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Le drame de se retrouver réfugié·es … une fois de plus

Celles et ceux qui cherchent refuge pour la première fois, cherchent des réponses. Celles et ceux pour qui cette situation dure depuis des années savent qu’il s’agit d’une longue attente et que cet état de déracinement halluciné n'est que le début d'un processus de mise au rebus de leur propre vie qui peut durer des années. Chronique de Patricia Simón depuis la frontière ukrainienne.

Patricia Simon Patricia Simon
16 mars 2022
dans Explorations, Reportages
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Cette publication est également disponible en : العربية (Arabe)

Przemysl/Makedy (Frontière entre la Pologne et l’Ukraine)

La petite fille porte le chien dans ses bras, son regard fixe un point indéfini ; le turban sur une chevelure aussi claire que sa peau lui donne un air aristocratique. Autour d’elle, un fourmillement de gens qui vont et viennent sans but précis, tandis que sa mère se concentre sur les caresses qu’elle prodigue au chien pour éviter de prêter attention à ce qu’il se passe autour d’elle – le délitement de centaines de vie, y compris la sienne. Sur la droite, la sœur aînée ressemble à une délicate coupe en cristal sur le point de se briser : ses cheveux négligés sont retenus en queue de cheval basse, ses yeux sont gonflés et rouges, ses mains tremblantes sont cramponnées à son téléphone portable, dernier vestige de son ancienne vie.

Deux sœurs avec leur animal de compagnie dans la gare de Przemysl, en Pologne. P.S.

Dans la gare de Przemysl, à la frontière qui sépare la Pologne de l’Ukraine, la mise en scène de la tragédie se déroule parallèlement à deux rythmes différents. Les familles ukrainiennes, en majorité des femmes et des enfants – les hommes ont été mobilisés pour faire face à l’invasion – déambulent dans le hall de la gare centenaire à la recherche de renseignements : où pourront- elles dormir ? Quand partira un autobus qui les emmènera dans la ville où elles connaissent quelqu’un pour les accueillir ? À quelle heure arrivera le bus avec les êtres chers laissés derrière elles ?

Migrant·e·s, déplacé·e·s, personnes en transit ou quel que soit le nom qu’on veut leur donner – celles et ceux pour qui la condition de réfugié·e dure depuis des années conversent assis par terre ou sont allongés dans un demi-sommeil. Celles et ceux-là savent que cet état de déracinement halluciné dans lequel on regarde sans voir, et dans lequel on avance pour être toujours plus loin de chez soi, n'est que le début d'une mise à l’index de leur propre vie qui peut durer des années... ou toujours.

Afiza, 18 ans, vient d’Afghanistan et vivait depuis presque trois ans en Ukraine avec ses parents et ses deux frères lorsqu’ils ont dû fuir de nouveau emportant juste quelques papiers. La jeune fille somnole enveloppée dans une couverture pendant que sa mère se repose d’un trajet de 30 kilomètres dans une chaise roulante qui lui a été prêtée à la gare. « Nous avons déjà vécu ça. Maintenant il faut repartir de zéro et nous n’avons aucune idée de l’endroit où nous pourrons recommencer nos vies », raconte Afiza, qui ne juge pas utile d’expliquer de nouveau pourquoi elle et sa famille ont dû abandonner leur pays. « Nous ne savons pas vers où nous allons nous diriger, nous aspirons seulement à ce que ce soit un endroit où nous pourrons vivre bien » ajoute-t-elle.

Afiza avec sa famille dans la gare de Przemysl P.S.

Si certains doutent de l’importance de documenter la barbarie, ce ne sont pas celles et ceux qui en ont souffert et qui, chaque fois que cela leur est possible, la documentent pour ne pas oublier que l’incroyable, l’inexplicable est arrivé… une fois de plus.

Juste en face d’elle, se tient Hasnat Ahmad Intagran, un étudiant en médecine qui, comme les dizaines de milliers d’étudiants étrangers qu’accueillait l’Ukraine jusqu’à présent, craint que tous les efforts consentis par lui et sa famille, aient été vains. « Pendant trois jours, nous avons tenté d’arriver à la frontière sans rien à manger ni à boire » raconte-t-il, tandis qu’à ses côtés un autre étudiant indien, qui préfère taire son nom et cacher son visage à la caméra, acquiesce. « Nous disons à nos familles que tout va parfaitement bien : Nous ne voulons pas qu’ils nous voient ainsi, dormant à même le sol, ni qu’ils sachent que nous avons faim », explique-t-il. C’est une position partagée par de nombreux·ses autres réfugié·e·s, qui n’acceptent pas d’être photographié·e·s dans ces conditions ou refusent de prendre le temps d’expliquer pourquoi ils ont fui.

