel à manifestation lancé par la #Grèveféministe. 

RDV à 14h devant la mairie du 20e arrondissement à Paris. Rejoignez-nous aussi partout en France dans vos départements ! Toutes les mobilisations locales sont à retrouver sur le site de la #Grèvefeministe.

🇮🇹 Rome

Le mouvement féministe Non Una Di Meno (Pas Une [femme] de Moins), qui a fait son apparition sur la scène politique italienne le 25 novembre 2015 en organisant la première grande manifestation contre les violences faites aux femmes, a proclamé pour la huitième année consécutive la "Grève féministe" pour le 8 mars prochain. Toutes les femmes, ainsi que les autres personnes solidaires, sont invitées à s'abstenir du travail rémunéré, du travail domestique/reproductif et de toute forme de consommation, pour protester contre le modèle économique capitaliste de la société contemporaine qui repose en fait sur le travail invisibilisé et donc sur l'exploitation de millions de femmes au sein de leurs familles et de leurs foyers.

🇮🇹 Rome

La mémoire féministe et lesbienne des rues - Vendredi 8 mars 2024, 16 heures:

Ce vendredi 8 mars, à 16h, se tiendra une marche féministe entre Campitelli et Trastevere. Ce nouveau rendez-vous du cycle « Le fil arc-en-ciel d’Ariane » est proposé par l'association Ottavo Colle en partenariat avec La Casa Internationale delle Donne de Rome et l’association par EDGE. Le parcours se déploie en une promenade urbaine à travers les lieux symboliques du mouvement féministe et lesbien à Rome, comme le Palazzo Nardini dans le quartier Campitelli, Via del Governo Vecchio, qui abrita la première Maison des femmes dans la capitale, ou encore la Place Campo dei Fiori, où, le 8 mars 1972, Maria Silvia Spolato fit un des premiers coming-out publics de l’histoire italienne. D’autres endroits seront également évoqués grâce aux souvenirs et aux témoignages des femmes qui ont écrit l'histoire du mouvement lesbien et féministe en Italie. La balade s’achèvera à la Casa Internazionale delle Donne, dans le quartier de Trastevere, par une rencontre et un apéritif.

RDV à 16.00: Palazzo Nardini, via del Governo Vecchio 39, Rome

🇹🇳 Tunis

L’Association Intersection pour les Droits et Libertés invite le public à assister à la présentation de son rapport intitulé : « Prison, extorsions et menaces : le coût de la participation des femmes à l’espace public ». Le rapport met la lumière sur les violations subies par les femmes politiques et les militantes féministes après le 25 juillet 2021. La rencontre se déroulera de 9 h du matin jusqu’à midi à l’Hôtel El Mechtel, à Tunis. La rencontre sera l’occasion de relayer des témoignages de femmes consignés dans le rapport et d’interagir avec les prises de position et les propos des défenses des droits des femmes. 

L’article 8 Mars : Agenda du pourtour méditerranéen est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/03/06/8-mars-agenda-du-pourtour-mediterraneen/feed/ 1
En France, un 8 mars qui va résonner dans le monde entier.... https://medfeminiswiya.net/2024/03/04/en-france-un-8-mars-qui-va-resonner-dans-le-monde-entier/ https://medfeminiswiya.net/2024/03/04/en-france-un-8-mars-qui-va-resonner-dans-le-monde-entier/#respond Mon, 04 Mar 2024 13:06:17 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26454 Cette année, les femmes françaises vivent un moment historique : la liberté de recourir à l'avortement est gravée dans la Constitution.

L’article En France, un 8 mars qui va résonner dans le monde entier.... est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>

Cette année, les Françaises vivent un moment historique : la liberté de recourir à l’IVG va être gravée dans le marbre de la Constitution.

La France va être la première nation au monde à inscrire ce droit fondamental dans sa Constitution. Espérons que ce message soit relayé dans tous les pays qui n’ont toujours pas reconnu la liberté des femmes à disposer de leur corps, et dans tous ceux qui veulent la remettre en cause.

Ce message de droit à disposer de son corps s’adresse aussi à l’Union Européenne qui n’a pas inclus la liberté de recourir à l’IVG dans sa Charte des droits fondamentaux. Les prochaines élections européennes de juin 2024 peuvent être l’occasion de faire évoluer cette Charte dans ce sens.

