Funérailles d’Etat et journée de deuil national pour Silvio Berlusconi

Alors que l’Italie s’apprête, ce mercredi 14 juin, à célébrer des funérailles d’Etat pour le Cavaliere, la décision du gouvernement Meloni de décréter une journée de deuil national, et de suspendre les travaux du parlement et du sénat pour 7 jours, fait polémique...

L’hagiographie de Silvio Berlusconi qui tourne en boucle depuis sa mort, survenue ce 12 juin, verse dans une sorte de béatification où la fabrication du mythe et la doxa vont de pair.

En effet, à l'exception de quelques voix -et médias- libres qui sont parvenus à échapper à l'amnésie qui semble s'être abattue sur le pays, il est de bon goût à droite (bien sûr) mais aussi à gauche d'encenser celui qui a gouverné l'Italie sur plus de trois décennies et marqué l'histoire du pays. Rien de tel alors que les archives pour raviver la mémoire collective.

Notre partenaire, le site des cultures et des sociétés méditerranéennes, Babelmed est allé fouiller dans les siennes : frasques sexuelles et sexisme, lois ad personam, conflit d'intérêt... Ce retour, un peu plus de 15 ans en arrière, permet de restituer une certaine vérité sur l'ère Berlusconi (voir les liens ci-dessous).

Et alors que l’Italie s’apprête, ce mercredi 14 juin, à célébrer des funérailles d’Etat pour le Cavaliere, la décision du gouvernement Meloni de décréter une journée de deuil national, et de suspendre les travaux du parlement et du sénat pour 7 jours, fait polémique.

Rarement un chef d’Etat a autant divisé l’opinion publique, expliquent ceux qui s’en indignent, soulignant que des personnalités telles que Aldo Moro ou le juge anti-mafia Giovanni Falcone n’eurent pas un pareil traitement.

Ainsi le recteur Tomaso Montanari a décidé de ne pas mettre le drapeau de l’Université pour étrangers de Sienne en berne : « Berlusconi a certes marqué l'histoire, mais il l'a fait en laissant le monde et l'Italie dans un état bien pire que celui dans lequel il les avait trouvés, a-t-il écrit. De la P2 aux relations avec la mafia via Dell'Utri, du mépris de la justice à la marchandisation de tout (à commencer par le corps des femmes dans ses programmes télévisés), de l’absolution des fascistes au gouvernement au mensonge comme méthode systématique... En cela, et dans bien d'autres domaines, Berlusconi a été l'exact opposé d'un homme d'État, voire l'inversion grotesque du projet de la Constitution.

Dans « Il fatto quotidiano » le journaliste le plus honni de Berlusconi, Marco Travaglio, rappelle que l’ex Premier ministre a eu 36 procédures dont deux encore en cours : le procès «escorte » à Bari pour lequel Silvio Berlusconi est accusé d’avoir payé l'homme d'affaires Gianpaolo Tarantini pour qu’il fasse de fausses déclarations aux procureurs qui enquêtaient sur les prostituées conduites, entre 2008 et 2009, dans ses résidences. L'autre enquête est celle qui a été réouverte par le parquet de Florence, après avoir reçu de Palerme les interceptions des conversations en prison du patron de Cosa nostra Giuseppe Graviano : Silvio Berlusconi et Marcello Dell’Utri ont été mis en examen comme possible instigateurs des massacres mafieux de 1992 et 1993.

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