En 2014, la France ratifiait la Convention européenne sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite « Convention d’Istanbul ». Où en sommes-nous dix ans après ? Les expert·e·s du Groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO), chargé·e·s du suivi de la mise en œuvre de cette convention, sont attendu·e·s en France la semaine du 23 septembre 2024 pour dresser un état des lieux de la protection des femmes et de la lutte contre les violences sur notre territoire.
La « Convention d’Istanbul » est un instrument juridique international pour prévenir et combattre les violences sexistes et sexuelles et protéger les victimes. Dans un rapport rédigé par plusieurs associations, dont La Cimade, les organisations tirent la sonnette d’alarme face aux nombreux manquements de la France, dénonçant l’absence de politique globale en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, et demandant que les femmes étrangères fassent partie intégrante de cette politique publique.
Les autorités françaises ont aussi adressé au GREVIO leur rapport étatique. Ce dernier s’attache à recenser les textes adoptés sans faire un bilan de l’effectivité et de l’efficacité des dispositifs.
Le gouvernement met en avant les réformes législatives mises en œuvre depuis 2019 qui ont fixé de grandes orientations en matière de prise en charge, de protection et d’accès à la justice des femmes victimes de violence.
Et pourtant, en 2024, il est, par exemple, toujours très difficile de porter plainte pour des faits de violences, ce parcours du combattant étant encore plus complexe pour les femmes étrangères. Dans les faits, si les politiques publiques progressent et s’inspirent de la Convention d’Istanbul, dans leurs principes, leur mise en œuvre et les moyens qui y sont alloués sont toujours très insuffisants.
Comment assurer une réponse efficace au problème de la violence de genre en France ? La rencontre de ces expert·e·s avec des représentant·e·s des autorités, des gestionnaires de services spécialisés à l’attention des femmes victimes de violence, ainsi que des représentant·e·s de la société civile leur permettra d’évaluer plus en profondeur certains aspects de la mise en œuvre de la convention.
La Cimade et de nombreuses autres associations seront présentes pour rappeler l’urgence de la situation. La France doit agir maintenant en plaçant au cœur de son agenda politique la lutte contre les violences sexuelles et sexistes et la protection de toutes les femmes victimes.