Medfeminiswiya casse tous les clichés sur l’incapacité des femmes à construire ensemble dans la bienveillance et avec professionnalisme un projet d’une telle envergure. L’inclusion pourrait être le slogan de ce média qui réussit à mobiliser pour un même objectif les générations, les expériences professionnelles, les cultures et les langues différentes.

A Tunis, chacune a pu parler des femmes de son pays mais aussi de son propre parcours de militante LGBT, d’activiste féministe, de journaliste dans des contextes de violence, sous des lois inégalitaires et sexistes. Ces échanges, intenses ont effacé les frontières car ils ont confirmé que les femmes du Nord comme celles du Sud ont encore des batailles à mener pour arracher l’égalité des droits avec les hommes et en finir avec toutes les injonctions patriarcales sur leur corps et leur pensée.
La montée de l’extrême droite dans des démocraties européennes, le regain du conservatisme et de l’intégrisme religieux dans des pays du sud, l’arrogance de l’ultralibéralisme partout, la tragédie migratoire pourraient décourager l’action féministe. La réalité du terrain, si on peut le dire ainsi, dans la région telle que la décrivent les contenus de Medfeminiswiya démontre pourtant que les femmes sont puissantes par leur extraordinaire volonté d’entreprendre, de grignoter des espaces de liberté et de protéger leurs communautés.
Ce sont aussi des femmes puissantes qui portent ce média. Leur puissance se traduit par cet espoir qu’elles transmettent sur ces combats que les femmes méditerranéennes mènent ensemble pour réclamer la part des femmes dans la croissance économique de leur pays, leur droit à la sécurité, leur liberté de disposer de leur corps et leur rôle essentiel dans la course contre le dérèglement climatique.

Ce regard féministe dit aussi toute la vigueur des collectifs militants dans la région, informe sur les succès remportés des deux côtés de la Méditerranée. Appartenir à ce réseau est une expérience de vie précieuse car il échappe à la guerre du leadership, aux ambitions d’egos qui minent la dynamique de groupe. Ce sentiment d’être « à la maison », ce privilège de s’exprimer sans calculs est certainement dû aux personnalités emphatiques des organisatrices mais également à l’énergie des membres du réseau qui ne parlent que des femmes de leur pays et s’enthousiasment de leurs réussites comme si elles étaient un peu les leurs. À bien réfléchir, c’est en effet le cas.