Dire NON à la violence est une entreprise

Dans la province de Caserte, une coopérative de femmes - EVA - est active depuis 1999. Elle gère 5 centres anti-violence, 3 maisons d'accueil, 3 entreprises pour que les femmes qui ont été victimes de violence puissent finalement pratiquer leur autonomie.

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Quatre femmes s'affairent autour d'un comptoir en acier. Sur l'étagère, des cageots de pommes annurche, une spécialité de la région, parfumées et km 0. Avec des gestes habiles et un regard concentré, maniant de petits couteaux bien aiguisés, les pommes lavées sont évidées, hachées et jetées dans de grandes marmites. Avec l'ajout de cannelle et de sucre roux, elles deviennent l'une des confitures les plus réussies des « Ghiottonerie di Casa Lorena » (Gloutonneries de la Maison Lorena). Mais le véritable succès de cette entreprise de restauration, gastronomie, petite boulangerie et confitures, créée il y a 10 ans par la coopérative sociale EVA, est un autre.

Toutes les femmes qui travaillent à les Ghiottonerie di Casa Lorena, ainsi qu'à Eva.Lab et à La Buvette d’EVA, les deux autres entreprises créées par la cooperative EVA, sont des femmes qui ont été victimes de violences. Grâce à ce travail, elles découvrent, ou redécouvrent, leur propre autonomie après une longue période de souffrance. Elles sont toutes (ou ont toutes été) suivies par les opératrices des cinq centres antiviolence qu'EVA gère en Campanie.

En plus d'un nouvel emploi, d'un contrat de travail régulier et non « au noir » et d'un salaire à la fin du mois qui leur redonne force et dignité, elles apprennent à gérer leur propre argent, ouvrent pour la première fois un compte bancaire personnel (en Italie, seules 37 % des femmes en ont un) et sortent de la condition de dépendance qui avait cimenté leur « appartenance » à un homme qui disait les aimer, mais qui s'est vite révélé un persécuteur.

Elles ont été soutenues et accompagnées sur le chemin difficile de la libération d'un partenaire violent, lors des procès suite aux plaintes pour abus et maltraitances, pendant les longues procédures de séparation, ou de divorce, ou encore d’obtention de la garde des enfants. Certaines d'entre elles ont été accueillies dans l'un des trois foyers gérés par EVA, avant de pouvoir finalement louer une maison. Beaucoup d'entre elles ont reconstruit, avec l'aide des psychologues et éducatrices de EVA, leur relation avec des fils et des filles traumatisé.e.s par des années de violence domestique.

Il y a eu un tournant dans la vie de chacune d'entre elles : le moment où elles ont compris qu'en continuant à endurer la violence en silence – comme le veulent les conventions sociales, comme doit le faire une (bonne) épouse, elles mettraient en danger non seulement leur propre vie, mais aussi et surtout celle de leurs enfants.

L'équipe d'EVALab, avec de gauche à droite : Carmela Amodio, créatrice de mode, Maddalena Marciano, superviseure du design et professeure à l'Académie des Beaux-arts de Naples, Daniela D'Addio, vice-présidente de la coopérative EVA et coordinatrice de l'atelier, Wioletta Sadel et Teresa Cantelli, couturières.

« Je ne voulais pas enlever le père à mes enfants », disent-elles dans la plupart des cas. Et c'est justement à travers leurs enfants que les hommes contrôlent et dominent leurs femmes, les enfermant dans les travaux ménagers et le soin à apporter à leur famille, des taches qui incombent aux mères, à elles seules, en tant que « fimmine » (femelles, en dialecte local).  Le plus souvent d’ailleurs, ils les forçent à quitter leur emploi quand elles en ont un : « Je m'occuperai de toi, promettent-ils. Qu’on ne dise pas que Je ne suis pas capable de subvenir aux besoins de ma femme ».

EVA, une entreprise coopérative féministe

« Lorsque nous avons créé la coopérative en 1999 et ouvert le premier centre anti-violences féministe dans notre région, il n'y avait aucune structure de ce type dans toute la province de Caserte », se souvient Lella Palladino, sociologue, l'une des fondatrices de la coopérative dont elle a été également présidente. Eva compte aujourd'hui 20 membres et une quarantaine de travailleuses.