Partout en France, des temps forts sont organisés autour du 8 mars : rassemblements, expositions, conférences-débats , projections de cinéastes féministes....

Solidarité Femmes sera mobilisée à Paris contre les violences sexistes et sexuelles aux côtés d'associations et collectifs féministes à l'occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. La Fédération nationale Solidarité Femmes est signataire de l'appel à manifestation lancé par la #Grèveféministe.

RDV à 14h devant la mairie de Paris 20e arrondissement. Rejoignez-nous aussi partout en France dans vos départements ! Toutes les mobilisations locales sont à retrouver sur le site de la #Grèvefeministe.

RV dans toutes les villes de France

Lyon met en lumière du 4 au 10 mars l'histoire du féminisme, les mouvements militants passés et actuels, et les initiatives. Parmi les événements marquants proposés dans le cadre de la "Semaine féministe" lyonnaise : les balades urbaines, à réaliser avec des chaussures de marche et des lunettes féministes, le tir à l’arc, le cinéma au féminin, etc.

Détour par l’histoire du féminisme aux confins du 19è et 20è siècle : une conférence sur « Des femmes engagées à Lyon » par Marianne Thivend, enseignante-chercheuse à l’Université Lumière Lyon 2 : "Sur le campus de Bron-Parilly". Mercredi 06 mars à 18h

Débat suivi d’une projection, le film « Les Filles d’Olfa », de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, film sélectionné à Cannes en 2023. Dans la foulée de ce film qui dénonce les manipulations et de l’oppression qu’exercent les fondamentalistes sur les femmes, l’association Femmes contre les intégrismes propose une conférence-débat sur la laïcité : cette loi née en France en 1905 protège les femmes et les communautés de toute puissance hégémonique. L’application de la laïcité sans frontières est un enjeu démocratique fort, à quelques mois des élections en Europe. En présence de Jacqueline Costa-Lascoux, docteure en droit et sociologue. Le 7 mars à la MJC de Saint-Jean, 18h.

Grande collecte des archives féministes. Lancée l’an passé par le Conseil de l’Égalité organisé par la Ville de Lyon, elle va être popularisée par les féministes qui installent un stand sur la place des Archives municipales de Lyon (à côté de la gare de Perrache). Les associations et leurs militantes pourront déposer leurs archives et obtenir des renseignements sur les procédures de don et de classement de ces archives. Les 7 et 8 mars.

Projection à l’IFCM (Institut français du culte musulman) du film AZAR le jeudi 7 mars à 19h, en présence du réalisateur Malik Bourkache qui filme avec délicatesse trois femmes kabyles dans leurs activités quotidiennes.

Nouveau: sont aussi proposés cette année des ateliers enfants- parents 

« Parlons d'égalité », samedi 9 mars à 10h45 Rencontre parents-enfants (De 5 à 12 ans).

 « Échangeons autour de la question du genre » samedi 9 mars de 15h à 17h, en continu à l’Hôtel de Ville de Lyon. Ateliers organisés par la dynamique association Filactions.

Découvrez l'ensemble du programme des événements autour du 8 mars 2024 ici : Programme du 8 mars 2024

L’article En France, un 8 mars qui va résonner dans le monde entier.... est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/03/04/en-france-un-8-mars-qui-va-resonner-dans-le-monde-entier/feed/ 0
Judith Godrèche : “L’image de nos pères idéalisés s’écorche”. https://medfeminiswiya.net/2024/03/01/judith-godreche-limage-de-nos-pere-idealises-secorche/ https://medfeminiswiya.net/2024/03/01/judith-godreche-limage-de-nos-pere-idealises-secorche/#respond Fri, 01 Mar 2024 07:54:03 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26440 Vendredi 23 février 2024 se tenait la 49ème cérémonie des César du cinéma. Devant ses pairs, Judith Godrèche, actrice et réalisatrice, s’est exprimée sur la fabrique de l’impunité de ce milieu, le confrontant à ce qui s’annonce comme le premier véritable mouvement #MeToo Cinéma en France.