Hasnat Ahmad Intagran dans la gare de Przemysl P.S.

Les déplacé·e·s se sont regroupé·e·s dans la gare par région d’origine. Dans un coin, une population majoritairement noire tente de trouver le sommeil pendant qu’un volontaire organise les transferts en autobus et véhicules privés vers d’autres villes. Bien que la crise ukrainienne soit le centre de l’attention des grandes puissances internationales depuis des semaines et que l’invasion russe se soit produite depuis déjà une semaine, on ne détecte rien qui ressemble à un quelconque plan d’accueil mis en place ou soutenu par la communauté internationale ou par l’Union européenne. Ni ici, ni à Medyka, par où a transité une quantité significative de ce million de personnes qui, selon les estimations des Nations Unies, se sont vues forcées d’abandonner le pays depuis le début de la guerre.

Seuls quelques dizaines de volontaires polonais·e·s s’affairent à cuisiner un peu de nourriture chaude, prennent la peine de recenser les noms et celui des villes où les réfugié·e·s ont des connaissances, et de les prévenir lorsqu’une voiture ou un autobus s’apprête à partir pour cette destination. C’est le cas de Caterina, une jeune femme de 21 ans qui vivait à Ivano-Frankivsk – une ville à l’ouest de l’Ukraine – et qui a vécu plusieurs années à Barcelone avec son père. « Je ne sais pas comment expliquer ce qui nous est arrivé. Un jour j’étais étudiante en coiffure et le lendemain, je me retrouve à fuir mon pays sans rien et sans savoir comment parvenir à destination ». Au moins, Caterina connait sa destination : la maison de sa mère en Pologne.

L’Ukraine et la Pologne sont deux pays qui entretiennent d’étroites relations commerciales, familiales et sociales. Au sein des familles ukrainiennes, il est fréquent d’avoir des parents qui ont migré dans le pays voisin pour améliorer leurs conditions de vie. C’est pourquoi certaines disposent de ce qu’il y a de plus précieux lors d’un exode : un réseau de soutien. Justement ce que devrait garantir l’Union européenne en pareil contexte. Et son absence laisse le champ libre à une pléiade de personnages hétéroclites qui ne manquent jamais de faire acte de présence dans ce type de crises humanitaires dans les pays du Nord global.

Femmes ukrainiennes déplacées de guerre traversant la frontière en direction de la Pologne. PATRICIA SIMÓN.

À Medyka, le poste frontière qui a été sous le feu des projecteurs ces derniers jours, pullulent une vingtaine d’entre elles : un jeune Suédois, à qui sa chevelure donne un aspect messianique, vêtu d’une chasuble et d’un habit noirs, passe accompagné d’un Canadien en uniforme de camouflage couleur sable, affirmant qu’il va aller en Ukraine se battre contre les Russes, en même temps qu’il converse par téléphone avec son prétendu supérieur. Près d’eux, un autre jeune s’identifie comme médecin volontaire mais nie faire partie de l’organisation dont son gilet arbore le logo: Rescuers without Borders – la seule qui ait monté une minuscule tente près de la frontière –, une organisation israélienne de volontaires médicaux dont le sigle est bien moins visible que le drapeau du pays dont elle provient.

Un peu plus loin, ce sont de nouveau des Polonaises et des Polonais autogéré·e·s qui distribuent du thé, du café, de la nourriture, des vêtements et qui donnent des informations à celles et ceux qui arrivent dans le désarroi le plus total. Ils le font par une température de 0°C degrés et juste protégés sous une tente. Auprès d’eux, Cristina regarde fixement les portiques lumineux par lesquels arrivent les personnes déplacées. Elle vient de franchir la ligne et sa silhouette, vêtue d’un manteau gris flanquée d’une valise rouge, se détache au milieu de l’obscurité. Elle a 17 ans et arrive de Lviv, une ville qui s’est convertie en refuge pour des dizaines de milliers de déplacé·e·s mais où Cristina ne se sentait pas en sécurité. « Mon père, ma mère, mon frère sont tous restés là-bas mais, moi, je ne pouvais pas vivre avec cette peur » explique-t-elle pendant qu’elle attend, qu’à un moment ou à un autre, arrivent quelques·uns de ses amis qui connaissent des gens disposés à les accueillir à Varsovie.

