Explorations

Au mois de ramadhan, du Liban à la Tunisie, de la Syrie à la Palestine en passant par l’Algérie, l’Egypte et le Maroc… les téléspectateurs et téléspectatrices des pays arabo-musulmans partagent un rituel quasi sacré. La diffusion de feuilletons produits essentiellement pour être consommés au cours de ce mois de jeûne.

Une étude menée en 2015 par la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle tunisienne en collaboration avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel belge a dénombré la profération de 225 injures sur près de 69 heures de fictions ramadanesques.

Il y a de la neige partout à Gaziantep, où je vis maintenant après avoir été déplacée de Syrie. Je regarde par la fenêtre et je sens la chaleur envelopper mon corps, et je suis reconnaissante d’être enfin arrivée dans un endroit chaud et sûr où je vivrai avec mon nouveau-né et ma petite famille, où je pourrai me lancer dans une nouvelle vie avec des amis avec lesquels mon mari et moi venons de passer une belle soirée.

La série « Bab Errezq », diffusée sur la chaîne 1 de la télévision nationale tunisienne, explore les conditions difficiles qu’endurent les femmes employées dans les champs.

« Ô nouveaux mariés, voici les invités pour la fête… Mille bienvenues … Allez ! Donnez-nous l’honneur de la preuve ». C’est par cette phrase que la mère félicite sa fille pour son mariage devant la famille et le village tout entier, exigeant une preuve de « l’honneur » de la mariée, c’est-à-dire de sa « virginité », jusqu’à sa nuit de noce..

Mères porteuses, trahisons conjugales... cette année, les séries égyptiennes ont été riches en thèmes touchant à la vie des femmes et à leurs droits, avec un traitement parfois intelligent, d’autres fois injuste.

La série Fallujah, dont la deuxième saison a été diffusée sur la chaîne tunisienne Elhiwar Ettounsi, répond aux questions restées en suspens à l’issue de la première, comme celle de l’affaire du viol de l’étudiante mineure Rahma.

Pendant ce mois de ramadan, la série syrienne « Welad Rabia » a déclenché une mode. La chanson « fahet rihet el baroud » est devenue tendance après sa diffusion dans plusieurs épisodes, et on entend les expressions de Souccar « ma hi choughlti » et « I don’t care » dans la rue et au restaurant.

L’image de la femme algérienne dans les productions ramadanesque se réduit cette année à une « gifle légendaire » reçue par une des actrices et le fait que plusieurs femmes dans la rue aient subi le harcèlement de l’équipe de la caméra cachée.

Dans une société patriarcale qui exclut les femmes des activités productives et de la politique, leur refusant droits et libertés, des milliers d'entre elles subissent chaque jour humiliations, abus et violences, le plus souvent dans leur foyer. Malgré quelques avancées législatives récentes, les viols sont fréquents et souvent impunis, les avortements sont sélectifs, tandis que les attaques à l'acide et les mariages précoces sont en augmentation.