Alifbata, une maison d’édition marseillaise au service de la bande dessinée du monde arabe

Depuis 2012, la maison d’édition associative basée à Marseille, Alifbata, publie des bandes dessinées de langue arabe traduites en français. Une manière de faire connaître au public francophone la richesse de la production artistique issue d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient explique sa cofondatrice, Simona Gabrieli, rencontrée par Babelmed.

Écrit par Marianne Roux

Simona Gabrieli, cofondatrice de la maison d'édition Alifbata.

C'est après des études en linguistique et en islamologie à l’Université de Bologne que Simona Gabrieli pose ses valises en France. S’en suit alors la découverte de la bande dessinée en tant que medium pour traiter de sujets historiques, sociaux ou politiques, notamment des Cahiers d’Orient de Jacques Ferrandez. Depuis lors, cette passionnée de langue arabe et de BD n’a de cesse de vouloir faire connaître au public francophone la richesse de la production artistique issue d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à travers sa maison d’édition associative basée à Marseille, Alifbata (Alif Ba Ta sont les trois premières lettres de l'alphabet arabe).

Simona, pouvez-vous revenir sur votre parcours et nous raconter comment est né votre intérêt pour la BD arabe ?

Lors de mon mémoire de recherche de maîtrise en 2004, je me suis intéressée à l’image de l’islam en France sous différents prismes. Puis, rapidement, la question de la langue est apparue à mes yeux comme fondamentale et j’ai voulu creuser la place de l’arabe en tant que langue allogène dans l’Hexagone, plus particulièrement celle de l’arabe maghrébin. Dans mes recherches je suis tombée sur plusieurs albums de bande dessinée et de romans graphiques et je me suis rendue compte qu’ils représentaient de formidables outils pour amener des connaissances, tout en demeurant simples et accessibles.

Comment êtes-vous arrivée à Marseille ?

Je suis venue pour effectuer un stage au sein du service régional de documentation pédagogique où je travaillais sur la pédagogie interculturelle à travers des projets destinés aux enseignants. Et comme l’on pouvait s’y attendre je suis tombée amoureuse de la ville que je n’ai plus quittée depuis 15 ans ! Marseille possède également un terrain associatif riche où j’ai pu lancer mes premiers projets avec des établissements scolaires pilotes autour du conte et de la calligraphie, avec toujours en fil conducteur la valorisation de la langue arabe qui constitue la langue maternelle de beaucoup de Marseillaises et de Marseillais.

Quelle est la genèse d’Alifbata ?

J’ai co-fondé l’association en 2012, notre moteur était alors la transmission interculturelle. Puis notre premier projet de BD est arrivé en 2015 avec Laban et confiture de la dessinatrice libanaise Lena Merhej. A l’époque, j’ai bénéficié d’une bourse pour traduire l’ouvrage en français et j’avais l’intention de le proposer à des éditeurs. Mais rapidement, je me suis dit pourquoi ne pas le publier nous-mêmes ? Et c’est ainsi qu’Alifbata est devenu un projet éditorial qui compte désormais 10 publications.

Crédit : Editions Alifbata
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