De la politique à l’énergie renouvelable : les suffragettes mènent la bataille pour la vie

Les femmes qui se sont réunies à Munich le 12 mai 2022 sont plus que jamais convaincues que le secteur des énergies renouvelables est une « opportunité pour tous » de sauver la vie sur terre… Exactement comme les suffragettes, il y a un siècle, étaient convaincues qu’il fallait lutter pour imposer leur droit à une juste participation politique. Souhaitons que les suffragettes d’aujourd’hui réussissent comme celles d’hier…

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Écrit par Meriem Khadraoui, journaliste tunisienne

Il y a un siècle, les femmes britanniques arrachaient le droit de vote après des années de lutte sous la direction de « l’Union sociale et politique des femmes », connue après sous le nom du Mouvement des suffragettes. Les femmes de ce mouvement ne se sont pas contentées de manifester pacifiquement. Elles ont opté pour des méthodes de lutte violente, comme la grève de la faim, les exposant souvent à des arrestations et à des brutalités extrêmes. Mais elles ont poursuivi leur lutte jusqu'à ce que les autorités britanniques cèdent face à leurs revendications. Leurs étonnantes actions sont inscrites dans le palmarès des mouvements féministes et politiques pour la libération des couches marginalisées et opprimées.

Le 6 février 1918, le Parlement britannique adopte « La loi de la représentation du peuple » en vertu de laquelle 8 millions de femmes au-dessus de 30 ans seront inscrites sur les listes électorales. Il aura fallu dix ans supplémentaires de luttes pour que les femmes âgées de 21 ans puissent enfin voter comme les hommes. C’était la reconnaissance de leur droit d’aspirer à des vocations autres que biologiques et traditionnelles comme la maternité, les soins de la famille et du foyer.

L’histoire des femmes est scandée depuis un siècle par des luttes multiples et variées. Aujourd’hui, elles estiment  urgent de poursuivre leurs combats en plaçant la bataille des énergies renouvelables en tête de leurs préoccupations et revendications.

L’Allemagne soutient les actions des femmes pour accélérer la transition énergétique

Des femmes, mères, célibataires, grand-mères, journalistes, activistes et leaders dans le domaine des énergies renouvelables venues de nombreux pays se sont réunies le 12 mai 2022 à Munich, la troisième grande ville d’Allemagne et capitale de la Bavière.

Un consensus s’est établi entre toutes ces femmes : en chaque femme,  il y a une énergie qui peut transformer l’impossible en quelque chose de concret. Mais le défi réside dans la capacité à convaincre les citoyens du monde d’affronter les changements climatiques et de permettre aux sociétés défavorisées l’accès aux énergies alternatives, renouvelables et propres.

C’est pour cette raison que l’Agence allemande de coopération internationale a invité ces femmes à la première rencontre internationale sur le rôle des femmes dans la transition énergétique avec comme slogan « Les femmes stimulent les femmes » (« Women energize women »). La rencontre et sa préparation étaient soutenues grâce à un partenariat entre l’Agence allemande de coopération internationale et la Fédération allemande des énergies renouvelables, sous les auspices du ministère allemand de l’Economie et du climat.

La rencontre a montré clairement l’énergie contagieuse des femmes et impulsé leur détermination à parvenir à des changements, à échanger et apporter leur expertise en matière de conseil, d’engineering et de technique lors de cette rencontre organisée en marge de l’exposition « une Europe plus intelligente » qui est l’une des plus importantes plateformes européennes dédiées au domaine des énergies renouvelables.

La rencontre s’est focalisée sur la recherche de processus de transition des énergies fossiles vers des énergies propres et alternatives. C’est la démarche que l’Allemagne et d’autres pays tentent, plus que jamais, d’accélérer du fait des changements géopolitiques actuels et de la dépendance énergétique constatés depuis la guerre de la Russie contre l’Ukraine déclenchée au mois de février dernier.

Selon les statistiques de l’agence internationale pour les énergies renouvelables, les hommes représentent 78% de la main d’œuvre dans l’industrie du pétrole et du gaz. En revanche, le taux des femmes dans ce secteur ne dépasse pas les 28%. 