L’article Judith Godrèche : “L’image de nos pères idéalisés s’écorche”. est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
Ecrit par Inès Atek

Depuis quelque temps, le petit monde prestigieux du cinéma est secoué par une vague qu’il a trop longtemps étouffée et une brèche se dessine sur le mur de l’impunité. Judith Godrèche, qui déclarait à la cérémonie des César : L’image de nos père idéalisés s’écorche”, est sans nul doute une des figures phares de ce qui s’annonce aujourd’hui comme le #MeToo du cinéma français. Son discours attendu à la cérémonie des César fait écho à ses récentes déclarations dans la presse. L’actrice, mais aussi scénariste et réalisatrice, a dénoncé les viols et les agressions qu’elle a subis alors qu’elle était mineure par les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

Suite à ses déclarations, de multiples femmes ont corroboré ses propos, mettant en cause tour à tour ces grands noms du cinéma d’auteur.  Ainsi, Laurence Cordier, metteuse en scène, Vahina Giocante, actrice, et Julia Roy, actrice et scénariste, mettent en lumière un système de prédation et d’emprise installé par Benoît Jacquot sur ses tournages. En ce qui concerne Jacques Doillon, à la suite de la prise de parole de Judith Godrèche, Isild Le Besco -actrice et scénariste- et Anna Mouglalis –actrice- ont, elles aussi, dénoncé des comportements inappropriés allant du harcèlement à l’agression sexuelle.

 Le statut de génie comme parapluie d’impunité

Si les deux hommes bénéficient encore de la présomption d'innocence durant ce temps long de la justice, il devient cependant difficile de dénigrer voire de museler les voix qui viennent contrevenir à l’image qu’ils ont bâtie. C’est face à ses pairs, que Judith Godrèche enjoint l’industrie du cinéma de ne plus détourner le regard sur les agissements d’une poignée de puissants. Elle pose la question : “pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie, soit utilisé comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes filles ?” L’actrice met en lumière son expérience individuelle afin de révéler une situation loin d’être rarissime. La nature taiseuse de ce milieu semble se fissurer par la révolution de la parole, illustrée par les multiples déclarations à l’encontre de grandes figures du cinéma français. Et si l’industrie reste mutique, Judith Godrèche la confronte aux multiples voix qu’elle représente durant son discours : “Mon passé, c’est aussi le présent des 2000 personnes qui m’ont envoyé leurs témoignages [...]”.

Les langues se délient, mais elles sont restées longtemps silencieuses : tout un système entretient l’impunité des agresseurs. C’est ce que soutient notamment l’essayiste, réalisatrice, journaliste et critique du cinéma français Iris Brey. Spécialiste des questions de genre, elle insiste sur le caractère protéiforme de la protection des agresseurs dans le monde du cinéma. Un univers où le regard masculin (male gaze) prédomine, s’appropriant ainsi les subjectivités des femmes réduites à l'image de “muse” ou “d’objet du désir”. Là où les hommes sont érigés au rang de génie, elles s’effacent afin de ne pas déroger à la règle. C’est notamment ce qu’exprime Charlotte Arnould, la première à avoir déposé une plainte pour viol et agression sexuelle contre l’acteur Gérard Depardieu.

Les langues se délient, mais elles sont restées longtemps silencieuses : tout un système entretient l’impunité des agresseurs.

Gérard Depardieu, un prédateur soutenu par le chef de l’Etat 

En 2018, Charlotte Arnould essuyait seule la débâcle médiatique à son encontre, fustigée pour le simple fait de ternir la réputation d’une figure française au rayonnement international. Aujourd’hui, elles sont cinq à porter plainte et quinze à signaler les agissements de l’acteur. Pourtant, Emmanuel Macron lors d’une prise de parole sur le plateau de l’émission C à vous sur France 5, en décembre dernier, apportait son soutien à cet homme, tout en soulignant son dédain pour ce qu’il désigne comme une “chasse à l’homme”. La question des violence sexistes et sexuelles est alors balayée d’un revers de la main par le chef de l’Etat français.

Gérard Depardieu, Benoît Jacquot, Jacques Doillon et Philippe Garrel : tous ont été récompensés et primés. Cela leur confère une aura d’intouchables, vertigineuse pour celles et ceux qui souhaiteraient les dénoncer. Une peur dont Judith Godrèche souligne la prégnance lors de son discours aux César : “Depuis quelques temps, je parle, je parle mais je ne vous entends pas [...] je sais que ça fait peur de perdre des subventions, des rôles, de perdre son travail, moi aussi j’ai peur. [...] ça ne ferait pas mal, je vous le promets, juste une égratignure sur la carcasse de notre curieuse famille.

