Le féminisme au Liban : une présentation rapide

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Au Liban, à la différence de la plupart des pays arabes, l'État n’est soumis à aucune religion officielle. Alors que l'égalité entre tous les citoyen.ne.s est un principe inscrit dans la constitution, celle-ci ne se reflète pas dans les législations, mesures et pratiques. Ceci a un impact sur les différents aspects de la vie des citoyen.ne.s. Les lois sectaires concernant le statut personnel, qui régissent la plupart des affaires familiales dans le pays, en sont l’exemple.

Représentation politique des femmes au Liban

Le Liban a été le premier pays de la région à accorder aux femmes le droit de voter et de se présenter aux élections politiques, en 1952.Toutefois, plus d'un demi-siècle après cette avancée, l'État libanais occupe désormais les derniers rangs des indices internationaux de participation politique des femmes.

Après le 6 mai 2018, date du dernier tour des élections législatives, le nombre de femmes au parlement est passé de 4 à 6 femmes sur un nombre total de 128 parlementaires. Cependant, les femmes ne représentent pas plus de 10 pour cent dans les rangs les plus élevés des administrations publiques.

En 2016, une seule femme a été nommée parmi les 30 ministres du gouvernement. Le nombre de femmes ministres est passé à six en 2020, l'une des années les plus dures et les plus cruelles après l'explosion du port de Beyrouth le 4 août. Ceci n'a fait qu'ajouter une insulte à la blessure causée par l'effondrement financier et la pandémie du COVID-19 qui sévissaient déjà.

En comparaison avec la situation de nombreuses femmes dans les pays voisins, on peut dire que les femmes au Liban jouissent d'une grande marge de liberté en termes d'éducation, de travail, de mobilité, de socialisation, de divertissement et d’habillement. L'État libanais a ratifié la Convention pour l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF) en 1997, tout en gardant des réserves concernant les articles 9 (2), 16 (1) et 29 (1)

L'article 562 du Code pénal, relatif aux crimes d'honneur, a été abrogé en 2011. Par ailleurs, la loi contre le trafic des êtres humains a été approuvée la même année, suivie de la loi sur la violence familiale en 2014 - des modifications majeures ont été apportées à cette loi en 2020. Le parlement libanais a également voté, pour la première fois, une loi qui incrimine le harcèlement sexuel en 2020. Ceci dit, ces lois, pour lesquelles les femmes libanaises se sont longtemps battues, sont parsemées de failles et de lacunes.

Formes de discrimination à l'égard des femmes

Outre les campagnes qui réclament la modification de lois -nouvelles et anciennes- ou leur abrogation, en vue d’aboutir à un système juridique plus équitable et plus juste offrant une protection aux groupes les plus vulnérables, la lutte féministe continue son combat contre le refus d’octroyer aux femmes le droit de donner leur nationalité à leurs enfants et partenaires. Ce déni est attribué à une loi édictée en 1925, un an avant l'annonce de la République libanaise.

Les militantes féministes luttent également contre les violences sexuelles et la pénalisation des femmes prostituées, des lesbiennes, des gays, des bisexuels et transgenres

Par ailleurs, le problème du travail des femmes domestiques persiste au Liban depuis des décennies. Ainsi, des milliers de travailleuses immigrées sud-asiatiques et africaines continuent d’être employées comme personnel de maison, sans aucune protection sociale. Qui plus est, elles travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, ancrées dans « la kafala » (le parrainage). Cette pratique relève d’un véritable système d’esclavage piégeant de nombreux travailleurs et travailleuses immigré.e.s dans le pays. Il est utile de noter que le nombre de travailleuses domestiques a considérablement diminué avec l'effondrement financier et économique qui a ravagé le Liban à la fin de 2019 et avec la pandémie de COVID-19 en 2020. Certaines de ces femmes ont quitté le domicile de leurs employeurs ou ont été licenciées, et certaines sont retournées dans leur pays d'origine.

Durant cette même année, de nombreuses femmes ont perdu leur emploi et ont commencé à faire face au fardeau de la garde des enfants et des travaux ménagers, tâches souvent considérées comme relevant de la responsabilité des femmes. Malgré toutes ces difficultés, l'État ne leur a offert aucune forme de protection sociale, ni à elles ni à leurs familles.

L'une des plus grandes priorités des organisations non gouvernementales et des groupes féministes aujourd'hui est le besoin urgent d'approuver une loi solide sur le statut civil et personnel fondée sur les principes d'égalité et de justice entre les conjoints et qui veille à l'intérêt supérieur des enfants. Une loi qui remplacerait 15 lois sectaires et confessionnelles, dont la majorité est discriminatoire à l'égard des femmes, les traitant comme des êtres humains de moindre importance. La plupart de ces lois, en effet, les privent de leur droit au mariage libre et non précoce, de leur droit à une séparation en toute sécurité, à la garde des enfants, à la garde conjointe, à l'indépendance,  ainsi qu’à d'autres problèmes pressants.

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