Image principale: Les militantes historiques de l'ATFD
Les autorités tunisiennes ont décidé de suspendre pour une durée d’un mois les activités de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), a annoncé le soir du vendredi 24 octobre 2025 sa secrétaire générale Hela Ben Salem. Les autorités justifient cette mesure par des « manquements » au décret-loi n°88 régissant les associations.
L’ATFD affirme pour sa part estimer que cette décision était « injustifiée et arbitraire ». Les militants de l’ATFD ont dénoncé une « décision politique » et une « grave atteinte au mouvement féministe ».
Fondée en 1989, l’ATFD est l’une des principales organisations féministes en Tunisie. Elle accueille chaque année plusieurs centaines de femmes victimes de violences à travers ses centres d’écoute et d’orientation implantés dans différentes régions du pays.
En solidarité avec cette association féministe historique, plus de 300 femmes du monde entier viennent de signer une pétition de soutien en sa faveur.
Elles sont députées, universitaires, journalistes, avocates, académiciennes, militantes féministes et de défense des droits humains. Elles manifestent leur soutien à partir de l’Algérie, le Maroc, l’Égypte, le Liban, la Palestine, la France, l’Espagne, l’Italie, l’Argentine, les USA, la Turquie, le Vietnam, l’Afghanistan…
Elle accueille chaque année plusieurs centaines de femmes victimes de violences à travers ses centres d’écoute et d’orientation implantés dans différentes régions du pays.
Une association de tous les combats
« Après le ciblage de ses militantes, en particulier Bochra Belhaj Hmida par une décision injuste et le déplacement forcé de plusieurs d’entre elles, après le harcèlement sur les pages qui font l’éloge du pouvoir, et après un dossier bureaucratique auprès de la présidence du gouvernement, l’autorité est passée à la vitesse supérieure en décidant de suspendre l’activité », dénonce, dans un communiqué publié le 24 octobre, Hela Ben Salem.
La pétition signée également par plusieurs centaines de femmes tunisiennes rappelle tous les combats de l’ATFD : développement du Code du Statut Personnel, dénonciation des violences et discriminations subies par les travailleuses agricoles, contribution à la levée des réserves à la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), défense du principe de la parité électorale, contribution à la rédaction de la loi n° 58 de 2017 pour l’élimination des violences faites aux femmes, ouverture du débat sur l’égalité successorale. L’Association a également : « relié, constamment, la cause féministe aux luttes sociales et démocratiques —convaincue qu’il n’y a pas d’égalité sans liberté, ni de liberté sans démocratie », écrivent les Femmes démocrates dans leur pétition. Indignation en ligne après la suspension de l’Association tunisienne des femmes démocrates - Business News
« Certaines militent en son sein, d'autres portent le combat féministe dans de nouvelles organisations, de nouveaux mouvements et collectifs ou d'autres espaces : universitaire, culturel, artistique, professionnel...Certaines croient au combat de l'ATFD, d'autres pointent ses limites et sont ses farouches critiques ! Certaines reconnaissent son histoire, d'autres ne se retrouvent plus dans son présent ! Mais toutes, les 351, toutes sont solidaires avec l'ATFD et ses militantes. Elles se sont toutes indignées contre la décision arbitraire de la suspension ! », s’insurge sur sa page Facebook Yosra Frawes, ancienne présidente de l’ATFD, résidant aujourd’hui en France.
« Les idées ne se suspendent pas »
Dans d’autres publications Facebook, qui ont inondé le réseau social dès la soirée du 24 octobre, plusieurs militantes se sont désolées qu’à l’approche des 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre à l'égard des femmes et des filles, qui démarrent le 25 novembre, cette fermeture prive des centaines de femmes tunisiennes de l’accompagnement juridique, psychologique et social que l’association assurait.
« Mais les idées ne se suspendent pas, la mémoire ne se fige pas et la voix libre ne se tait pas. Ils suspendent l’activité ; ils ne suspendront ni notre appartenance à cet édifice, ni notre foi dans ce rêve qui nous fait vivre autant que nous le faisons vivre. Nous, féministes démocrates, solidaires et résilientes, poursuivons notre combat et ne suspendons pas nos espérances en une Tunisie de liberté, de démocratie, de justice et d’égalité », écrivent encore les Femmes démocrates dans leur pétition.
Parmi les ONG tunisiennes, qui ont manifesté leur soutien total avec l’ATFD, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), qui partage avec l’association féministe son engagement pour la défense des droits et des libertés en Tunisie. Mais voilà que le 27 octobre, trois jours après la décision qui s’est abattue sur l’ATFD, le Forum a vu, à son tour, ses activités suspendues par les autorités.

