La parole se libère : la remise en question du pouvoir

Tarana Burke, militante féministe afro-américaine et travailleuse sociale, est la première à utiliser l’expression “MeToo” afin de dénoncer les violences sexistes et sexuelles contre les minorités visibles en 2007. Il faut attendre 2017 pour que l’actrice américaine Alyssa Milano reprenne l’expression dans un tweet à l’aide d’un hashtag bien connu aujourd’hui pour qu’une déflagration s'enclenche. C’est la naissance d’un mouvement aux Etats-Unis qui peine à traverser l’Atlantique. Un imaginaire semble subsister et surtout tente de résister aux critiques féministes, appelant à une profonde remise en question générale sur les violences sexistes et sexuelles. Une tribune sur la Liberté d’importuner est publiée en 2018 par le journal Le Monde, signée par un collectif d’une centaine de femmes dont Catherine Millet, critique d’art et femme de Lettre, et Catherine Deneuve, actrice. Les signataires conçoivent un droit à une séduction faite de zones grises où le consentement n’est pas de mise.

En 2020, Roman Polanski remporte douze nominations lors de la 45ème cérémonie des César pour son film J’accuse. Et si l’Académie s’obstine à vouloir primer un réalisateur accusé par onze femmes de violences sexuelles dont une accusation de viol, la plupart mineures au moment des faits, un contre-pouvoir s’organise. L’actrice Adèle Haenel se lève durant l’emblématique cérémonie qualifiant de honteux ce choix et quitte la salle. Cette dernière avait elle-même révélé avoir subi des attouchements et du harcèlement sexuel de la part du réalisateur Christophe Ruggia, de ses 12 à 15 ans. Pour celle qui a porté plainte en 2019 contre son agresseur, dont le procès est encore à déterminer par la juge d’instruction, la nomination de Roman Polanski est une décision politique. Un affront à peine dissimulé mis au ban par l’écrivaine Virginie Despentes dans une tribune intitulée “Désormais on se lève et on se barre” dans laquelle elle crée des ponts entre la violence des puissants du gouvernement Macron et celle de l’industrie du cinéma. Il faut attendre la 49ème cérémonie de cette année pour que la deuxième femme dans l’histoire des César gagne le titre de la meilleure réalisation, Justine Triet pour Anatomie d’une chute (2023). Un film qui pose un regard féminin et féministe, un prisme souvent peu valorisé dans le milieu.

A l’aune du renouveau de #MeToo en France, des collectifs et associations se battent pour faire valoir les droits des acteurs et des actrices sur leur lieu de travail. Un appel repris par Judith Godrèche, une fois de plus lors de la cérémonie : “Serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face, prendre nos responsabilités ? Être les acteurs et les actrices d’un univers qui se remet en question ?”. C’est le cas de l’association A.D.A (Association Des Acteur.ices), fondée en 2021 par un groupe de comédiennes dont, Ariane Labed, Zita Hanrot,  Clotilde Hesme et Anna Mougalis. Leur but est d'œuvrer contre l’invisibilisation des personnes non-blanches dans le cinéma, trop souvent cantonnées à des rôles exotisants et stéréotypés. Mais aussi et surtout, au vu du contexte, l’association se donne pour objectif d’informer et de syndiquer les acteurs et actrices sur leurs droits.

L’article Judith Godrèche : “L’image de nos pères idéalisés s’écorche”. est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/03/01/judith-godreche-limage-de-nos-pere-idealises-secorche/feed/ 0
Le film féministe « Les filles d’Olfa » remporte le César du documentaire https://medfeminiswiya.net/2024/02/26/le-film-feministe-les-filles-dolfa-remporte-le-cesar-du-documentaire/ https://medfeminiswiya.net/2024/02/26/le-film-feministe-les-filles-dolfa-remporte-le-cesar-du-documentaire/#respond Mon, 26 Feb 2024 08:57:00 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26377 Entre documentaire et fiction, « Les filles d’Olfa », de la cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania vient d’être césarisé. Il revient sur le drame réel d’une mère marquée par la radicalisation de ses deux filles. Et au-delà sur les interdits qu’une société arabo musulmane impose au corps des femmes

L’article Le film féministe « Les filles d’Olfa » remporte le César du documentaire est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>

«Il y a 70 journalistes, qui ont été tués et ciblés à Gaza…Dire aujourd’hui « arrêtez de tuer des enfants » devient une revendication radicale, c’est complètement hallucinant. On ne va pas se taire, on ne va pas se faire intimider, il faut que le massacre cesse…Ce qui arrive là-bas est tellement horrible, horrible, et personne ne peut dire « je ne savais pas ». C’est le premier massacre en live-stream, en direct sur nos téléphones, nous le savons et il faut que cela s’arrête ».

