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Pour un féminisme de joie qui célèbre nos libertés

Je suis une féministe parce que je crois en mon droit d’être moi-même et non pas une version de moi dictée par un Etat, un Dieu, un parti, un homme ou même une autre féministe.

Patricia Simon Patricia Simon
28 juin 2021
dans Opinions
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Cette publication est également disponible en : English (Anglais) العربية (Arabe)

Je me permets de commencer par expliquer pourquoi je suis féministe.

Je suis féministe parce que je veux que tous les êtres humains soient également libres et jouissent des mêmes droits humains. Je ne souhaite pas que notre égalité soit comprise uniquement à travers le prisme de l’égalité des chances. Je souhaite une égalité qui nous permette de construire la vie qui nous plaît. Pour moi, l’un des plus grands avantages de l’égalité est de pouvoir exercer mon droit de penser de la manière dont je veux et de l’exprimer comme je le peux et le souhaite tout en surmontant de multiples contraintes, de hauts murs et des obstacles idéologiques.

Je suis une féministe parce que je crois en mon droit d’être moi-même et non pas une version de moi dictée par un Etat, un Dieu, un parti, un homme ou même une autre féministe.

Comme beaucoup d’autres féministes autour de moi, j’ai observé une tendance croissante à la réduction suffocante quand il s’agit d’interpréter le monde, et la manière dont nous estimons qu’il est acceptable. Je déplore aussi une force qui ne cesse de nous pousser à adopter « religieusement » certains points de vue, nous amenant à intégrer différents groupes et groupuscules, qui se sont formés suite aux nombreuses divergences coexistant au sein de notre mouvement. Je refuse d’en faire autant. Ayant voyagé aussi loin, je ne peux me permettre d’entrer dans de nouvelles cages, de nouvelles tribus ou de faire partie de nouveaux troupeaux avec mes deux pieds.

Rien n’est plus antiféministe que de se soumettre à une entité ou une idée supérieure. Dans un premier temps, les femmes se sont vues refuser la capacité de penser, puis d’exprimer publiquement les opinions qu’elles ont développées et le fruit des discussions qu’elles ont menées. Actuellement, beaucoup d’entre nous connaissent ce que j’appelle une faim vorace, accumulée au cours des siècles, pour écouter et explorer cette grande diversité de voix, et, dans certains cas, pouvoir se forger leur propre opinion et la partager, lorsque c’est nécessaire, avec le reste de la société.

Cet acte essentiel peut sembler simple, mais il nous a coûté des siècles de donjons, de bûchers, de mauvaises blagues et de viols, et il en coûte toujours autant à des millions de femmes dans le monde aujourd’hui. Des femmes qui se battent pour empêcher les autres de les traiter comme des animaux domestiques, ou encore moins.

Personne ne devrait oser nous demander le silence ou l’autocensure au nom du combat pour l’égalité. L’égalité sans liberté est une nouvelle cage dans laquelle nous devrions refuser d’entrer.

La solidarité, la sororité, la lutte pour la justice sociale et la participation politique sont, comme l’écrit la théoricienne politique Hannah Arendt, une forme d’amour, « l’amour du monde ». Pour cet amour, la penseuse juive d’origine allemande a porté le poids d’une narration coûteuse, celle pointant la collaboration de certains Juifs avec le régime nazi ayant rendu l’Holocauste possible. Elle l’a fait parce qu’elle avait un engagement indéfectible en faveur de la liberté de pensée dans la vie publique, qui représentait pour elle, avec l’art, la forme la plus noble de vie.

Si le féminisme est amour, celui-ci doit être libre et altruiste. Car, comme me l’a expliqué le psychologue Javier Barbero, l’amour n’est pas seulement un sentiment, c’est aussi une valeur, et en tant que telle, c’est une pratique, un muscle à construire et à développer. C’est pour cette raison que le féminisme ne peut pas être un espace pour créer sa propre marque, se glorifier, imposer ses opinions comme des vérités catégoriques et encourager les « chasses aux sorcières » contre celles qui sont considérés comme rebelles, ou désormais transformées en ennemies jurées.

L’égalité sans liberté est une nouvelle cage
dans laquelle nous devrions refuser d’entrer

La réalité est complexe. Par conséquent, toute analyse simpliste risque de ressembler à ce que les populistes d’extrême droite et d’autres bords politiques adoptent et promeuvent. Le féminisme devrait être exactement le contraire : c’est le mouvement qui non seulement reconnaît la complexité, mais l’aborde aussi avec l’enthousiasme de l’appétit intellectuel qui nous incite à vouloir comprendre, à fuir les préjugés et à valoriser le discernement.

