Festival du Film Méditerranéen d'Annaba : une 4e édition illuminée par les combats de femmes 

Les femmes, et leur résilience, étaient à l’honneur de la 4e édition du Film Méditerranéen d'Annaba, qui a fait un retour en fanfare après plusieurs années d’absence. Notre reportage.

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Par Ghada Hamrouche

Annaba a vibré durant toute une semaine, du 24 au 30 avril, autour du théâtre Azzedine Medjoubi et de la cinémathèque : paillettes, stars, tapis rouge, voitures de luxe, un public fervent avec 45 films en compétition et 25 hors compétition. Les jeunes ont accouru en force pour acclamer les stars, comme Fianso -alias Sofiane Zermani- rappeur et acteur venu en compagnie de Camélia Jordana, l’espagnole Itziar Itunu -l’inspectrice Raquel Murillo dans la série La casa de papel-, Khaled Benaïssa, Souhila Maalem, Yahia Mouzahem, Ali Namous, Aziz Boukrouni, Djafer Gacem, Idir Benaïbouche et autres célébrités. Le succès populaire de cette édition ne s’est pas démenti durant toute la semaine avec un public estimé à plus de 30 000 personnes par le commissaire du festival Mohamed Allal.

Le Festival, qui a rendu un hommage appuyé aux réalisatrices à travers la section « La perle de la Méditerranée », a également décerné le grand prix «la Gazelle d’or » au film «Matria» de l’espagnol Alvaro Gago qui raconte, à travers le personnage de Ramona, le parcours d’une femme aux prises avec les difficultés de la vie tant au niveau personnel que professionnel. Le film restitue de manière palpable la frénésie quotidienne vécue par tant de femmes dans le monde en lutte pour leur survie et celle des leurs. 

L'actrice María Vazquez, Gazelle d’or de la meilleure interprétation féminine, a crevé l’écran par un jeu crédible et d’une grande sensibilité qui restitue un portrait bouleversant et poignant d’une femme qui porte en elle une extraordinaire lumière.

En résonance avec Gaza

© Festival du Film Méditerranéen d'Annaba

Sur un autre registre, le documentaire « Bye Bye Tibériade » de la réalisatrice Franco-Palestino-Algérienne Lina Soualem, prix du jury dans la catégorie documentaire, restitue avec finesse et pudeur les récits entremêlés de quatre générations de femmes palestiniennes dont les vies ont été bouleversées par la Nakba de 1948. L'histoire de la mère de Lina, qui quitte le village de Deir Hanna pour poursuivre ses rêves de gloire au cinéma, la destinée de la grand-mère de Lina, séparée de sa sœur Hosnia lors de la Nakba, et de l'arrière-grand-mère Um Ali, déracinée de Tibériade, complètent ce tableau familial qui a de singulières résonances avec l’entreprise génocidaire que subissent depuis plusieurs mois les Palestiniens de Gaza. Le documentaire maintient une tonalité de résistance en montrant, qu’au fil des guerres et des épreuves de la vie, les femmes de la famille de Lina Soualem ont su faire preuve d'une résilience hors du commun.

Affiche du film « Aida Returns»

Sur ce même thème, Carol Mansour a présenté le poignant documentaire « Aida Returns». La réalisatrice, libanaise d’origine palestinienne, raconte un émouvant retour des cendres de sa mère dans sa Palestine natale. À la fin de sa vie, alors qu'elle vit à Montréal et souffre de la maladie d'Alzheimer, Aïda ne conserve en mémoire que les souvenirs de Jaffa. Lorsqu'elle décède en 2015, sa fille décide de ramener ses cendres à Jaffa pour qu’elles puissent revenir à la terre de ses ancêtres. Une expédition émouvante à laquelle participent des amies proches. Ainsi, Carol Mansour réalise le vœu de sa mère, dont les cendres reposent désormais dans le caveau familial, mais aussi mêlées à la terre du jardin de sa maison d’enfance et au sable de la plage de Jaffa. Aida est revenue « ensemencer » cette terre qui est la sienne, une terre retrouvée au-delà de la mort malgré l'occupation. 

En hors compétition aussi…

Enfin, le film de fiction « Avant que les flammes ne s’éteignent » du franco-algérien Mehdi Fikri, qui met en avant le combat sans concession de Malika, une femme de la banlieue française superbement interprété par Camelia Jordana, pour faire la lumière sur l’assassinat de son frère par la police.

Le court métrage «Sokrania 59», du palestinien Abdallah Al Khatib porté par l’actrice principale, la franco-palestinienne Hiam Abbas, a remporté la Gazelle d’or du court métrage. Le film met lui aussi en relief la résilience des femmes confrontées aux épineuses problématiques des réfugiés : le déracinement et l’acclimatation avec le nouvel environnement de la société d’accueil. 

En hors compétition, le public a pu apprécier la docu-fiction, « Les filles d’Olfa » de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, sélectionné aux Oscars, qui a été acclamé pendant de longues minutes et les longs métrage de fiction, « Iman » des chypriotes Korinna Avraamidou et Kyriakos Tofaridis, « Jeanne du Barry » de la française d’origine algérienne Maiwenn et « La Chimera » de l’italienne Alice Rohrwacher. En revanche « Anatomie d’une chute » a été déprogrammé pour des raisons techniques, a-t-on, expliqué.

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