Ce sont là des fragments d’un discours fort et émouvant adressé vendredi 23 février par Kaouther Ben Hania au gotha du cinéma international, rassemblé à l’occasion de la cérémonie des Césars, qui récompensent chaque année les meilleurs films français. Des propos destinés aussi à l’humanité entière, rythmés par les halètements de l’émotion de la réalisatrice tunisienne des « Filles d’Olfa », qui venait de recevoir le César du meilleur documentaire. Son film, oscillant entre documentaire et fiction, d’où sa grande originalité, a été auparavant sélectionné à la compétition officielle du festival de Cannes 2024 et récolté plusieurs prix importants dans le monde.

Le courage de Kaouther Ben Hania, née il y a 46 ans dans la ville de Sidi Bouzid, berceau de la Révolution tunisienne de 2011, se manifeste également à travers ce film au traitement résolument féministe qu’est « Les Filles d’Olfa ». La réalisatrice de « La Belle et la Meute » (2017), y relate les turbulences de la vie d’Olfa, une mère tunisienne quadragénaire, issue d’un milieu pauvre, qui a vu ses deux filles ainées, Rahma et Ghofrane, basculer en 2013 dans le radicalisme, fuguer et rejoindre l’organisation terroriste Daesh en Libye.

Kaouther Ben Hania

Un dispositif cinématographique inédit

Mais la protagoniste principale, une femme à la personnalité puissante, a quatre filles en tout, et c’est avec Taycir et Eya, les deux plus jeunes filles d’Olfa et leur mère, que Kaouther Ben Hania a décidé de restituer l’itinéraire de ce drame familial, son anatomie et ses répercussions. Pour combler l’absence de Rahma et Ghofrane, la réalisatrice convoque des actrices professionnelles, Nour Karoui et Ichrak Matar, et met en place un dispositif de cinéma hors du commun. Et quand les scènes vécues sont trop dures pour être restituées par Olfa, Hend Sabri, une star du cinéma égyptien d’origine tunisienne, les joue à sa place.

Au fil du film, les traumatismes vécues par Olfa défilent : d’une enfance sans père livrée à la convoitise des voisins, à un mari soulard et  pressé, lors de sa nuit de noce, d’accomplir l’acte sexuel dans la plus grande violence, en passant par un amant criminel recherché par la police, prédateur sexuel de ses filles… L’éducation que donne Olfa à celles-ci est marquée pas tant par ses contradictions que par ses blessures et traumas. Elle se focalise sur le plus grand des interdits : celui du corps, dont « ne doit disposer que le mari », brandit-elle dans l’une des scènes. En filigrane, le film présente cette hypothèse :  parce que ne pouvant pas disposer librement de leur corps et obéissant au dictat de leur mère et de leur société arabo-musulmane, Rahma et Ghofrane, malgré leurs petites insurrections personnelles, ont opté pour se voiler entièrement. Pour s’effacer de l’espace public et pour mourir symboliquement.

Quant aux hommes qui ont traversé la vie d’Olfa, Kaouther Ben Hania a choisi de confier leur interprétation à un seul et même acteur, Majd Mastoura. Des hommes interchangeables ! Puisque tous ceux qu’a connu Olfa se ressemblent et partagent une attitude basée sur la violence, la domination et l’exploitation envers les femmes.

Entre larmes et rires, l’écriture cinématographique de Kaouther Ben Hania donne une grande place à l’émotion. Les sentiments intenses de ses protagonistes ordinaires ne laissent pas les spectateurs (trices) indifférent.e.s..

