Le nom de famille de la mère : 2022 sera-t-elle l'année de la loi ?

« Le patriarcat n’est pas seulement extérieur, bien ancré dans le corps et l’esprit de nos adversaires, il est aussi à l’intérieur de nous, ce qui reste le plus difficile à affronter. »

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Depuis plus de trente ans, dans les débats publics et dans les conversations privées, je me retrouve à débattre en Italie avec des hommes, mais aussi et surtout avec de nombreuses femmes qui sont convaincues que la lutte pour l'annulation du nom paternel obligatoire et la possibilité d'ajouter le nom maternel est une lutte mineure.

Je ne parle pas des femmes et des hommes distant.e.s de la politique de gauche : même parmi les jeunes familles de militant.e.s, il y en a très peu qui ont décidé de se lancer dans un bras de fer contre la bureaucratie (que je connais bien pour l'avoir vécu deux fois avec mes propres enfants) pour que le nom de famille de la mère soit également donné. La question n'est pas secondaire : elle concerne l'injustice de l'annulation de la mère, elle concerne le pouvoir absolu qui imprègne encore la conception de la famille en Italie, malgré les lois des années 1970 et celles qui ont suivi.  Cette injustice perpétue la domination du masculin comme le seul sexe (le plus digne selon la grammaire italienne jusqu'aux années 1960) de représenter l'héritage, tant économiquement que symboliquement.

Il n'y a pas beaucoup de féministes qui ont fait face au processus difficile, et aux coûts nécessaires, pour donner leur nom de famille : c'est un chemin qui peine à trouver solidarité et consensus. Il s'agit également de rendre bien réel le projet féministe selon lequel « le privé est politique », en laissant de côté la rhétorique, bien que nécessaire.

Le patriarcat n'est pas seulement extérieur, bien ancré dans le corps et l'esprit de nos adversaires, il est aussi à l'intérieur de nous, ce qui reste le plus difficile à affronter. Parce que se donner de la valeur dans les relations humaines, surtout dans les relations affectives, signifie ouvrir des conflits et cela fait mal, ce qui signifie aussi pour les femmes briser ce "rêve d'amour " qui a encore tant besoin d'être pensé.

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