Membres de Territorio Doméstico, une plateforme de migrants dédiée à la défense des droits des travailleurs domestiques, lors des activités 8M organisées par des féministes. Madrid, 2019. De Patricia Simón.

Je suis féministe parce que je veux que toutes les filles et les femmes du monde aient le droit d’être libres penseuses. Je ne serais peut-être pas d’accord avec toutes, mais j’aimerais que les voix de toutes aient un espace pour être entendues.

Certaines erreurs, qui me sont incompréhensibles, ont récemment été publiées, Comme si en créant une réalité parallèle dans laquelle tout est violence contre les femmes, cette violence allait disparaître. Comme si, en répétant le même slogan à l’infini, nous allions pouvoir expliquer les systèmes d’oppression minutieusement tissés et les mécanismes déployés pour faire en sorte qu’une grande partie de la population mondiale soit dominée par une puissante minorité.

Si j’ai appris une chose en travaillant sur les violences faites aux femmes depuis quinze ans maintenant, c’est qu’il nous reste encore un long chemin à parcourir pour mieux appréhender la manière dont les violences nous définissent en tant que société et nous affectent en tant qu’individus.

Toutes les violences faites aux femmes ne sont pas sexistes, pas plus que les nombreux griefs ou discriminations qu’elles subissent. La violence verbale peut n’être que de la violence verbale, et elle est évidemment différente de la violence physique. Le harcèlement est du harcèlement, à ne pas confondre avec la torture. La traite à des fins d’exploitation sexuelle n’est pas la même chose que la prostitution.

Les différences d’inégalités entre hommes et femmes ne peuvent être interprétées de manière infaillible sans analyse intersectionnelle, tout comme le harcèlement et les abus ne doivent pas être interprétés sans tenir compte des positions des personnes, de la classe sociale, ainsi que de la différence d’âge entre les personnes concernées, etc. Enfin, le consentement d’une femme ne peut être remis en cause ou invalidé uniquement – et j’insiste sur uniquement – parce qu’elle a consommé de la drogue ou de l’alcool avant ou pendant les rapports sexuels.

A quoi ressembleraient nos solutions si nous confondions ou ne reconnaissions pas les nombreuses nuances et différences qui existent ? A quel discours dangereux sur ce que nous pouvons faire de notre propre corps cela nous conduirait-il (parfois même avec notre libre arbitre) ? Quel impact est-ce que cela aurait dans d’autres domaines, comme pour le droit à l’avortement, par exemple ?

Un exemple flagrant des conséquences d’un tel discours est apparu en Espagne récemment. Il nous a montré comment, ces dernières années, nous sommes passés d’un accent mis sur la conquête de la liberté sexuelle des femmes à présenter, désormais, certaines pratiques comme incompatibles avec le désir féminin.

Après le cas du viol collectif de Sanfermines, certain.e.s sont tombé.e.s dans le piège en défendant l’innocence de la victime tout en ayant recours aux arguments les plus conservateurs du patriarcat : ainsi une femme ne pourrait pas ressentir le désir d’avoir des relations sexuelles avec plusieurs partenaires en même temps, ni celui de pratiquer la pénétration anale, ou encore de se prêter à un comportement de soumission sadomasochiste. De cette façon, afin de défendre la liberté sexuelle de la victime de ce viol évident– où il a été démontré que ses cinq agresseurs ne lui avaient permis à aucun moment d’exprimer son refus – c’est la capacité de consentement de toutes les femmes qui a commencé à être remise en cause.

Après le cas du viol collectif de Sanfermines, certain.e.s sont tombé.e.s dans le piège en défendant l’innocence de la victime tout en ayant recours aux arguments les plus conservateurs du patriarcat

C’est ainsi que nous sommes arrivés à l’actuelle proposition de loi sur les libertés sexuelles, qui, comme l’ont constaté plusieurs analystes, limite notre liberté en imposant une vision puritaine et infantilisée de notre sexualité, très proche de celle défendue par les plus conservateurs, y compris dans les rangs de la gauche.

Comme le constate la psychologue Lucía González-Mendiondo : Vous ne pouvez pas agir contre les agressions sexuelles en prenant le cas du viol de Sanfermines comme modèle. Même s’ils sont plus répandus qu’on ne voudrait le croire, la plupart des prédateurs sexuels sont connus par leur proches et bénéficient de leur confiance, cela vaut pour les enseignants et les maris. Ce n’est donc pas avec cette approche, exclusivement punitive, que nous allons éradiquer une vision du monde hétéro patriarcale, qui nous définit comme un territoire à envahir, à coloniser et à posséder.

