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L’écoféminisme, un mouvement né probablement depuis le temps des sorcières au XVe siècle, établit, lorsqu’il s’est structuré dans les années 70, une corrélation entre la lutte pour la sauvegarde de la planète et les droits des femmes. Il relève les similitudes entre les systèmes d'oppression des femmes par les hommes et la surexploitation de la nature par un système capitaliste et extractionniste dominé par le patriarcat. Le pacifisme et la lutte contre le nucléaire sont les combats fondamentaux de ce féminisme. Dans un monde utopique, il serait une alternative possible pour réenchanter la planète terre. L’Italienne, Laura Cima, l’une des pionnières de l’écoféminisme dans son pays ne va-t-elle pas jusqu’à le considérer comme « une révolution nécessaire » ?.
Mais une fracture quasi idéologique s’observe entre les féministes des deux rives de la Méditerranée quant à l’importance de ce mouvement. Car si la cause de l’écologie progresse dans le monde arabe, elle n’a pas encore complètement investi le domaine public. Les climatosceptiques y sont nombreux, les partis verts se comptent sur les doigts d’une seule main et les manifestations pour un environnement sain et viable sont absentes. Au Moyen Orient, où les guerres restent cycliques et récurrentes, au Maghreb, où les libertés individuelles font défaut, l’écologie apparaît souvent comme un luxe occidental, une préoccupation de « riches ».
Pourtant partout au sud de la Méditerranée, les changements climatiques font souffrir les femmes, les affament, les livrant à la violence des hommes et au déplacement forcé. En Tunisie, dans les iles de Kerkennah, les femmes se convertissent en pêcheuses de palourdes, un métier très dur, car la mer a grignoté la terre et interdit toute agriculture de subsistance qui leur était traditionnellement dévolue. Dans les régions reculées du Maroc la désertification et la pauvreté endémique poussent les parents à marier leurs filles mineures. A Alger, durant l’été 2023, période d’intense chaleur (+ de 50°), les femmes ont été plus affectées que les hommes par un excès de mortalité. Alexandrie, en Egypte, pourrait être submergée par les eaux. Le Liban est totalement vulnérable et dépendant des fonds occidentaux à cause, entre autres, de la destruction de la mer et de la montagne…
Mais une fracture quasi idéologique s’observe entre les féministes des deux rives de la Méditerranée quant à l’importance de ce mouvement.
Les effets de ce dérèglement climatique se ressentent de plus en plus entraînant des initiatives intéressantes de femmes vivant sur la rive sud, tels le potager partagé d’Ommi Faiza en Tunisie ou encore le travail de Sara Rajab en Egypte, une ingénieure qui créé un matériau écologique à base de déchets plastiques…
« À un moment de l'histoire où la concentration des richesses, et du pouvoir qui en découle, sont entre les mains d'un très petit nombre de personnes, toutes de sexe masculin, nous devons nous rappeler de l'extraordinaire puissance générative des femmes… », clame dans son interview Laura Cima.
Comment ne pas lui donner raison !