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                          El Ghorba mon amour. Elsa, Lucie et Halima : une légende de l’exil

                          J’ose tout de même une dernière question : Le féminisme, c’est important pour vous ? En réalité, en rentrant dans la librairie, mon regard s’est baladé entre les étagères et l’engagement de ces femmes m’a subtilement sauté aux yeux. Rien qu’avec la disposition des ouvrages. Ceux mis en avant et ceux cachés sous la table. Lucie me répond ...

                          Contributrice Medfeminiswiya par Contributrice Medfeminiswiya
                          13 mai 2022
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                          Écrit par Rania Hadjer

                          Peut-on réellement traduire « El Ghorba » par « l’exil » ? Pour moi l’exil est une action tandis que « El Ghorba » est un état d’âme. Et c’est cet état d’âme qui m’a poussé à franchir la porte de cette librairie au nom insolite.

                          « Lors de l’ouverture de la librairie nous avons pensé à créer un rayon spécialement dédié aux ouvrages sur l’exil et puis nous avons constaté que finalement, tous les livres pouvaient rentrer dedans parce que pour écrire, il faut s’exiler d’une manière ou d’une autre… »

                          Ce n’est pas par cette phrase que l’entretien commence. Evidemment, il y a eu pléthores de présentations et d’introductions en amont mais c’est cette phrase que j’ai retenue en sortant de la librairie au nom insolite, construite à quelques pas de l’ancien bidonville de Nanterre.

                          L’histoire de cette chronique commence par une fin de journée banale. Le genre de fin de journée où les gestes routiniers répétés à perpétuité s’alignent machinalement comme ceux d’un rituel hiératique. Le bus s’arrête au feu rouge, il fait quasiment nuit et sur la rue d’en face, une façade en verre éclairée sur laquelle s’inscrit une phrase qui résonne en moi comme l’écho d’une voix intérieure « El Ghorba mon amour », c’est le nom de la librairie.

                          J’ai d’abord souri en m’imaginant multitudes de scénarios qui auraient pu donner naissance au choix de ce nom. S’agit-il de l’épopée d’un migrant clandestin qui aurait fait un pied de nez à la providence ? Celle d’un ou d’une journaliste rescapé.e d’une guerre civile ? Ou peut-être celle d’une histoire d’amour née d’un métissage incongru ?

                          Puis ma mine s’est renfrognée, mes sourcils se sont froncés d’incompréhension face à cet oxymore. Ayant moi-même fait l’expérience de l’exil, j’étais persuadée qu’on ne pouvait en faire une muse, quand bien même fut cet exil salvateur. Etait-ce une façon ironique de parler d’un amour douloureux ? Du prix salé de la liberté ? Autant de questions sans réponse qui se heurtaient à ce mur de verre et me revenaient en pleine face pour titiller ma curiosité.

                          En arrivant chez moi, je me suis promis qu’un jour je passerai la porte de cette librairie pour réclamer réponses à mes questions, convaincue, au fond de moi, que cette promesse chimérique s’essoufflerait au gré des tracas quotidiens et que je finirai par oublier cette interrogation intérieure pour passer à autre chose.

                          Le lendemain, et tous les jours d’après d’ailleurs, même procédure. Le bus s’arrête au feu rouge, il fait quasiment nuit et la façade éclairée sur la rue d’en face me nargue. L’idée d’ouvrir la Boite de Pandore et d’assouvir ma curiosité s’accroche à mes neurones comme une tique sur le dos d’un clébard.

                          Je cède. Un dimanche, je crois, j’ouvre mon ordinateur, rédige un message sans me relire et expédie ma bouteille à la mer sur la messagerie virtuelle de la librairie. Je referme aussitôt priant presque pour ne pas recevoir de réponse comme par crainte que le fantasme ne soit à la hauteur de la réalité.