En Italie, les premiers centres anti-violences gérés par des associations de femmes ont vu le jour au début des années 1990, dans de grandes villes comme Milan, Bologne, Palerme, Rome et Gênes. Leur force résidait – et réside toujours – dans la relation entre les femmes, les « opératrices » et les « survivantes », et dans l'interprétation politique de la violence masculine à l'égard des femmes. D’après le féminisme, celle-ci ne saurait se réduire à des actes isolés qui empoisonnent la vie de certaines d’entre elles. Il s’agit, en revanche, d’un phénomène social systémique qui touche la vie de toutes, sous une forme ou une autre, alimenté et légitimé par la culture patriarcale et les rôles stéréotypés attribués aux hommes et aux femmes au cours de l’histoire.

« Il faut considérer aussi que nous nous trouvons dans l'une des régions italiennes, la Campanie, où les femmes sont les plus mal loties », ajoute la sociologue.

Selon les données publiées en novembre 2022 par la Cour des Comptes italienne, moins d'une femme sur trois (29,1 %) dans la région a un emploi rémunéré, alors que le taux d'emploi moyen national est de 49,4 % (environ une femme sur deux). Ce sont les femmes qui assument 75 % du total des heures de travail non rémunéré liées aux soins et à l'éducation des enfants (contre une moyenne nationale de 67 %), selon les estimations de l'OIT, l'Organisation Internationale du Travail, qui identifie précisément ce « welfare familial » comme étant la cause du très faible taux d'occupation des femmes en Campanie.

« On continue à ne pas lire ces données en relation avec celles relatives à la violence, à commencer par la violence économique, l'une des formes les plus répandues de contrôle et de maltraitance des femmes », souligne Lella Palladino. Elle donne quelques exemples : « Interdire à la femme de travailler en dehors de la maison, ou l'obliger à faire créditer son salaire sur un compte courant au seul nom de l'homme. Ce sera lui à attribuer de petites sommes pour les courses, qu'elle devra toujours mendier, une humiliation continuelle. Et dès qu'elle ose s'opposer à son conjoint, les insultes et les dénigrements commencent : “ C'est moi qui te maintiens, tu dois faire ce que je dis”. Au fil du temps il resserre de plus en plus la chaîne autour de son cou, et les violences augmentent ».

C'est pourquoi les fondatrices de la coopérative EVA ont vite compris que sans emploi, même après un parcours dans un centre antiviolence, les femmes risquaient de retomber dans une relation de dépendance économique, voire de retourner auprès du même partenaire violent.

« Ici, le chômage est très élevé pour tout le monde, pas seulement pour les femmes, même pour les jeunes, même pour les hommes. L’alternative est le travail « au noir », sans contrat, sans droits. Et au-dessus de tout, il y a la camorra, le crime organisé qui contrôle le territoire, explique Lella Palladino. C'est pourquoi nous avons été obligées de l’inventer, le travail pour les femmes qui sortent de la violence ! »

C'est ainsi que les deux premiers ateliers d'insertion professionnelle pour femmes victimes de violences ont vu le jour : Le Ghiottonerie di Casa Lorena et Eva.Lab. Tous deux basés – et ce n'est pas un hasard – à Casal di Principe.

Casal di Principe : promouvoir la légalité au pays de la camorra

Les rues sont étroites, désertes, presque toujours à sens unique, en partie seulement bordées par des trottoirs carrelés et cahoteux. Les maisons ont de grandes portes en tôle qui bloquent la vue et ferment les voies d'accès aux cours intérieures. Autrefois, les charrettes y passaient, puis les tracteurs. Aujourd'hui, ce sont surtout les voitures qui les empruntent. Au rez-de-chaussée, il n'y a souvent pas de fenêtres extérieures. Ce n'est que depuis les mezzanines, dotées d'étroites terrasses, qu'il est possible de voir la rue, les cours des maisons voisines, l'étendue des toits de Casal di Principe, ce village d'environ 20 000 habitants qui a donné son nom au clan des Casalesi, l'une des plus puissantes organisations de la camorra, le crime organisé en Campanie.

