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Le Monténégro est l'un des plus petits pays méditerranéens avec 622 137 habitants. Conformément à sa Constitution, le Monténégro est un pays « civil, démocratique et écologique » avec un « statut de justice sociale, fondé sur l’état de droit ».
Les femmes du Monténégro ont acquis leurs droits civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels à la fin de la Seconde Guerre mondiale en ex-Yougoslavie, État qui a été dissous du fait des nombreuses guerres durant les années 90. Le Monténégro a maintenu son union politique avec la Serbie, république fédérale qui a disparu quand le Monténégro a proclamé son indépendance en 2006.
Après avoir acquis son indépendance, le Monténégro a ratifié toutes les conventions principales relatives aux droits humains, y compris la Convention pour éradiquer toutes formes de discrimination à l’égard des femmes, la CEDEF (CEDAW).
En 2010, le Monténégro présente sa candidature officielle pour adhérer à l'Union européenne. A travers le processus d’intégration à l’Union Européenne, le Monténégro s’est engagé à défendre plus efficacement l’égalité des sexes et les droits des femmes. En ce qui concerne l'égalité des sexes au Monténégro, les principales législations sont la « loi sur l'égalité des sexes » adoptée en 2007 (modifiée en 2015) et la « loi sur l'interdiction de la discrimination » adoptée en 2011.
Cependant, l’application des lois demeure insuffisante. Les femmes sont toujours sous-représentées dans les processus de prise de décision. Elles sont largement sous-représentées au Parlement, au gouvernement et dans les partis politiques ainsi que dans les domaines des affaires et de l’immobilier, etc.
Les formes de discrimination à l’égard des femmes
Les dernières élections législatives de 2020 ont conduit à la victoire des partis d'opposition et à la chute du « Parti démocratique socialiste du Monténégro » au pouvoir. C’est la fin du monopole politique de ce parti suite à l'instauration du multipartisme en 1990. Cependant, cette victoire n'était pas impartiale, car le parti le plus puissant de la nouvelle majorité parlementaire est un parti conservateur et religieux, ce qui pourrait mettre en péril le principe de laïcité et représenter un danger pour les droits des femmes.
L'indice d'égalité des sexes a été évalué pour la première fois au Monténégro en 2020. Le dernier rapport de l'indice réclame un leadership plus fort pour une transformation institutionnelle, jumelée avec la mise en œuvre de ressources financières adéquates en vue de combler le fossé entre les hommes et les femmes.
L'Indice d'égalité des genres est un outil développé par l'Institut européen pour l'égalité des genres (EIGE). Il sert à mesurer les inégalités dans tous les États membres de l'UE et dans ceux dont l’adhésion est en attente.
Avec une valeur d'indice de 55 (sur un maximum de 100 points), le Monténégro a réalisé un score inférieur à la moyenne de l'UE qui est de 67,4.
Au niveau national, l’égalité homme/femmes des Monténégrines est inférieure à celle dont jouissent les Européennes en ce qui concerne, accès au pouvoir, temps, connaissance, argent et travail.
L'égalité la plus élevée a été repérée dans le domaine de la santé. Les plus grandes différences entre les pays de l'UE et le Monténégro ont été enregistrées dans les domaines de l'argent et du pouvoir.
Le mouvement féministe au Monténégro
Au Monténégro, on parle souvent plus d'un mouvement de femmes que d'un mouvement féministe, même s'il existe plusieurs organisations féministes actives dans le pays. De nombreuses activistes et opposantes aux mesures gouvernementales répressives préfèrent ne pas être qualifiées de féministes en raison d’un l'héritage traditionnel et conservateur toujours vivace au Monténégro.
L'une des luttes les plus urgentes des féministes est la bataille pour préserver leurs acquis dans le contexte social et politique actuel qui est alarmant, contexte dans lequel le rôle de l'Église orthodoxe serbe et de ses partisans s’affermit de jour en jour. Il est, aujourd’hui encore, plus solidement établi qu'il ne l’a jamais été au cours des cent dernières années.
Les principales questions à l'ordre du jour des féministes sont : la lutte contre la violence sexiste, l’arrêt de la pratique des avortements en fonction du sexe, l'intégration de l'éducation sexuelle dans le système éducatif, la ré-institutionnalisation des études de genre à l'Université du Monténégro ainsi que le rétablissement de la justice transitionnelle dotée d’une perspective de genre.