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Douze photos de femmes, aucune d’entre elles n'est "célèbre" ni connue des médias ; une pour chaque mois de l'année 2021, chacune avec un masque sur le visage. Médecins, infirmières, aides à domicile pour personnes âgées… elles ont toutes été photographiées par Paola Cavallari, ancienne enseignante, éco-féministe militant dans le réseau pour la durabilité Dallastessaparte, et créatrice de l'Observatoire interreligieux sur la violence contre les femmes.
Paola les a « immortalisées » dans un calendrier singulier, qui peut être téléchargé sur facebook et imprimé librement par qui le souhaite. Un geste, non seulement pour avoir un calendrier avec des images de vraies femmes luttant en première ligne contre la pandémie à l’abri de la clameur médiatique, mais aussi pour protester contre celui lancé début janvier par Codacons.
La Coordination des associations pour la défense de l'environnement et des droits des usagers et des consommateurs, communément appelée Codacons, est une association très puissante en Italie. Elle a été fondée en 1986 dans le but d'aider les groupes et même les individus dans leurs litiges contre les multinationales, voire contre l'administration publique, en cas d'abus.
A la fin de l'an dernier, Codacons a sorti un calendrier pour le moins embarrassant, accompagné d'un "concours", encore pire, pour voter pour la plus belle image parmi celles correspondant aux douze mois de l’année : des corps de femmes nues dans un style parfaitement pornosoft défilent ainsi au gré des saison. Le tout est affublé d’un titre douteux : Italienza (synthèse entre Italie et résilience).
1. Janvier
2. Février
3. Mars
4. Avril
5. Mai
6. Juin
7. Juillet
8. Aout
9. Septembre
10. Octobre
11. Novembre
12. Décembre
La réponse ne s'est pas fait attendre : plus de 60 associations ont lancé une pétition sur Change.org pour demander aux Codacons de retirer tous les exemplaires de son "calendrier". L’action de l'association de consommateurs a suscité des critiques de la part de femmes et d'hommes un peu partout en l'Italie : "Comment est-il possible, ont déclaré les signataires, qu'en 2021, après tant de batailles menées par les femmes pour faire tomber les stéréotypes de genre si fortement enracinés dans notre culture, vous pensiez que pour représenter la résilience italienne il n'y ait rien de mieux que de photographier 12 jeunes femmes nues simplement "couvertes" d’un masque tricolore ? Les femmes ont montré leur résilience pendant la pandémie en travaillant dans les hôpitaux, les supermarchés, les entreprises de nettoyage et d'assainissement, dans les RSA, dans les écoles, en continuant à enseigner à distance de leur domicile, en gérant en même temps leur profession, leurs enfants, le handicap, leurs parents âgés, allant parfois jusqu’à perdre leur emploi»
Représentées dans leur vérité, leur beauté simple et leur force, ces femmes symbolisent le monde féminin dans sa majorité, celui qui, dans le pays, porte chaque jour le fardeau des soins, entre les quatre murs du foyer comme à l'extérieur.
Voici donc la proposition de Paola Cavallari et de son calendrier de vraies femmes. Représentées dans leur vérité, leur beauté simple et leur force, ces femmes symbolisent le monde féminin dans sa majorité, celui qui, dans le pays, porte chaque jour le fardeau des soins, entre les quatre murs du foyer comme à l'extérieur.
D’ailleurs, il n'est pas surprenant que Paola Cavallari ait dédié son travail à la bergère Agitu Gudeta, la réfugiée éthiopienne symbole de d'intégration, assassinée fin décembre 2020 dans sa maison du Trentin par l’un de ses collaborateurs.
Ce beau calendrier est disponible sur la page Facebook Ecofeministe e sostenibilità.
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