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Représentation politique des femmes à Malte
En 1964, Malte a obtenu son indépendance de l’empire britannique et est devenu une nation souveraine.
En 1947, alors qu’il était encore sous domination britannique, le pays a accordé le suffrage universel. Les élections tenues cette année-là ont également vu la première femme candidate au Parlement. Mais au niveau de la représentation politique, les hommes sont bien plus nombreux que les femmes. Le nombre de candidates a en effet largement plafonné depuis le début des années 2000.
Un rapport de Eurostat, la branche statistique de l'UE, datant de mars 2021, a révélé que Malte a la plus faible proportion de femmes au sein d’un Parlement national européen. Actuellement, il y a neuf femmes sur un total de 67 députés, représentant 13 % de la Chambre. Au gouvernement, seules deux membres sur 20 du Cabinet sont des femmes.
Dans le but d'accroître la participation des femmes à la vie publique, en 2021, le Parlement maltais a approuvé des amendements à une loi visant à introduire un mécanisme de parité homme femme. Si pas plus de deux partis sont élus au Parlement (comme c’est la norme), et si un genre obtient moins de 40 % des sièges, un maximum de 12 sièges, six de chaque côté de la Chambre, peut être ajouté.
Le mouvement féministe à Malte
La lutte pour placer les droits des femmes et le féminisme en tête des priorités de l’agenda public a pris de l'ampleur au cours de la dernière décennie. Bien que menée par des figures féministes clés, la lutte pour plus d’égalité politique, au début et au milieu des années 1990, a plutôt été menée dans les bureaux. Les femmes ne sont pas descendues dans la rue. En effet, à Malte, de nombreux changements législatifs en faveur de l’égalité des droits ont été largement combattus dans la sphère politique plutôt que l’espace public.
En 2016, un acte judiciaire pour que la pilule du lendemain soit disponible à Malte a été déposé par une avocate, militante des droits des femmes, et soutenue par 102 femmes. Elle a constitué le premier pas majeur vers l’obtention des droits reproductifs sur l'île. La pilule du lendemain a été rendue disponible dans certaines pharmacies à la fin de l’année après de nombreux débats nationaux.
L’avortement est juridiquement interdit, et aucune exception n’est faite pour l’inceste, le viol ou lorsque la vie de la mère est en danger (le principe du double effet est appliqué lorsqu’il existe une menace réelle et imminente pour la vie d’une mère). En mars 2018, une première ONG a publiquement déclaré son soutien au droit à l’avortement. Depuis, la Women’s Rights Foundation (Fondation pour les droits des femmes), une organisation à but non lucratif proposant un soutien juridique et des conseils sur un large éventail de questions relatives à la condition féminine, fait activement campagne en faveur des droits reproductifs des femmes.
Le même mois, cette action conduit à la création de Voice for Choice d’une coalition pour les droits reproductifs défendant une position pro-choix, parmi d'autres cris de ralliement.
Doctors for Choice, le premier groupe de plaidoyer au sein de la communauté médical a été formé en mai 2019.
Sur le plan politique, les femmes membres du gouvernement et du Parlement de Malte ont défendu et lutté pour l’égalité des droits et l’égalité de rémunération. L’introduction en 2014 de services de garde d’enfants payés par l'État a nettement amélioré la participation des femmes au marché du travail. En 2019, environ 49 % de la population féminine en âge de travailler occupait un emploi ou cherchait activement un emploi.
En 2021, un député indépendant a choqué le public en déposant une motion parlementaire pour la dépénalisation de l’avortement, qui a été rapidement rejetée.
Formes de discrimination à l’égard des femmes
Malte se classe 84ème sur 156 pays dans le Global Gender Gap Report (rapport mondial sur les différences entre les sexes) du Forum économique mondial 2021, grimpant de six places par rapport au classement 2020.
Selon l’indice 2020 de l'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes, le pays se classe 15ème dans l’UE, avec 63,4 points sur 100. Le classement de Malte est inférieur de 4,5 points par rapport à la moyenne de l’UE.
Depuis 2010, son score a augmenté (+ 0,9 points depuis 2017). Les progrès s'accélèrent et le pays a gagné quatre places au classement depuis 2010.
Le tableau devient moins rose lorsque l’on regarde de près les chiffres sur la violence domestique. Selon l’Office national des statistiques de Malte, par rapport à 2016, le nombre de personnes à avoir eu recours aux services proposés aux personnes victimes de violence domestique a augmenté de 41,2 % en 2019, passant de 1 816 à 2 565.
Sur les 2 565 cas, 80% étaient des femmes dans un pays où la population de 2019 était officiellement enregistrée à 514 564.
Les militantes et militants ont averti depuis longtemps que les chiffres seraient beaucoup plus élevés si la police était plus sensible aux victimes de violence domestique et si des procédures mieux adaptées étaient mises en place. Entre autres changements, une unité spéciale au sein de la police maltaise a été créée en 2020 afin de remédier à ce problème.
Malte est signataire de la Convention d’Istanbul depuis 2012, mais il est généralement reconnu qu’il reste encore beaucoup à faire.
Faits saillants
Malgré une interdiction générale de l’avortement, à Malte les femmes ont droit au divorce et accès à une gamme complète de moyens de contraception facilement disponibles. Plus récemment que ses homologues européennes, une minorité croissante de voix et d’organisations progressistes a relancé le débat et l’action en faveur de l'égalité des sexes.
La célébration publique de la Journée internationale de la femme par les mouvements populaires a gagné en popularité et, en 2021, Malte a accueilli sa première fête pro-choix : Volt Malta.
Traduction de l’anglais vers le français par Elizabeth Grech.