                          Je reçois une réponse quelques jours plus tard alors que « le rêve européen » remue sens dessus dessous l’actualité. Elles s’appellent Elsa, Lucie et Halima et elles seraient ravies de me rencontrer pour me raconter leur histoire. Les deux prénoms à consonance occidentale enflamment ma curiosité et j’ai d’autant plus envie de comprendre comment fait-on pour s’approprier le terme « Ghorba » lorsqu’on nait, je suppose, du bon côté de la Méditerranée. C’est d’ailleurs l’une des premières questions que je pose lorsque, par une journée grise, je m’installe sur le divan de la librairie, un café à la main et le dictaphone de mon portable en marche.

                          A cette question Elsa me répond que c’est à cela que servent les livres, à nous faire vivre ce que nous n’avons pas vécu le temps de quelques pages. Je commence à comprendre le rapport entre l’exil et les bouquins, c’était plutôt évident maintenant que j’y pense. A ce sujet, Kateb Yacine disait « Il y a des conditions objectives qui font que je suis un écrivain errant ; ça m’a ouvert des horizons que je ne suis pas prêt d’abandonne.»

                          L’autre question qui me taraude l’esprit avant même de m’interroger sur l’histoire humaine qui se cache derrière ce projet est celle du choix du nom de la librairie, j’étais trop curieuse pour m’imposer des préliminaires et étirer le plaisir.

                          Elle me raconte que l’histoire de cette librairie est intimement liée à l’histoire de la ville de Nanterre, elle-même inhérente à l’histoire de l’immigration maghrébine. Aujourd’hui jalonnée par les imposants buildings du prestigieux quartier d’affaires de la Défense, il y a environ soixante ans, la ville de Nanterre n’était qu’un entassement de maisonnettes en tôle et en bois, un entrelac de ruelles boueuses. Les bidonvilles de Nanterre ont hébergé jusqu’en 1972 plus de 14 000 personnes issus majoritairement de l’immigration nord-africaine, mais aussi portugaise et espagnole venues reconstruire le pays.

                          Suspendue aux lèvres d’Elsa, j’ingurgite ses paroles qui se matérialisent en ballet d’images devant mes yeux et transforment complètement le décor contemporain de la librairie. Je vois cet entrelacement de tôle et de planches vermoulues, je sens même l’odeur de la terre humide les jours de pluie où l’eau s’infiltre par les fissures du toit, le froid, un poêle à charbon dans le coin de la pièce unique pour réchauffer un tant soit peu les âmes désillusionnées par la face cachée du « rêve européen ». Dans cette scénographie où tous les maux de l’humanité s’étaient passé le mot pour poser bagages au même endroit, j’arrivais tout de même à apercevoir l’écho lointain de rires d’enfants, de moments de solidarité pour troquer contre la mauvaise fortune, un brin de bon cœur et même quelques parenthèses de bonheur volés à la fatalité.

                          Pendant que Lucie, Elsa et Halima alternent leur récit, ma concentration marque une digression pour que je puisse faire le parallèle avec ma propre histoire. Heureusement que mon dictaphone enregistre, je ne veux rien louper. Mon regard s’évade par la façade en verre quelques secondes et je me mets à compter le nombre de fois où j’ai arpenté les rues alentour sans jamais me douter que cette ville aux allures modernes abritait dans les méandres de sa mémoire un passé aussi poignant. Moi qui n’habite ici que depuis quelques mois, je m’y sens tout d’un coup chez moi. C’est un peu comme ces premières fois où l’on rencontre une personne dont l’apparence précipite notre jugement et on ne se rend compte que plus tard que nous avons emprunté tant de fois le même chemin qu’il aurait été possible de se croiser dans une autre temporalité.

                          C’était cela « El ghorba », chercher constamment un peu de nostalgie pour faire revivre le passé qu’on a tant voulu quitter. Peut-on réellement traduire « El Ghorba » par « l’exil » ? Pour moi l’exil est une action tandis que « El Ghorba » est un état d’âme. Et c’est cet état d’âme qui m’a poussé à franchir la porte de cette librairie au nom insolite.

