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La loi des séries règne sur les foyers et se poursuit dans les chats à travers les réseaux sociaux. A la tombée de la nuit et après le repas généralement festif de la rupture du jeûne, la tradition dans les pays arabes veut que toute la famille se retrouve devant le petit écran.
Les chaines de tous bords se livrent alors à une course à l’audience accompagnée d’une orgie publicitaire et la montée en flèche du coût des annonces.
Moussalsalat ramadhan doivent être consensuels. Plus clairement : imprégnés de conservatisme et de « règles de bienséance ». Les femmes font les frais de ce dictat en étant représentées par des images criblées de stéréotypes de genre. Les personnages de l’épouse, de la fille, de la sœur, de l’amie, de la voisine ou de la fiancée… sont pour la plupart du temps peu valorisés et subissent violences, humiliations et insultes. Or, cette année, comme nous le racontent les correspondantes de Medfeminiswiya en Syrie, au Liban, en Egypte et en Tunisie, de petites exceptions émergent.
Ainsi qu’une vigilance des féministes, notamment en Algérie, pour dénoncer le sexisme des images. En Tunisie, un nouveau prix de la radio nationale est décerné à la meilleure série favorable aux femmes.
Nonobstant ces avancées, qui se manifestent à travers, par exemple, le personnage de Naamat dans Naamat l’avocate (Egypte) -une professionnelle du barreau brillante et admirée de tout.e.s contrairement à son mari, homme paresseux et jaloux des exploits de son épouse- , ou encore de Sabra dans Bab Rezk (Tunisie) -femme rurale, ayant affronté tous les obstacles pour devenir une ingénieure agricole engagée dans un contexte hostile au leadership féminin-, les séries ramadanesques restent marquées par une faiblesse cognitive et artistique évidente.
Des scénarios mal ficelés, des dialogues peu profonds, un jeu bâclé et des ambiances rappelant les années 70, agissent comme un bémol sur les meilleures intentions. Celles de libérer les protagonistes féminins de ces représentations biaisées et stéréotypées, qui les réduisent à de simples victimes.
Olfa Belhassine est journaliste au quotidien La Presse depuis l’année 1990. Après la Révolution de 2011, elle publie sur Libération, Le Monde et Courrier International des articles témoignant de son expérience de journaliste avant et après la chute du régime du président Ben Ali. En 2013, elle obtient le premier Prix du journalisme du Centre de la Femme arabe pour son enquête sur le mariage coutumier en Tunisie publiée sur le journal La Presse. Elle est depuis 2015 la correspondante en Tunisie de JusticeInfo.net, un site spécialisé dans la justice transitionnelle à travers le monde. Olfa Belhassine et Hedia Baraket ont publié un livre intitulé 'Ces nouveaux mots qui font la Tunisie', une analyse approfondie sur la transition politique en Tunisie après la révolution.
© 2023 Medfeminiswiya - Réseau Méditerranéen pour l'Information Féministe
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