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La guerre au Liban touche environ 1,2 million de déplacé.e.s, dont plus de 300 000 enfants, selon des chiffres officiels. Ces personnes vivent dehors sans l’aide suffisante pour s’abriter, se vêtir ou se nourrir. Comme dans toutes les crises, les obstacles auxquels sont confrontées les femmes se multiplient en temps de guerre et de déplacement. Selon les données récentes du Fonds des Nations unies pour la population, environ 2 300 femmes enceintes se trouvent parmi les déplacées, et 260 d’entre elles devraient accoucher le mois prochain. Une grossesse dans ces conditions peut entraîner de graves risques, notamment pour celles qui n’ont pas accès aux soins prénataux et à un accouchement sécurisé.
De plus, la crainte des violences basées sur le genre — un danger accru en situation extrême — peut également affecter la santé des femmes et des filles. Une adolescente de 15 ans a confié au Fonds des Nations unies pour la population : « L’endroit est surpeuplé et je suis mal à l’aise en permanence. Je vis avec des inconnus et j’hésite chaque fois que j’en ai besoin à me rendre aux toilettes. Du coup, je n’y suis pas allée depuis quatre jours, et je commence à ressentir des douleurs. »
Par ailleurs, selon un rapport publié il y a une semaine, environ 56 000 femmes dont 25000 filles en âge de procréer ont été déplacées, depuis l’intensification des bombardements au Liban le 23 septembre. Ce chiffre a probablement augmenté avec la poursuite des déplacements et des frappes dans plusieurs régions du pays, aggravant ainsi l’écart entre les besoins de la population et les ressources disponibles.
C’est dans ce contexte que nous avons rencontré des femmes qui ont lancé, la main sur le cœur, des initiatives pour soutenir les déplacées vivant dans des conditions d’hébergement difficiles. Les écoles transformées en abris pour celles et ceux qui fuient le sud, la Bekaa et la banlieue sud de Beyrouth manquent des services les plus élémentaires. Les réfugiées se plaignent de l’absence de lieux pour se laver et de produits d’hygiène. Les familles affrontent de nombreuses difficultés après avoir quitté leurs villages sans pouvoir emporter leurs effets personnels de première nécessité.
Les initiatives comme celles de Zeinab, Nahla et Jano allument quelques lueurs d’espoir dans cette obscurité oppressante, prouvant que les femmes peuvent faire la différence, même sous les bombardements et la destruction.
Des vêtements pour toutes les tailles
Jano Barakat, activiste du nord du Liban et propriétaire d’une boutique de vêtements féminins, raconte à « Medfeminiswiya » son initiative pour aider les femmes sous les bombardements ainsi que les déplacées. « L’idée de cette initiative est née quand je n’ai plus pu exposer et vendre des vêtements dans les conditions difficiles que traverse mon cher Liban, explique-t-elle. J’ai décidé de faire don de vêtements aux femmes touchées par la guerre, mais j’ai vite réalisé que les besoins dépassaient largement ce que je pouvais offrir en tant que petite entrepreneure, surtout dans cette conjoncture économique difficile. Mon projet initial repose sur le soutien aux femmes en leur proposant des vêtements de toutes tailles, pour leur dire qu’elles sont belles, quelles que soient les normes sociales. J’ai donc tendu la main aux femmes pour qu’elles s’entraident, et plus nous vendons, plus nous pouvons faire de dons. Ainsi, nous créons un pont entre les femmes et celles touchées par la guerre. » Jano ajoute : « L’initiative a été bien accueillie, mais nous en sommes encore à ses débuts. Je travaille à développer des partenariats avec des associations intervenant dans les centres accueillant les déplacé.e.s dans le nord du Liban. »
Des serviettes hygiéniques et des logements
L’initiative de Jano dans le nord du Liban fait écho à celle de l’activiste Nahla Salama, qui s’est engagée à fournir des serviettes hygiéniques aux femmes à Beyrouth et de ses environs. Elle raconte : « L’initiative a commencé en 2021, avec la crise économique au Liban, et s’est poursuivie pendant plusieurs mois. À chaque crise, nous relançons ces campagnes. Aujourd’hui, le pays est en guerre, et les femmes ont un besoin crucial de soutien, sachant que l’aide apportée néglige souvent leurs exigences plus intimes. J’ai donc lancé un appel via une vidéo et des publications sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les gens. Rappelons que notre initiative n’est soutenue par aucune entité, mais notre petit groupe collecte et distribue ces articles malgré tout. »
Zeinab Hamada, activiste et poétesse libanaise, aide depuis le début du déplacement massif de la population, les familles à trouver des logements, des matelas et des produits de première nécessité. Elle utilise sa page Facebook pour publier et recevoir des demandes dans la région du Mont-Liban.
Malgré la gravité de la situation humanitaire au Liban, les initiatives comme celles de Zeinab, Nahla et Jano allument quelques lueurs d’espoir dans cette obscurité oppressante, prouvant que les femmes peuvent faire la différence, même sous les bombardements et la destruction.