Dans l’interview qu’elle accorde à Medfeminiswiya, Giovanna Badalassi -économiste, chercheuse, et co-fondatrice du blog Ladynomics- analyse l’impact des crises économiques et financières sur la vie des femmes et la relation spécifique qu’elles entretiennent avec l’argent : « Réussir à joindre les deux bouts, faire fructifier au mieux l’argent dont on dispose, négocier le meilleur rapport qualité-prix : ce sont des choses que les femmes savent très bien faire, elles font ça depuis des siècles et sont éduquées dès leur plus tendre enfance en ce sens (...). Le rapport des hommes à l’argent, en revanche, est de type “patrimonial”, c’est-à-dire qu’il est lié à l’acquisition de biens, à leur accumulation, à leur multiplication. C’est donc un type de rapport qui fait mieux face à l’abstraction de la finance, de la bourse, où les biens qu’il s’agit d’accumuler sont des chiffres dans des comptes en banque, des biens qui sont complètement dématérialisés, de purs flux d’argent », raconte-t-elle à Cristiana Scoppa.
La réflexion menée dans ce dossier nous mène également en Algérie où il apparaît clairement - à l’instar d’autres pays méditerranéens - que les femmes, malgré un niveau d’études et de formation plus élevé que celui des hommes, demeurent gravement pénalisées sur le marché du travail. Ainsi les statistiques font apparaitre de fortes disparités entre les hommes et les femmes en matière d’occupation avec des écarts qui figurent parmi les plus importants au monde, nous indique Rania Hadger.
Et pourtant, les femmes redoublent d’efforts, d’initiatives, et d’idées pour atteindre le taux d’occupation et l’autonomisation auxquels elles aspirent. Quand bien même voient-elles leur salaire détourné par un mari, un père, un frère... elles persévèrent : « Les Algériennes veulent gagner de l’argent pour s’émanciper... Elles se sont emparé des réseaux sociaux pour vendre en ligne produits et services. Elles font des prestations à domicile pour les soins esthétiques, la coiffure, la garde d’enfants ou le service de traiteur » écrit Ghania Khelifi dans son article « Algérie. L’argent des femmes dans la poche des hommes ».
Les femmes se font aussi « paladines » de la solidarité pour contrecarrer la pauvreté dont pâtit toujours en premier lieu leur genre. Ainsi, suivons-nous le parcours de Badra Hafiane , tenace et lumineux, au service des plus démunies : « Ce sont les femmes qui ont le plus besoin d’aide. Parce qu’au final, un homme dans le besoin arrive à se débrouiller en sortant dans la rue. Pour les femmes, surtout divorcées ou veuves, c’est plus compliqué. Elles sont démunies mais aussi cloitrées entre quatre murs et une montagne de préjugés ».