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Photo principale de Zayneb Bouzid. Une œuvre de Laurent Perbos exposée, à l'occasion des JO, sur les marches du Palais Bourbon, à Paris, depuis le mois de mai 2024. Elle représente six Vénus de Milo métamorphosées grâce au talent de l'artiste plasticien Laurent Perbos.
Pierre de Coubertin, l’instigateur des jeux hérités de l’Antiquité grecque doit se retourner dans sa tombe pour cette parité imposée par le Comité international olympique. Lui qui en 1912 prononçait cette sentence : « Le seul véritable héros olympique, je l’ai dit, c’est l’adulte mâle, individuel ». Le temps n’a pas donné raison à Pierre de Coubertin, puisque les femmes athlètes, suivant le slogan des JO, évoluent Toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus loin. Tandis que des nations entières aujourd’hui portent, soutiennent et acclament leurs championnes, notamment lorsqu’elles sont aussi exceptionnelles qu’Ons Jabeur, la tenniswoman tunisienne, ou que Vinesh Phogat, la lutteuse indienne. Ces icones à multiples reprises médaillées redorent l’image d’un peuple, élargissent le champ de ses rêves et lui offrent une bouffée d’oxygène.
Mais, pour les femmes, les compétitions de haut niveau coïncident souvent avec un parcours d’obstacles. Ainsi le sport continue de perpétrer une discrimination de genre : une hypersexualisation du corps des femmes et une négation de ses spécificités, à savoir les cycles menstruels. En Italie, les agressions verbales à caractère raciste à l'encontre des championnes d'origine africaine, qui représentent le pays dans les jeux et tournois internationaux, se multiplient.
Manque d’infrastructures, conservatisme ambiant et confinement du corps des femmes dans les tabous sont les raisons pour lesquelles très peu de sportives accèdent au palier de professionnelles dans les pays du sud. Cependant les exceptions se multiplient ces dernières années. En particulier en Egypte où la réalisatrice Mayye Zayed a filmé pendant quatre ans une pépinière de championnes en haltérophilie. Au Maroc, le cinéaste Karim Hapette a documenté, pour sa part, le quotidien des joueuses du C.A.K FF, club de football féminin à Khénifra, une petite ville de l’arrière-pays, qui s’avère une pépinière de talents.
Dans le monde, le sport a toujours fonctionné comme un moteur de modernité. Pour les femmes, en particulier, il reflète un élan vers une réelle émancipation.