                          « El Ghorba », c’est un peu comme cette relation toxique, vouée à l’échec, qui vous a poussé à trancher violemment entre le cœur et la raison. Et vous ne pouvez la comprendre si vous n’avez ni aimé ni quitté. Je suis plutôt fière d’avoir trouvé cette comparaison car elle me permet de faire la transition avec le choix du nom de la librairie. Les filles m’expliquent qu’elles ont été inspirées par le film « Hiroshima mon amour », moi qui avait en tête, en rentrant dans la librairie, le rythme de la chanson de Hasni « El Beida mon amour », j’avais tout faux.

                          El Ghorba c’est l’exil en arabe, car notre projet de librairie est intimement lié à cette histoire locale de l’immigration, faite de séparations, de drames, de déchirures et de répressions. Mais aussi et surtout, Ô combien on oublie trop souvent cela, cette histoire d’exilés est aussi faites de révoltes, d’entraide, de résistances, de luttes d’indépendance, de solidarité, de désirs irrépressibles de liberté.

                          Le film en question est une fiction relatant en toile de fond les retombées des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki. Au premier plan, il s’agit d’une histoire d’amour furtive entre les protagonistes ponctuée de leur échange sur les thèmes de la mémoire et de l’oubli. Le film se veut également comme un appel à la réconciliation entre deux peuples. Elsa me révèle que la phrase clé du film c’est « tu n’as rien vu à Hiroshima », parce que finalement le drame d’Hiroshima n’a pas laissé de trace visible à l’œil. Un peu comme l’histoire du Bidonville de Nanterre, aujourd’hui masquée par les buildings du quartier d’affaires.

                          C’est ainsi que s’alignent dans mon esprit le cheminement de l’histoire de cette librairie. Il ne s’agit finalement ni de l’histoire d’un clandestin qui aurait nargué le destin dans une embarcation de fortune, ni d’un rescapé de guerre civile, ni d’un métissage insolite. Encore mieux, c’est l’histoire d’une rencontre entre les deux rives de la Méditerranée tissée à l’encre indélébile de la mémoire.

                          Nos échanges commencent à s’essouffler pour marquer lentement la fin de la discussion. J’ose tout de même une dernière question « Le féminisme, c’est important pour vous ? ».  En réalité, en rentrant dans la librairie, mon regard s’est baladé entre les étagères et l’engagement de ces femmes m’a subtilement sauté aux yeux. Rien qu’avec la disposition des ouvrages. Ceux mis en avant et ceux cachés sous la table. Lucie me répond : « On vit une époque dramatique sur quasiment tous les plans mais pour les femmes en particulier. Sans sortir tous les grands termes, les luttes se recoupent entre elles et c’est une lutte qu’on associe au capitalisme. Etre contre cette structuration de la société c’est forcément être contre toute forme d’oppression et de domination. C’est un peu l’esprit de la librairie. C’est une lecture politique que nous avons et qu’on met en avant à travers les ouvrages qu’on choisit d’exposer. C’est une bataille qu’on mène avec beaucoup d’humilité ».

                          Pour finir, je retranscris mot pour mot la présentation du site internet de la librairie, car je ne saurais mieux écrire l’histoire de celles qui l’ont initié : « La librairie, qui a ouvert ses portes le 12 mars 2020, se situe non loin de l'ancien bidonville de la Folie, l’un des plus grands bidonvilles d’après-guerre en France. El Ghorba c’est l’exil en arabe, car notre projet de librairie est intimement lié à cette histoire locale de l’immigration, faite de séparations, de drames, de déchirures et de répressions. Mais aussi et surtout, Ô combien on oublie trop souvent cela, cette histoire d’exilés est aussi faites de révoltes, d’entraide, de résistances, de luttes d’indépendance, de solidarité, de désirs irrépressibles de liberté.
                          La librairie parce qu’elle prend racine dans cette histoire s’attache à faire vivre cette mémoire au présent ».

                          A l’heure où j’écris la conclusion de cette chronique, je constate que mes premiers écrits publiés sont intimement liés à mon exil. Que je n’ai pu aligner les mots et leur donner un sens que lorsque la nostalgie m’a confisqué mon présent pour faire de mon passé une muse. Finalement, pour écrire il faut être étranger à soi-même le temps de quelques pages.

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