« Les filles d’Olfa » est en lice pour les Oscars, qui auront lieu le 10 mars, dans la catégorie films documentaires. Kaouther Ben Hania a toutes les chances de remporter cette distinction, ce sera alors une première dans le cinéma tunisien. Un bel exploit d’une femmes cinéaste ! A condition, bien sûr que son discours enflammé lors de la cérémonie des Césars ne lui porte pas préjudice…

L’article Le film féministe « Les filles d’Olfa » remporte le César du documentaire est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/02/26/le-film-feministe-les-filles-dolfa-remporte-le-cesar-du-documentaire/feed/ 0
Comment l’Union européenne risque de saboter la Convention d’Istanbul https://medfeminiswiya.net/2024/02/26/comment-lunion-europeenne-risque-de-saboter-la-convention-distanbul/ https://medfeminiswiya.net/2024/02/26/comment-lunion-europeenne-risque-de-saboter-la-convention-distanbul/#respond Mon, 26 Feb 2024 08:09:36 +0000 https://medfeminiswiya.net/?p=26413 La Directive européenne sur la violence de genre et la violence domestique avait été annoncée comme l'instrument qui garantirait la mise en œuvre effective de la Convention d'Istanbul dans tous les pays de l'UE. A l’inverse, les États membres de l'UE l'ont sabotée, la vidant de ses mesures essentielles. Toutefois, le mot de la fin n'a pas encore été prononcé.

L’article Comment l’Union européenne risque de saboter la Convention d’Istanbul est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>

Ecrit par Laura Onofri*

La proposition de directive européenne sur les violences faites aux femmes et les violences domestiques issue le 6 février dernier du "Trilogue", c'est-à-dire de la négociation tripartite informelle entre les représentants du Parlement européen, de la Commission européenne et du Conseil de l'Union européenne (ce dernier étant composé des ministres des États membres) a suscité de vives critiques de la part des organisations féminines et féministes qui combattent les violences basées sur le genre et s’occupent de prévention.

La Commission travaillait sur cette directive depuis mars 2022, dans le but d'identifier les outils nécessaires pour prévenir et combattre le viol, le féminicide, le mariage forcé, les mutilations génitales féminines, le harcèlement sexuel -y compris sur les lieux de travail - et la violence en ligne.

L'objectif de la directive proposée par la Commission européenne, dirigée par une femme, Ursula von der Leyen, était de doter l'UE d'une législation visant à prévenir et à combattre ces graves discriminations contre les femmes, en s'inspirant des principes de la Convention d'Istanbul, entrée en vigueur dans l'UE le 1er octobre 2023.  Et ce bien que de nombreux pays ne l’aient pas encore ratifiée ou que d’autres, comme la Turquie, se soient retirés de la Convention.

Les attentes des travailleuses, des activistes, des centres anti-violence, des syndicats et de celles et ceux qui se soucient de la protection des femmes et de la lutte contre toutes les formes de violence ont été déçues.

En effet, la proposition de directive issue du Trilogue - la négociation interinstitutionnelle informelle entre le Parlement, la Commission et le Conseil de l'UE qui aboutit à un accord provisoire devant ensuite être adopté par des procédures formelles – résulte très appauvrie par rapport à celle votée par la Commission des droits de la femme et de l'égalité de genres (FEMM) du Parlement européen avec 71 voix pour sur 83.

Tout d'abord, l'article 5 du projet initial de la directive, c'est-à-dire celui qui prévoyait de définir le viol comme un rapport sexuel sans consentement, a été supprimé.

La raison de l'élimination de ce principe fondamental est que l'Union européenne n'aurait aucune compétence législative en la matière. Cependant, de nombreux juristes estiment que le viol est imputable à l'exploitation sexuelle, qui est un crime pour lequel l'UE est habilitée à légiférer, comme l'explique la magistrate Maria Grazia Giammarinaro qui a été - de 2010 à 2014 - représentante spéciale et coordinatrice pour la lutte contre la traite des êtres humains de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

Dans un article paru dans le journal italien Domani, Giammarinaro écrit : "L'exploitation n'est plus seulement comprise comme un avantage injuste (de nature économique, etc.) dérivant de la prestation d’autrui, qu'elle soit sexuelle, liée au travail, ou de tout autre type, et qui finit par inclure l’utilisation instrumentale de la personne, réalisée afin de poursuivre l’objectif recherché de celui qui instrumentalise la victime malgré sa volonté ".

Le texte de la directive proposé à l'origine par la Commission européenne indiquait que “dans de nombreux États membres, la condition du viol reste l'usage de la force, de la menace ou de la coercition. Dans d'autres, cependant, la simple condition que la victime n'ait pas consenti à l'acte sexuel est suffisante. Cette approche est la seule qui garantisse une protection complète de l'intégrité sexuelle de la victime. Il est donc nécessaire d'assurer un niveau de protection égal dans toute l'Union en précisant les éléments constitutifs du crime de viol d'une femme". Après cet accord interinstitutionnel, ce n'est plus le cas.