Les bâtiments qui abritent Le Ghiottonerie di Casa Lorena et Eva.Lab sont également de ce type.

Intérieur du Maschio Angioino à Naples, avec une exposition de meubles créés pour l'événement Napoli Moda Design (10-12 juin 2023).

Les deux édifices sont des propriétés confisquées à la famille Schiavone, l'une des composantes du clan des Casalesi raconté dans Gomorra (1), le roman-reportage d'investigation de Roberto Saviano paru chez Einaudi en 2006. Best-seller traduit dans des dizaines de langues, ce livre est devenu un film réalisé par Matteo Garrone en 2008. Il a inspiré la série du même nom conçue et diffusée par Sky entre 2014 et 2021 (en France sur Canal+), qui a elle aussi remporté plusieurs prix. Depuis la sortie de son livre, Roberto Saviano vit sous protection policière.

« Suivez l'argent » disait Giovanni Falcone, le juge qui a le plus innové dans les méthodes d'investigation anti-mafia. Il a été l'instigateur de ce qui est entré dans l'histoire comme le Maxi-procès de Palerme à Cosa Nostra, l'organisation mafieuse sicilienne qui l'a ensuite massacré, le 23 mai 1992, avec sa femme et les hommes de son escorte. C'est avec lui, et avec le pool anti-mafia dont il faisait partie, que la saisie et la confiscation des biens des représentants de la criminalité organisée sont devenues systématiques, pour tenter de frapper les capitaux financiers mafieux et d'enrayer la reconstitution des clans.

Il s'agit de centaines d'appartements, d'immeubles, de magasins, d'entrepôts, parfois d'entreprises entières, de terrains et d'exploitations agricoles, dans toute l'Italie, du Nord au Sud sans exception. Depuis 2010, avec la création de l'Agence nationale pour l'administration et la destination des biens saisis et confisqués au crime organisé (lire sa présentation en anglais), un nouvel élan a été donné à leur réutilisation, réglementée par la loi 109/1996.

« La loi 109 a permis de demander que les biens confisqués soient également utilisés pour des initiatives sociales, afin d'impliquer les communautés dans des parcours de légalité là où la mafia, la camorra et la 'ndrangheta régnaient auparavant, explique Daniela Santarpia, présidente de la coopérative EVA. C'est exactement ce que nous avons fait quand nous avons obtenu l'affectation du premier bâtiment, qui est devenu Casa Lorena, centre anti-violence avec foyer d’accueil. Et c'est là que nous avons aussi installé l'atelier gastronomique Le Ghiottonerie di Casa Lorena, grâce à un projet initialement soutenu par la Région Campanie

Entrée du Castel Nuovo, ou Maschio Angioino, un château du XVe siècle qui domine le port de Naples. L'arc de triomphe en marbre de l'entrée a été érigé à la demande d'Alphonse d'Aragon en 1443, avec la participation de plusieurs artistes.

« Aujourd'hui, Le Ghiottonerie est une entreprise durable », affirme fièrement Mme Santarpia. « Nous produisons la Marmellata delle Regine (Confiture des Reines), une confiture à base d'oranges cueillies dans les jardins du Palais Royal de Caserte, vendue en co-branding dans la boutique de cette résidence historique. Nous faisons de la restauration pour une variété d'institutions et d'occasions. Nous produisons des pâtes à tartiner au chocolat et à la pistache à partir du lait de nos bufflonnes locales et, depuis peu, des tarallini et d’autres biscuits salés qui ont beaucoup de succès ».

« En plus de Casa Lorena, nous disposons d'un deuxième bâtiment confisqué, lui aussi à Casal di Principe. Nous l'avons restructuré pour y installer une crèche destinée non seulement aux enfants des femmes suivies par EVA, mais aussi aux familles locales, car il y a très peu d'établissements de ce type dans notre région », explique Mme Santarpia. Selon les calculs d'OpenPolis, avec seulement 11 747 places pour environ 150 000 enfants, la Campanie est la région la moins bien couverte d'Italie en matière de crèches.

