Le mouvement contre l’obligation du port du voile en Iran n’est pas né du jour au lendemain. S’il s’est enflammé après le meurtre de Mahsa Amini battue à mort par la police des moeurs, les Iraniennes ont tenté se libérer du joug des mollahs dès la proclamation de la République Islamique de l’Iran, en 1979. Cette opposition s’est particulièrement accentuée au cours des deux dernières décennies.
Le White Wednesdays, un mouvement féministe
Ainsi, en 2014 l’activiste et journaliste iranienne, Masih Alinejad, réfugiée aux USA, lance le mouvement et la page facebook “My Stealthy Freedom” ("ma liberté furtive") où elle invite les femmes iraniennes à se battre pour le droit de porter ou pas le voile en se manifestant dans l’espace public.
En 2017, Masih Alinejad lance la campagne #WhiteWednesdays, appelant les femmes de son pays à poster des photos d'elles dévoilées et à s’afficher sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’inciter les Iraniennes à conjuguer leurs forces afin de faire connaître leur cause dans leur pays et au niveau mondial. Un documentaire diffusé sur Arte retrace le parcours le parcours de cette activiste débordante d’énergie et raconte la lutte des Iraniennes.
Répondant à l’appel, elles sont de plus en plus à descendre dans la rue sans voile, à l’instar de Vida Movahed. Cette trentenaire est une des toutes premières à s’être ostentatoirement dévoilée en public après avoir grimpé sur une borne électrique, au carrefour des avenues Enghelab et Taleghani dans le centre de Téhéran.
La réaction du gouvernement islamique ne s’est pas fait attendre : Vida Movahed est arrêtée et emprisonnée le 27 décembre 2017. Elle sera libérée un bon mois plus tard après la mobilisation orchestrée par Masih Alinejab. Hélas, d’autres femmes vont connaître le même sort, telles Maryam Shariatmadari, Shima Babaei et Shaparak Shajarizadeh... Arrêtées elles aussi pour avoir ôté leur voile en pleine rue, elles risquent jusqu’à dix ans de prison.
Aujourd’hui les Iraniennes qui découvrent leur chevelure se comptent par milliers, et leur soulèvement semble avoir gagné des pans entiers de la population. Mais loin d’écouter les voix qui émanent de la société qu’il contrôle et verrouille, le régime des mollahs réprime ses citoyen.ne.s en ayant recours à une violence aveugle. Ainsi, c’est à coup de tirs de billes d’acier et de gaz lacrymogènes que les policiers ont délogé les étudiants qui protestaient dans l’enceinte de l’université scientifique Sharif de Téhéran.
Peine perdue, le combat des féministes iraniennes semble désormais drainer toutes les revendications pour le respect des droits humains.