L'article 4, qui prévoyait l'inclusion de la définition du harcèlement sexuel dans le monde du travail, a également été supprimé.

Il s'agit d'une décision très grave, car nous savons que la violence et le harcèlement sur le lieu de travail constituent une violation des droits humains, représentent une menace pour l'égalité des chances et sont incompatibles avec un travail basé sur la dignité de la personne, comme le stipule la convention de l'OIT de 2019.

Un autre recul important est que désormais la charge de la preuve concernant les différentes formes de violence en ligne incombe à la victime, telles que le harcèlement sexuel en ligne, la cyberintimidation ou la diffusion non consensuelle de matériel audiovisuel à contenu sexuellement explicite. Ces changements ont été introduits par le Conseil européen lors de la dernière phase des négociations.

Les prises de position contre certains articles fondamentaux de la directive par des pays comme la Pologne, la Hongrie et la République tchèque, mais aussi la France et l'Allemagne, ont conditionné l'accord et la directive s’en est trouvée profondément dévalorisée.

Des manifestations et des protestations de nombreuses femmes activistes ont eu lieu dans toute l'Europe, afin de convaincre les gouvernements de leurs pays d'adopter des positions plus claires et plus protectrices pour les femmes, mais elles n'ont pas réussi à changer les positions de leurs gouvernements, qui sont parvenus de fait à supprimer certains passages clés de la proposition.

En Italie, l'ONG Differenza Donna a lancé une pétition demandant le maintien du texte approuvé par la commission FEMM du Parlement européen, pétition qui a obtenu plus de 90.000 signatures en quelques jours.

Pina Picierno, vice-présidente du Parlement européen et rapporteure italienne de la directive, s'est évertuée à défendre le texte original. Selon elle, "certains intérêts nationaux ancrés dans une culture réactionnaire et rétrograde ont prévalu. Il est regrettable que l’Italie, dirigée par Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement, n'ait pas été en mesure d'exercer efficacement son poids dans la négociation, comme elle s'est souvent vantée de le faire pour d'autres dossiers."

En signe de protestation, Pina Picierno n'a pas participé au vote de la Commission FEMM sur le texte finalisé le 6 février, déclarant que "cette directive n'est guère plus qu'un titre".

Une fois adoptées, les directives européennes doivent être transposées par les Etats membres dans un délai de trois ans, en adaptant la législation nationale au texte européen. L'objectif de la directive était que la violence contre les femmes soit traitée de manière uniforme dans les législations et les politiques des États membres, en transposant les grands principes de la Convention d'Istanbul.

À cette fin, elle avait introduit des mesures visant à uniformiser la définition de crimes et délits punis par la loi, la protection des victimes et l'accès à la justice, l'assistance aux victimes et leur indemnisation, l'amélioration de la collecte des données, la prévention, la coordination et la coopération au sein de l'UE.

Avec la suppression de nombreux articles de la proposition initiale, la réalisation de cet objectif est désormais lointaine. Une fois de plus, le corps des femmes a fait l'objet d'un compromis honteux.

Il ne fait aucun doute que les intérêts nationaux et les alliances électorales en vue des prochaines élections européennes ont influencé et favorisé le processus de négociation. Après cette décision, il semble clair que la violence contre les femmes n'est pas une question prioritaire dont les États et les gouvernements ont compris l'ampleur, les origines et les instruments efficaces pour la combattre.

Même en Europe, le patriarcat a profondément affecté le choix des gouvernements, et ce qui aurait pu être un tournant important dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes, n’est plus qu’une mesure faible sans réelle efficacité.

Le Parlement européen devra approuver l'accord obtenu lors des négociations en avril prochain : les marges d'amélioration de la directive sont restreintes, mais les organisations de femmes européennes continueront à faire pression, à rechercher des alliances, à promouvoir une large information sur une question qui semble seulement "technique", éloignée de nos préoccupations quotidiennes, mais qui aura un impact potentiellement très négatif sur la vie de millions de femmes et de jeunes filles.

 

* Militante féministe, présidente de Se Non Ora Quando - Turin

L’article Comment l’Union européenne risque de saboter la Convention d’Istanbul est apparu en premier sur Medfeminiswiya.

]]>
https://medfeminiswiya.net/2024/02/26/comment-lunion-europeenne-risque-de-saboter-la-convention-distanbul/feed/ 0