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Écrit par Dalal Hajj Yassine
La représentation politique des femmes en Palestine
Depuis l’occupation britannique de 1917 jusqu’à aujourd’hui, les femmes palestiniennes ont joué un rôle très important dans la lutte pour la libération de leur pays, avec leurs conflits quotidiens sous l’occupation israélienne. La participation active des femmes à tous les niveaux de la lutte nationale ne s’est pas traduite par leur représentation équitable dans la vie politique et dans les processus décisionnels.
Ce qui est pire est qu’en échange de leur rôle héroïque et de leur collaboration avec les hommes dans tous les domaines de la lutte pour la libération, les femmes font face à une qualité de vie et à une situation de leurs droits préoccupantes. Cela s’est traduit par une souffrance prolongée causée par une violence structurelle qu’elles subissent, tant dans la sphère publique que privée, et qui peut se résumer ainsi :
Premièrement, les femmes souffrent de l’occupation israélienne, qui a exercé sa violence contre la population depuis l’exode palestinien (Nakba) de 1948 jusqu’à nos jours, sous différentes formes : meurtres, détentions, ciblages et violations de leurs droits les plus fondamentaux à un logement, à la liberté de circulation, à l’accès à la santé, à l’éducation, et à la sécurité sociale, etc.
Cette réalité a eu un impact social, économique et psychologique énorme dans la vie des femmes palestiniennes, tout particulièrement en ce qui concerne leur sécurité, leur bien-être et leur stabilité. En outre, les femmes palestiniennes doivent faire face aux meurtres, blessures et/ou emprisonnement des membres de leur famille. Evénements qui les transforment en unique soutien de famille. Cette situation déjà fragile est aggravée par la confiscation de leurs terres, de leurs moyens de subsistance, et par la démolition de leurs maisons. C’est ainsi qu’elles perdent tout droit à une vie digne. Leurs fardeaux économiques et psychologiques devenant encore plus pesants lorsqu’elles se retrouvent seules à s’occuper de leurs familles et de leurs communautés.
Deuxièmement, la souffrance continue endurée par les Palestiniennes est causée par la violence sociale et domestique qui provient de l’héritage culturel patriarcal fondé sur la discrimination flagrante contre les femmes et les filles dans les différents domaines de la vie familiale et sociale. Cette discrimination se manifeste dans les lois et les juridictions actuellement en vigueur en Palestine. Malgré l’introduction d’un certain nombre de modifications législatives, le taux de violence à l’égard des femmes demeure très élevé et a même augmenté au cours des dernières années, surtout depuis la pandémie de COVID-19.
Le mouvement féministe en Palestine
Les organisations féministes en Palestine ont existé sous différents noms, comme les centres de femmes ou les syndicats de femmes. Elles sont chapeautées par le Ministère des Affaires des femmes, qui exerce un rôle de supervision sur les institutions féminines. Les femmes activistes en Palestine travaillent à développer le rôle des Palestiniennes dans la société et à renforcer leurs droits et leur protection contre la violence.
Leurs priorités actuelles comprennent : la modification de la loi sur le statut personnel au niveau religieux, en particulier en ce qui concerne les questions de droit au divorce, de garde des enfants et de pension alimentaire, la ratification du projet de loi « Protection Contre la Violence Familiale » et la protection des femmes contre le harcèlement et les préjugés sociaux qu’elles subissent.
Formes de discrimination à l’égard des femmes
Les femmes palestiniennes font face à de grandes difficultés pour obtenir l’égalité des droits dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la succession. L’accès au marché du travail, l’égalité salariale, les droits à la propriété et au logement sont également au centre de leurs revendications. En outre, les lois les privent de nombreux droits relatifs au mariage et à son annulation. Enfin, pour l’État palestinien la participation politique des femmes est strictement indexée sur le processus électoral.
En ce qui concerne leur participation à la vie économique et à d’autres formes d’activités dans ce secteur, les femmes palestiniennes sont largement absentes des nombreux programmes économiques. Il y a toujours une lacune dans les mesures qui encouragent la participation des femmes dans le secteur privé et dans les projets dont l’appropriation leur permettraient d’accéder aux ressources nécessaires à leur croissance et à leur pérennité. Comme dans d’autres pays de la région, jusqu’à présent, la valeur du travail des femmes n’est pas prise en compte dans le revenu national, en particulier dans le travail invisible ou informel. De ce fait, elles ne bénéficient d’aucune protection réelle contre l’exploitation et le harcèlement sur leur lieu de travail.
En 2020, pendant la pandémie de COVID-19, le nombre d’emplois dans l’industrie et le commerce a été réduit, et de nombreux travailleurs ont été licenciés. Cela a entraîné à une diminution du revenu moyen par habitant et de l’occupation d’une partie de la population. Cette fermeture a eu des répercussions importantes sur le travail des femmes dans le secteur informel, dans l’agriculture et les entreprises à domicile, les crèches et les écoles maternelles.
La réalité de cette situation économique pendant la pandémie a amplifié la marginalisation des femmes et les a exposées encore plus au risque de pauvreté. Par ailleurs, la fermeture des établissements scolaires a alourdi le fardeau des femmes et des filles palestiniennes à la maison. En effet, habituellement ce sont elles, dans le foyer, qui accomplissent les tâches ménagères et qui sont responsables des soins, non rémunérés, de tous les membres de leur famille. Cette situation s’est accompagnée d’une augmentation notable de la violence conjugale et familiale contre les femmes et les filles ne bénéficient pas de la protection nécessaire de l’État.