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Une nouvelle année devrait apporter renouveau, espoir et opportunités. Pourtant, pour nous, les femmes, elle s’annonce encore comme une période marquée par la mort, la violence et une érosion accrue de nos droits, de notre statut et de notre sécurité. Qu’il s’agisse des conflits, des crises économiques ou simplement de notre condition de femme, nous nous préparons, une fois de plus, à payer le prix fort.
À Gaza : une année ensanglantée
À Gaza, les femmes subissent un calvaire insupportable entre guerre et déplacements forcés. Elles vivent dans une insécurité permanente, peinant à satisfaire leurs besoins élémentaires et ceux de leurs familles. Le tout dans un contexte de bombardements quotidiens ciblant les civil.e.s et aggravant leur détresse.
Au Liban : la violence conjugale en hausse
Les femmes libanaises, déjà accablées par les répercussions de la guerre et des déplacements, ont vu 2024 se clore sur une tragédie poignante. La journaliste Abeer Rahal a été assassinée par son mari devant le tribunal où leur divorce devait être prononcé. Ce drame, diffusé en vidéo par l’auteur avant son suicide, illustre l’ampleur de la violence conjugale qui continue de sévir.
En Syrie : des droits sous menace
Après des années de guerre, de déplacements forcés et de souffrance sous un régime répressif, les femmes syriennes font face à de nouvelles inquiétudes. Une administration conservatrice au pouvoir soulève des doutes quant à l’avenir de leurs droits des femmes, alors même qu’elles continuent de subir les conséquences d’un conflit qui les a touchées de manière disproportionnée, que ce soit dans les prisons, les camps de détention, jusque dans l’espace public.
Au Yémen : apartheid de genre
Sous l’emprise des Houthis, les femmes yéménites doivent endurer des choix extrémistes et discriminatoires qui bafouent leurs droits fondamentaux, notamment leur accès à l’éducation, au travail et à l’autodétermination. Cette réalité rappelle celle des femmes en Iran, en Afghanistan et dans d’autres pays où des régimes autoritaires persistent à nier leur humanité.
Malgré ces tragédies, il est essentiel de croire en une année 2025 plus juste pour les femmes. Que cette année marque un tournant, apportant davantage de dignité, de respect et d’espoir à celles qui portent le poids du monde sur leurs épaules.
Une violence persistante dans les conflits
En ce début d’année, la violence contre les femmes ne montre aucun signe de ralentissement. Selon un rapport des Nations Unies, le nombre de femmes tuées dans les conflits armés a doublé en 2023 par rapport à 2022, représentant 40 % des victimes civiles. Les violences sexuelles liées aux conflits ont également augmenté de 50 %.
En 2023, l’ONU a recensé 33 443 morts civiles dans des zones de guerre, soit une hausse de 72 % par rapport à l’année précédente. Parmi ces victimes, les femmes et les enfants représentent une part croissante, atteignant parfois le triple des chiffres enregistrés auparavant. La Palestine, théâtre du conflit le plus sanglant pour les civil.e.s en 2023, a concentré 70 % des pertes humaines.
Les femmes en zones de guerre peinent également à accéder aux soins de santé. Chaque jour, 500 femmes et filles meurent dans des pays touchés par des conflits à cause de complications liées à la grossesse et à l’accouchement. À Gaza, en 2023, 180 femmes accouchaient quotidiennement, souvent sans assistance médicale, ni médicaments et fournitures de base.
Des efforts sous-financés et méconnus
Vingt-cinq ans après l’adoption de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité, les progrès restent modestes. En 2023, moins de 10 % des négociateurs dans plus de 50 processus de paix à travers le monde étaient des femmes. Pourtant, leur participation rend les accords de paix plus durables et applicables.
Des exemples positifs existent, comme les négociations menées par des femmes au Yémen pour garantir l’accès sécurisé aux sources d’eau potable ou les initiatives de 49 organisations féminines soudanaises pour promouvoir une paix inclusive. Toutefois, ces efforts peinent à recevoir le soutien nécessaire, en termes de reconnaissance et de financement.
Alors que les dépenses militaires mondiales ont atteint 2,44 trillions de dollars en 2023, seuls 0,3 % des aides annuelles ont été alloués aux organisations soutenant les droits des femmes. Pire, les investissements pour prévenir et répondre aux violences basées sur le genre représentent moins de 1 % des dépenses humanitaires.
Un avenir à reconstruire
Malgré ces tragédies, il est essentiel de croire en une année 2025 plus juste pour les femmes. Que cette année marque un tournant, apportant davantage de dignité, de respect et d’espoir à celles qui portent le poids du monde sur leurs épaules.