Les « suffragettes » des énergies renouvelables

Selon les statistiques de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, les hommes représentent 78% de la main d’œuvre dans l’industrie du pétrole et du gaz. En revanche, le taux des femmes dans ce secteur ne dépasse pas 28%. Dans le domaine des énergies renouvelables, la contribution des femmes atteint, selon la même source, 32%. C’est un indice de la persistance de l’exclusion historique  des femmes des domaines vitaux, y compris l’énergie, même si l’apport des femmes dans le renouvelable est meilleur que dans le secteur des énergies traditionnelles ou non propres.

« Le secteur vit aujourd’hui une révolution mondiale, avec de multiples opportunités pour des changements à tous les niveaux » a déclaré Birgit Schwenk, directrice générale de la politique climatique au ministère de l’Economie et du climat. Et d’ajouter : « Le rôle des femmes , moteur de la transformation du secteur de l’énergie, a longtemps été minimisé. Étant donné qu’elles représentent la moitié de la population mondiale et de tous les consommateurs d’énergie… Ignorer  leurs besoins, leurs perspectives et leurs connaissances n’est plus possible. Nous     ne pouvons pas nous permettre de négliger cet énorme potentiel de transformation du système énergétique mondial. Il est nécessaire de supprimer les obstacles qui entravent les perspectives professionnelles des femmes et de faire entendre leur voix. » Autrement dit, donner aux femmes une opportunité de s’exprimer égale à celle des hommes va nécessairement élargir les points de vue et diversifier les décisions concernant l’énergie : des priorités à fixer à la conception des projets. Cette opportunité est la garante de l’équité en ce qui concerne les bienfaits socio- économiques.

Les femmes sont parfaitement en mesure de conduire les sociétés vers   des solutions alternatives dans le domaine des énergies renouvelables. Ce sont,   par exemple, les solutions qu’offrent, entre autres, l’énergie solaire photovoltaïque et les technologies de stockage. Dans ce sens, le rapport 2021 de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables sur le genre, souligne que la présence des femmes dans les métiers des sciences, de la technologie, de l’engineering et des mathématiques est très inférieure à celle enregistrée dans le secteur administratif. L’Agence prévoit l’augmentation des postes de travail dans les énergies renouvelables passant de 10,3 millions en 2017 à environ 29 millions en 2050. La transition continue de l’énergie va créer de nouvelles conceptions des modes de production, de stockage et de distribution de l’énergie. Les politiques doivent rendre ces nouveaux débouchés accessibles aux femmes et aux hommes de façon paritaire. Il en va de même pour la répartition des bienfaits qu’il en résultera, préconise le rapport cité.

Quelques obstacles entravant la participation des femmes au secteur des énergies renouvelables

Les sciences, la technologie, l’engineering et les mathématiques sont décisifs pour le recrutement dans le  secteur des énergies renouvelables. Mais les stéréotypes dominants à propos des capacités scientifiques des femmes réduisent leur occupation dans ce domaine. Cet état de fait est reconnu par les organisations internationales qui soulignent que la diversification des modes de travail dans le secteur des énergies renouvelables et l’équilibre de la  présence des deux sexes contribuera grandement à l’accélération et à la consolidation du combat contre le changement climatique.

La Journée mondiale des femmes de 2022 a été l’occasion pour l’Onu de faire passer un message positif sur leur implication en faveur de la transition climatique. Dans cette optique, l’organisation internationale a réitéré l’idée que l’égalité entre les sexes concoure à diminuer les risques de catastrophes et constitue le plus grand défi du 21ème siècle. D’autant plus que les femmes sont plus exposées que les hommes aux risques générés par les changements climatiques. Cela tient au fait qu’elles forment la majorité  des classes défavorisées dépendantes des ressources naturelles menacées par le réchauffement climatique. En même temps, les femmes et les jeunes filles sont considérées comme de vrais moteurs de changement, en capacité de s’adapter au climat à travers des initiatives durables dans toutes  les parties du monde.

Les femmes qui se sont réunies à Munich le 12 mai 2022 sont plus que  jamais   convaincues   que   le   secteur   des   énergies   renouvelables   est   notre « opportunité pour toutes » d’aller vers un changement positif afin de sauver la vie sur terre… Exactement comme les suffragettes, il y a un siècle, étaient convaincues qu’il fallait lutter pour imposer leur droit à une juste participation politique. Souhaitons que les suffragettes d’aujourd’hui réussissent comme celles d’hier…

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