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Photo de Amel Hadjaj. Femmes sans domicile fixe d'Alger
Nous avons voulu inaugurer ce nouveau dossier sur « Femmes vivant de la rue et dans la rue » dont Medfeminiswiya entame la publication aujourd’hui avec un article sur la Palestine. Car pour ces milliers de femmes déplacées de l’enclave palestinienne, vivre sous une tente équivaut à vivre dans la rue : on se lave dehors, on regarde ses enfants déscolarisés jouer à l’ombre des Himalaya de gravats et on accouche même au milieu des décombres. Cet article, fondé sur le témoignage de la journaliste Rula Abu Hashem, entend reconstituer le quotidien de femmes palestiniennes subissant, malgré elles, le sort, souvent funeste, d’une vie nomade sous les bombes. Il y a maintenant une année !
Avec le nouveau front de guerre qu’Israël vient d’ouvrir au Liban, le même scénario de familles entières, expulsées de chez elles, terrorisées par le bruit de la mort, bagages sur le dos, ou entassés dans une voiture, en quête d’un lieu sûr, se renouvelle. Avec la complicité encore une fois des grandes puissances.
Cependant, la Méditerranée est vaste. Les scènes de vie qui s’y déploient, là où les femmes s’activent dans la rue, sont multiples. Or malgré les droits et libertés que les femmes ont acquis ces dernières décennies à la faveur des luttes féministes, l’espace public reste, dans beaucoup de villes et villages des deux rives de la Méditerranée, un territoire dominé par le masculin pluriel. La rue est toujours hostile aux femmes, notamment lorsqu’elles vivent des situations de fragilité économique et sociale. Lorsqu’elles sont sans abri en Algérie, prostituées à Rome, tatoueuses et vendeuses ambulantes, sans grande envergure, sillonnant les rues de Tunis, du Caire ou de Damas, chacune à sa manière et selon ses moyens.
La rue est toujours hostile aux femmes, notamment lorsqu’elles vivent des situations de fragilité économique et sociale.
Nonobstant tous les dangers et parcours d’obstacles qu’affrontent « les femmes vivant de la rue et dans la rue », leur sens de la résistance et de la résilience ne font que se démultiplier à chaque fois qu’elles subissent l’adversité de l’espace public : harcèlement sexuel, campagnes punitives de la police, conditions de vie et de travail impossibles. Nombre d’entre elles, croulant sous les responsabilités familiales, démontrent leur capacité à mobiliser des ressources spatiales locales pour organiser leur quotidien et générer des moyens de subsistance.
En contre champ de ces contextes dominés par la misère, la contrainte et la vulnérabilité, des femmes, en Tunisie, ont choisi, pour s’approprier la ville, de l’utiliser comme un champ d’expérimentation et d’expression artistique à travers la performance, la danse et le théâtre de rue. Une manière de mettre l’art et la culture à la portée des passant.e.s du sans souci.
Les sept enquêtes, reportages et portraits de ce dossier sur « Femmes vivant de la rue et dans la rue », poursuit l’exploration de la marginalité au féminin traitée auparavant par Medfeminiswiya, sont menés à la faveur d’un travail de terrain soucieux de l’humain.