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Comment avez-vous obtenu les données chiffrées sur les droits sexuels et reproductifs compte tenu de l'illégalité de l'avortement et plus généralement du silence autour de l'accès au droit à l'avortement sécurisé et à la contraception dans la région MENA?
Les chiffres sur l'avortement sont effectivement difficiles à obtenir du fait de l'illégalité. Il n'existe pas de chiffres officiels dans la région. En revanche, il y a des données publiées sur les droits sexuels et reproductifs le plus souvent dans les médias ou dans les rapports officiels de l'UNFPA, le site Guttmacher et l'OMS. Ce sont ces chiffres que nous utilisons pour notre plaidoyer : prévalence contraceptive, taux de grossesses non désirées, nombre d'enfants par femmes en âge de procréer, mortalité maternelle etc. Dès lors que les femmes n'ont pas accès à la contraception, le nombre de grossesses non désirées est également plus élevé, ce qui laisse à penser que des avortements sont effectués. Nous utilisons surtout des données qualitatives pour mettre en avant les difficultés que rencontrent les femmes pour l'accès à l'avortement sans risques. Nous collectons des témoignages de femmes ou de professionnels de santé.

Avec le webinar que vous avez organisé en juillet dernier pour les journalistes et le guide à l'intention des médias sur l'avortement sécurisé dans la région MENA que vous avez divulgué, vous vous employez à faire levier sur les mentalités grâce à l'action médiatique, cependant les journalistes et les activistes peuvent-ils vraiment traiter librement du sujet sans être inquiétés par les autorités des pays MENA où l'avortement est interdit?
Oui, les journalistes et les activistes peuvent traiter du sujet de l'avortement dans la région, particulièrement en basant leur argumentation sur les situations engendrant des complications graves et des atteintes aux libertés des femmes qui font suite à des pratiques d'avortements clandestins et non sécurisés. C'est les fondements du plaidoyer dans les pays où l'avortement est illégal.
Les points focaux de Rawsa proposent-ils un service d'écoute et d'aide aux femmes en détresse, notamment par rapport à des maternités non désirées?

Notre projet actuel vise à créer un réseau d'activistes et d'organisations défendant le droit à l'avortement dans la région, de consolider leurs compétences en matière de plaidoyer et de renforcer les liens pour défendre ensemble cette cause. A ce stade nous ne faisons pas d'assistance directe et nous ne proposons pas de service d'écoute. C'est cependant une idée que nous avons discuté au sein de RAWSA MENA, dans l'optique d'un projet futur. Nous devons avant tout solidifier notre base de partenaires avant de développer encore nos activités.
Le réseau Rawsa existe depuis 3 ans, quels sont vos acquis ? Quels sont vos objectifs prioritaires ?
Les acquis sont essentiellement la constitution de la plateforme et la mise en place d'un réseau d'échange d'expérience et de formation afin de renforcer les capacités de nos points focaux ainsi que de nos membres les plus actifs et engagés. Quant à Nos objectifs prioritaires, ils consistent à renforcer nos partenariats et notre présence dans la région ainsi que d'augmenter la visibilité à l'échelle internationale du réseau RAWSA MENA.