« C'est aussi là que le Punto Luce (Point Lumière), un centre de loisir pour enfants et adolescents de 7 à 17 ans créée en collaboration avec Save the Children, a trouvé sa place », ajoute Mme Santarpia. « Mais surtout, c'est ici qu'en 2020 nous avons ouvert l’atelier de mode éthique Eva.Lab, notre deuxième laboratoire d'insertion professionnelle pour les femmes sortant de la violence. »

Eva.Lab, sortir de la violence est une étreinte de soie

Pour admirer Eva.Lab dans toute sa splendeur, nous nous rendons à Naples le 10 juin, au Maschio Angioino. Le château aux puissantes tours sombres, l'un des symboles de la métropole aux pieds du Vésuve, accueille "Napoli Fashion Design", un événement vitrine de la créativité napolitaine en matière d'habillement et de décoration d'intérieur, qui en est à sa dixième édition. Pour la première fois, Eva.Lab a été invité à défiler ici, et l'émotion des couturières qui ont créé les dix tenues que les mannequins porteront sur le podium est palpable.

Nous sommes au fitting : les cabines d'essayage ont été installées dans une des salles du château, les mannequins déambulent, grandes et belles. Les couturières ajustent sur leurs corps des pantalons palazzo à larges fentes, les chemises à manches bouffantes, les petits tops et les robes ornées de volants. On écoute la musique qui accompagnera les sorties des mannequins et les filles essayent les poses et les gestes qui mettront le mieux en valeur chaque modèle. Le visage de couturières est concentré, sérieux, mais leurs yeux à toutes pétillent.

« Cette aventure a commencé en 2020 avec un projet financé par la Région Campanie en collaboration avec San Leucio Textiles, le consortium d'usines textiles qui portent l’héritage des soieries construites à la fin du XVIIIe siècle à San Leucio, dans la banlieue de Caserte, par Ferdinand IV de Bourbon, un souverain éclairé », raconte Daniela D'Addio, qui coordonne l'atelier. « Nous devions faire des kimonos et des turbans en soie, mais il y a eu la pandémie et le confinement. Nous avons donc commencé par produire des masques en tissu lavable, distribués gratuitement aux centres antiviolences dans toute l'Italie, à une époque où ils étaient pratiquement introuvables. »

Un autre partenaire important d’Eva.Lab est l'Académie des Beaux-arts de Naples (ABANa), en particulier le cours de fashion design avec les professeures Maddalena Marciano et Angelina Terzo, qui continuent à superviser l'atelier, tandis que Carmela Amodeo conçoit les modèles. C'est grâce à leurs conseils que les derniers détails du défilé sont finalisés : le choix des accessoires, le maquillage, les coiffures. 

« Les vêtements qui défilent ce soir sont fabriqués à partir de soies fournies gratuitement à Eva.Lab par Gucci dans le cadre de Gucci Up, un projet visant à donner une nouvelle vie aux excédents de production », explique Daniela D'Addio. « C'est la confirmation que le modèle d'entreprise conçu pour Eva.Lab, centré sur des partenariats vertueux, construits en valorisant le territoire et en se concentrant sur l'économie circulaire, la réutilisation, la durabilité environnementale, fonctionne. Et cela ajoute un plus à la valeur sociale intrinsèque d'Eva.Lab, représentée par le soutien concret apporté aux femmes qui sortent d'expériences de violence. »

« Il s'agit évidemment d'un atelier différent des autres », souligne Daniela D'Addio. « Ici, les temps des femmes, et donc leurs rythmes de travail, sont respectés. Leurs difficultés sont prises en compte, la reconstruction de leur vie est prioritaire. Mais nous valorisons aussi leurs talents, des compétences qu'elles ont oubliées, comme la broderie ». Et de montrer les arabesques rouges habilement dessinées à l'aiguille et au fil sur une ceinture de soie rose.

Entre-temps, la nuit est arrivée. Une lune gigantesque se détache sur le ciel napolitain et la cour du Maschio Angioino s'illumine de mille lumières. Les vêtements fabriqués dans l'atelier de Casal di Principe défilent les uns après les autres : des tuniques, des jupes à taille haute, des chemises qui se gonflent sous la brise marine. Chaque fois qu'un mannequin gravit les marches irrégulières de la passerelle surélevée, les couturières de l'atelier retiennent leur souffle.

