Crédit photo de l'image de couverture : Les vieilles copines de Lucia d'Apote, Premier prix du concours photos FFMED
Le jury composé par Juliette Dupuis-Carle, photographe documentaire, Margot L’Hermite, photographe politique et Bérénice Millereau, co-présidente de l’association culturelle et féministes, les Aliennes a reçu 250 photos. Des clichés envoyés d’Algérie, Croatie, Égypte, Espagne, France, Grèce, Italie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie et Turquie. Trois photos lauréates et un coup de cœur ont été retenus.
La première image retenue a été réalisée par Lucia d’Apote (Italie) et est intitulée « Les vieilles copines ». Le second prix a été attribué à Fouad Maazouz (Maroc) pour sa photo « Eclats d’audace ». Enfin, « Ecoféminisme » d’Aurèle Castellane (France) a reçu le troisième prix. Le FFMed a de son côté eu un coup de cœur pour l’image « Horizons urbains » de L’association W(e) Talk France – Lyon.
17 autres clichés ont suscité l’intérêt du jury pour avoir rendu visible la présence des femmes dans l’espace public à travers des perspectives et des styles différents. Le Fonds pour les femmes en Méditerranée rend hommage à leurs auteurs et autrices en les publiant .
Histoires d’amitié féminine, d’audace et de résistance
« La rue nous appartient aussi » est un sujet qui fait naturellement appel à la « street photo » comme technique et courant de prise d’image. C’est une pratique de la photographie en extérieur, née dans les années 50 et dont l’objet principal est une présence humaine captée dans des situations spontanées.
Plus que jamais ici la notion de « l’instant décisif » décrite par Henri Cartier-Bresson, photographe français de renom, est capitale. Il s’agit selon le National Geographic de : « cette fraction de seconde où tout se met en place, les éléments visuels comme émotionnels, pour exprimer quelque chose de fort ».
Voilà ce que traduit très bien la photo gagnante du premier prix captée par l’Italienne Lucia d’Apote en Sicile. Le cliché donne à voir deux vieilles femmes en tenue estivale assises à l’extérieur, sur le palier d’une ancienne maison. L’une portant des lunettes et un air sérieux tandis que l’autre est pliée de rire. On imagine que l’hilarité de la mamma italienne a été provoquée par une blague exprimée par sa copine pince sans rire. Toute une histoire ! Une histoire, qui se passe de mots. Voilà la preuve que la photo est réussie d’autant plus que saisie en noir et blanc, ce faisant elle donne l’opportunité d’admirer l’aspect textural et graphique de l’arrière-plan.
Pareillement en noir et blanc, « Eclats d’audace », de Foued Maazouz, image également de très belle facture, sort quelque peu du thème du concours en le convertissant en : « Le ciel est à nous aussi ». On y voit une jeune femme sauter à partir d’un rocher dans le vide ou encore plonger dans la mer de Tanger devant le regard indifférent d’un garçon de son âge. Son élan est beau et rappelle les mouvements audacieux des athlètes des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris.
La troisième photo primée signée Aurèle Castellane représente une manifestation d’écoféministes à Lyon. Des militantes en colère y scandent des slogans contre la destruction de notre espace vital, la terre, l’air et la mer. Ici, l’instant est politique et la rue déborde de cris, d’agitation et d’énergie. En les saisissant en contre plongée, les visages animés d’émotions diverses, la photographe fait ressortir toute la puissance de la résistance des écoféministes. Et aussi l’humanisme, qui émane de son travail à elle.