Cristina a 17 ans et vient de Lviv. P.S.

Un monde en fuite

Si nous ne voyons pas arriver les amis de Cristina, en revanche, comme surgis du néant, apparaissent une cinquantaine de Vietnamiens, dont nous ignorons pour quelles raisons ils vivaient Ukraine car aucun d’eux ne parlait anglais ou français et aucun journaliste présent ne parlait ukrainien ou vietnamien. Les limitations imposées par le manque de ressources pour engager des traducteurs est un facteur que nous n’avons pas l’habitude de signaler comme il se doit dans nos chroniques. Le profil du déplacé ou réfugié s’exprimant en anglais suppose déjà un filtre en termes de niveau d’éducation et de classe sociale. À cela s’ajoute le fait que, souvent, la qualité de l’échange d’information se voit considérablement dégradée, car l’anglais n’étant pas la langue maternelle des réfugié·e·s, il est normal qu’ils ne puissent pas s’exprimer avec toutes les nuances et la profondeur qu’ils pourraient développer dans leur propre langue. C’est pourquoi, dans des villes comme Lviv, les volontaires qui se consacrent à la traduction sont exemptés de remplir d’autres tâches pour la communauté dans le contexte de la guerre.

Groupe d’étudiants tunisiens à l’aéroport de Cracovie, avant leur évacuation par l’ambassade de leur pays. P.S.

La veille, à l’aéroport de Cracovie, à trois heures de voiture de la frontière, une centaine d’étudiants tunisiens se remettaient de leur fuite, installés dans la cafétéria. C’est dans ce même local que le personnel de leur ambassade gérait leur transfert en Tunisie par avion militaire. Deux filles et trois garçons attablés se montrent sans relâche les vidéos qu’ils ont prises durant la débandade. Ils étaient étudiants en médecine et en pharmacie à Kharkiv, la ville, qui, jusque-là, avait le plus souffert des bombardements russes.

« Nous n’avons rien pu emporter d’autre que nos papiers d’identité. Nous sommes partis en courant à la gare, mais regarde de quoi ça avait l’air ! » se remémore Tayssin Labidi, une jeune fille au visage expressif, en montrant une vidéo sur lequel on distingue une meute de personnes qui, à grands cris, tentent de monter dans le train, d’abord pour Kiev et ensuite pour Lviv. « A partir de là nous avons dû marcher soixante-dix kilomètres jusqu’à la frontière ». Quelques minutes avant, j’avais remarqué les difficultés qu’avait la jeune fille à se déplacer. « Bien que cela ne soit pas vrai, nous disions à nos familles que tout allait bien. J’ai passé quatre années merveilleuses à étudier la médecine dans cette ville. Je ne sais pas si nous pourrons revenir et continuer nos études. Ou si nous allons perdre toutes les qualifications validées jusqu’à présent » ajoute-t-elle.

Pendant ce temps, ses amis racontent encore et encore comment les bombes tombaient de toutes parts et insistent pour montrer leurs enregistrements vidéo. Si certains doutent de l’importance de documenter la barbarie, ce ne sont pas celles et ceux qui en ont souffert et qui, chaque fois que cela leur est possible, la documentent pour ne pas oublier que l’incroyable, l’inexplicable est arrivé… une fois de plus.

Cet article a été publié pour la première fois sur La Marea
Patricia Simon

Patricia Simon

Journaliste multimédia, écrivaine, chercheuse universitaire et professeure de journalisme d'investigation à l'Université ouverte de Catalogne (Universitat Oberta de Catalunya - UOC). Patricia est spécialisée dans les domaines du genre et des droits humains. Ses reportages ont couvert plus de 25 pays. En 2020, elle a documenté les manifestations en Irak, les conséquences de la pandémie COVID-19, l'incendie du camp de réfugiés de Lesbos, ainsi que les élections présidentielles américaines. Elle a publié plusieurs livres et contribué à certains ouvrages sur les femmes migrantes, la violence sexiste, le journalisme et le féminisme. Elle a reçu le prix 2013 de l’AMECO (Association of Women of the Media Award).

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