Les applaudissements qui saluent l'alignement de tous les vêtements présentés par Eva.Lab sont une libération, mais les couturières ne montent pas sur scène pour les recevoir, préférant rester en coulisses. Peut-être le moment viendra-t-il pour elles aussi, de se montrer à côté de leurs créations. Pour l'instant, elles laissent les vêtements témoigner de leur reconstruction.

La Buvette d'EVA : une renaissance

Il n'est pas facile, pour celles qui ont subi des violences, de raconter leur histoire. La raconter, c'est non seulement revivre le traumatisme, mais c'est aussi se retrouver inexorablement écrasées dans le rôle de victime. « Le féminisme nous enseigne que ce ne sont pas les détails des violences qui comptent : les histoires se ressemblent toutes, parce que la violence masculine à l'égard des femmes est un fait social, collectif, largement répandu », rappelle Lella Palladino.

« Cependant, avec le temps, nous nous sommes rendues compte que la violence était représentée comme un destin immuable, sans alternatives. Or, d'après notre expérience, ce n'est heureusement pas le cas. Les femmes se libèrent effectivement de la violence : elles redécouvrent leur force, elles sont fières du chemin parcouru et leur réussite peut servir d'exemple et inspiration à d'autres femmes et jeunes filles », poursuit la sociologue.

C'est à partir de ces réflexions, et avec l'intention de changer le récit de la violence, que la coopérative EVA s'est lancée l'année dernière dans une nouvelle aventure et a pris en gestion la cafétéria du Théâtre Mercadante de Naples, un lieu historique qui donne sur la Piazza del Municipio, juste en face du Maschio Angioino. C'est ainsi qu'est née « La Buvette di EVA », ouverte tous les jours à midi et le soir lors des spectacles.

« Nous avons aménagé le foyer du théâtre avec de grands panneaux indiquant que toutes les femmes qui travaillent à La Buvette di EVA sont des femmes qui sortent de la violence et qui retrouvent leur autonomie, explique Lella Palladino. Nous avons expliqué que tout ce que nous servons est préparé par Le Ghiottonerie di Casa Lorena, c'est-à-dire par des femmes sortant elles aussi de la violence. Et nous avons exposé l'un des plus beaux kimonos réalisés par Eva.Lab... Bref, elles sont là, parmi nous, souriantes, fières, professionnelles. Pas du tout des victimes ».

Aujourd'hui, leurs voix commencent également à se faire entendre.

Tiziana Ermini est l'une des femmes qui travaillent à La Buvette di EVA. Grande, blonde, dans une robe noire qui laisse une épaule découverte, drapée d'une étole blanche fabriquée par Eva.Lab, le 3 juillet à la Maison internationale des femmes à Rome, elle a parlé de sa renaissance. Autour d'elle, des stars de la chanson italienne telles que Fiorella Mannoia, Caterina Caselli et Noemi, les actrices Anna Foglietta, Vittoria Puccini, Vanessa Scalera et l'acteur Marco Bonini, réunis pour célébrer la naissance de Una Nessuna Centomila, la nouvelle fondation italienne dédiée à la prévention et à la lutte contre la violence à l'égard des femmes.

Le public réuni dans la Cour du Magnolia a été ému par la description des violences psychologiques subies pendant des années par Tiziana : « les violences les plus difficiles à reconnaître, sont celles qui laissent les marques les plus profondes, celles aussi qui ont fait dire à mon fils maman, tu as perdu ton sourire ”. » En revanche, l’audience s'indigne des batailles que Tiziana mène encore au tribunal, où un juge lui a dit « Je ne crois pas un seul mot de ce que vous avez raconté. »

Mais c'est lorsque Tiziana raconte comment le travail à La Buvette di EVA a changé sa vie – « Aujourd'hui, mon mari ne peut plus me faire du mal, parce que je suis beaucoup plus forte que lui » – que les applaudissements enthousiastes et libérateurs éclatent.

(1) Roberto Saviano, Gomorra, Einaudi, 2006. En France Gomorra : dans l’empire de la camorra a été publié chez Folio en 2009.

Cette Enquête a été réalisée grâce au soutien du Bureau de Tunis de la Fondation Rosa Luxembourg.
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