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À écouter la chanson « Min awwal daqiqa » (Dès la première minute), interprétée par la chanteuse libanaise Elissa et le chanteur marocain Saad Lemjarrad, on ne manquera pas d’être assailli.e par le doute et de colère.
Avant d’entonner cette chanson, S. Lemjarrad avait été mis en cause par une série d’accusations de viol dans plusieurs pays, donnant lieu à des procès avec à la clé une condamnation à plusieurs mois de prison en France.
Pour cette raison, le représenter comme un chanteur romantique, respectueux et agréable est une provocation insoutenable, d’autant plus grave que cette fois-ci elle prend la forme d’un duo avec Elissa, l’artiste qui prône la révolution dans ses chansons et défend les droits des femmes.
Elissa a décidé de renoncer à son engagement, trahissant les idées qu’elle défendait dans ses chansons, clips, déclarations et tweets. Elle a tout simplement ignorer les procès intentés à S. Lemjarrad et l’histoire de ces femmes qui ont subi ses violences, y compris celles de la société qui tolère tous ceux qui protègent l’agresseur en accusant ses victimes.
C’est dans un clip fait d’amour, de tendresse et d’étreintes qu’Elissa est apparue en duo romantique avec un homme qui, en 2010, a été détenu pour avoir violé et frappé une femme à New-York avant d’être libéré sous caution dans l’attente du verdict. Il s’est ensuite enfui des USA.
Oui, ce clip romantique est interprété avec une personne qui a aussi agressé et violé une franco-marocaine en 2015 au Maroc. La victime, qui avait alors porté plainte, l’a ensuite retirée suite à des pressions.
Enfin, en 2016, S. Lemjarrad a également été arrêté, après une accusation de viol à Paris où il a une nouvelle fois bénéficié de la liberté surveillée. Les frais de justice pour sa défense, assurée par Jean-Marc Fédida et Éric Dupond-Moretti sont pris en charge par Mohammed VI. (1).
Apparemment, ceci ne signifie rien pour Elissa, qui a préféré S. Lemjarrad, l’artiste suivi par des millions de fans, faisant ainsi abstraction de l’individu qui a agressé plusieurs femmes dans plusieurs pays.
La reine de la chanson sentimentale dépasse les limites de l’entendement et passe outre le ressenti des victimes de S. Lemjarrad pour une chanson d’amour. Ce dernier a participé à ce clip amoureux et idyllique comme s’il n’était coupable de rien et n’était l’objet d’aucune d’accusation.
Cela confirme que les pays arabes sont encore loin du principe de solidarité et de l’idée de devoir rendre des comptes. Surtout lorsqu’il s’agit de harcèlement et de viol, affaires à rebondissements, curiosité, qui hante le chemin plein d’obstacle de la victime, lui octroyant, dans le meilleur des cas, notre compassion.
Ensuite, tout le monde passe à autre chose, sans bruit, surtout si l’agresseur a un public et des fans facilement persuadés que les procès intentés contre leur idole sont le produit d’un complot comme a tenté de le faire croire S. Lemjarrad, lui-même...
La reine de la chanson sentimentale dépasse les limites de l’entendement et passe outre le ressenti des victimes
Quelques mois à peine se sont écoulés depuis l’émoi suscité par sa dernière affaire de viol en France, que l’artiste marocain a déjà pu être absout par une chanteuse populaire, lui apportant de ce fait une légitimité qui aurait peut-être pu lui être retirée compte tenu des nombreuses plaintes portées contre lui.
Le clip de la chanson a été vu par des millions de personnes quelques heures après sa diffusion. Le romantisme a eu raison des femmes victimes d’agressions sexuelles. Violent et provoquant, il a pris l’aspect d’une personnalité connue et influente, autrefois défenseure de la cause des femmes et des droits humains.
Elissa, si tu ne sais pas encore que « Min awwal daqiqa » normalise le crime et innocente un coupable, sache que ta prestation n’a rien d’un cadeau. C’est tout simplement une trahison !
(1) Wikipédia : accusations de violence sexuelles à l’encontre de Saad Lamjarred