Si nous voulons cesser d’être l’objet d’un capitalisme extractiviste nous devons aussi éradiquer cette image des femmes comme des êtres fragiles, dépourvues de pouvoir de décision ou de résilience. Remarquez, beaucoup de ceux et celles qui ont le moins à perdre savent mieux que quiconque que pour vivre librement cela vaut la peine de prendre des risques, quand bien même nous trouvons leur manière d’être souvent inconcevable. Et malgré leur situation de vulnérabilité, ils/elles connaissent cette vérité, sont conscients de leur petite marge de manœuvre tout comme de leur sac à dos de douleur accumulée.

Prenons le cas des femmes migrantes par exemple. Ces femmes ont été victimes des politiques européennes strictes aux frontières. Elles ont dû recourir à des réseaux de traite pour pouvoir atteindre des pays où elles espéraient pouvoir vivre à l’abri du sexisme et de la violence. Pour y parvenir, nombre d’entre elles avaient conscience qu’elles pourraient subir des viols au cours du voyage ou même devoir se prostituer pendant quelques années à la fin du voyage.

Quand je leur ai demandé si cela en valait la peine, elles ont toujours partagé la même réponse, mais avec des mots différents : « Alors, quelle alternative j’avais ? Me résigner à ce que la vie me réserve ici ? Accepter que mes filles subissent comme moi, des mutilations génitales, des violences de toutes sortes et une pauvreté systématique ? Au moins j’ai essayé, au moins maintenant je peux tenter d’avoir une autre vie ».

Il est vrai que les expériences de certaines de ces femmes sont extrêmes et nous avons le devoir d’éradiquer les contextes et les acteurs qui les favorisent, mais les cas limites nous rappellent également les lignes de fuite de nos propres vies. Les interrogations « où voulons-nous aller ? Et quel prix sommes-nous prêtes à payer pour assumer un choix ? » Dans la cruauté de cet exode, il y a aussi une recherche de droits et de libertés.

Selon moi, il est clair que la liberté comporte des risques que nous devons assumer si nous ne voulons pas accélérer ou contribuer à la vague involutive dans laquelle nous avons déjà plongé.

Il est vrai que les expériences de certaines de ces femmes sont extrêmes et nous avons le devoir d’éradiquer les contextes et les acteurs qui les favorisent, mais les cas limites nous rappellent également les lignes de fuite de nos propres vies

Depuis le 11 septembre 2001, le dilemme égoïste de la sécurité contre la liberté imprègne toutes les facettes de notre vie publique et privée : la peur de l'imprévu, le douloureux et l'irréversible ouvrent grand les portes aux États dotés de formes de démocratie libérale, y compris ceux gouvernés par des partis progressistes, afin de reconfigurer leur rapport aux citoyens à l’aune d’une approche sécuritaire. Main dans la main avec les industries de l’hyper-vigilance et du contrôle social, nous sommes espionnés car nous sommes toujours potentiellement méfiants.

Ainsi, l’Etat est un gigantesque ministère de la Défense dans lequel ses citoyens sont perçus comme l'ennemi. Dans ce cadre, les femmes sont, en tant que citoyennes, des sujets également dangereux, et en tant que porteuses d’une condition supposée vulnérable, des sujets à protéger.

Il est alors normal que le système soit submergé par ses propres contradictions internes. Le temps est venu d’une véritable réinitialisation, et nous devons tout remettre à zéro en exigeant d’être les acteurs et les actrices de la refonte de notre société.

Si nous ne parvenons pas à le faire, nous continuerons à tomber dans la culture pernicieuse de la victimisation : notre valeur sera évaluée en fonction du degré de discrimination, de violence, d’appauvrissement et de douleur que nous subissons.

Pourtant, il apparaît clairement que nous sommes parvenues jusqu'ici grâce à notre capacité à nous battre, à vaincre et à profiter. Sans la jouissance, nous ne parlerions ni de droits ni d'égalité, mais de martyrs. Or, nous en sommes venues à jouir de nos droits et de nos libertés, alors défendons-les et élargissons-les.

 
Patricia Simon

Patricia Simon

Journaliste multimédia, écrivaine, chercheuse universitaire et professeure de journalisme d'investigation à l'Université ouverte de Catalogne (Universitat Oberta de Catalunya - UOC). Patricia est spécialisée dans les domaines du genre et des droits humains. Ses reportages ont couvert plus de 25 pays. En 2020, elle a documenté les manifestations en Irak, les conséquences de la pandémie COVID-19, l'incendie du camp de réfugiés de Lesbos, ainsi que les élections présidentielles américaines. Elle a publié plusieurs livres et contribué à certains ouvrages sur les femmes migrantes, la violence sexiste, le journalisme et le féminisme. Elle a reçu le prix 2013 de l’AMECO (Association of Women of the Media Award).

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